3) REFLEXION SUR L'ABSENCE DE TOUT FRUIT POSITIF SI L'ON NE PRATIQUE
PAS LE SAINT DHARMA
Cette réflexion est menée dans le but d'induire à
la pratique. Trois points seront évoqués: l'alimentation
et la richesse ne servent à rien, c'est le saint Dharma qu'il faut
pratiquer; les proches et l'entourage ne sont d'aucune utilité,
c'est le saint Dharma qu'il faut pratiquer; la puissance et l'autorité
ne sont rien, c'est le saint Dharma qu'il faut pratiquer.
a) lorsque s'annonce vraiment l'heure de la mort, aucune possession
mondaine de nourriture, de richesse, de bien, etc... aussi auspicieuse
soit-elle, n'est utile:
on ne peut en faire cadeau au maître de la mort pour éviter
celle-ci et on ne peut non plus s'en servir comme d'une rançon.
On ne peut pas non plus les emporter dans l'au-delà, car c'est tout
seul et les mains vides qu'il faudra s'en aller, comme le poil qu'on extrait
du beurre. Le sPyod 'Jug dit:
"Bien que l'on jouisse pendant longtemps des richesses obtenues, un
jour, comme si tout nous avait été dérobé par
un voleur, il faudra s'en aller nu et les mains vides."
Non seulement ces possessions ne nous serviront pas, mais en plus, si
l'on ressent un fort attachement envers elles, elles nous nuiront. Le même
texte dit encore:
"Ainsi l'esprit ignorant s'attache (à des objets) qui, s'il en
est séparé, vont lui causer de grands tourments. Le sage
ne s'y attachera pas car de l'attachement naît la peur."
b) les proches et l'entourage, même en nombre, ne sont d'aucune
utilité à l'heure de la mort:
En effet, ils ne peuvent se battre contre le maître de la mort
pour le forcer à abandonner sa proie. Ils ne peuvent pas non plus
nous recommander à lui pour qu'il nous en exempte. Ils ne peuvent
alléger en le partageant, le fardeau de la souffrance de la mort.
Lorsqu'on s'en va pour le grand voyage, ils ne peuvent nous accompagner
car c'est tout seul qu'il faut partir.
"Bien que tous mes amis et mes proches soient assemblés autour
de ma couche, je suis seul à devoir endurer la sensation du retrait
de la vie. Lorsque les messagers de gShin rJe me saisissent, ni les amis
ni les proches ne peuvent rien. Seul le mérite (de la vertu) pourrait
alors me protéger mais, malheureusement, je ne l'ai pas amassé."
(sPyod 'Jug)
Non seulement ils ne servent à rien, mais, en plus, le poids
des fautes commises en relation avec eux, me suivra et me nuira. Le même
texte dit encore:
"De mon vivant, j'ai vu partir de nombreux proches aimés et d'autres
que je n'aimais pas, mais le poids des fautes que j'ai commises de leur
fait et pour eux, reste peser sur moi."
c) la puissance et l'autorité, de même que tout autre accomplissement
habituellement recherché et apprécié dans ce monde,
ne sont d'aucune utilité.
Par exemple, même le lion, roi des animaux, qui est capable d'écraser
la force de l'éléphant et dont le moindre rugissement terrifie
les petits cervidés qui n'osent plus alors respirer, même
ce symbole de la force voit celle-ci ainsi que sa fierté, s'affaiblir
et disparaître à la venue du maître de la mort qui l'emporte.
"Les lions anéantissent de leurs griffes la majesté des
éléphants dont ils labourent et déchirent le crâne.
De leur violent rugissement, ils terrifient l'esprit des autres êtres;
pourtant, lorsque gShin rJe se présente, ils doivent se coucher,
toute puissance et orgueil anéantis." (sKyes Rabs)
Non seulement puissance et autorité ne sont d'aucune utilité,
mais si, en plus, on en éprouve de la vanité et de l'orgueil,
le fruit de la maturation de ces sentiments nous suivra et continuera de
nous nuire.
"J'ai du bien et beaucoup d'honneurs, beaucoup m'aiment... De telles
pensées vaniteuses vous nuiront après la mort." (sPyod 'Jug)
En résumé, toutes ces conditions ne favorisent que temporairement
la vie, mais lorsque sonne réellement l'heure de la mort, aucune
substance ne peut l'empêcher, ni aucun mantra, ni aucun enchaînement
de conditions favorables, ni aucune autorité ou puissance, ni aucune
force ou courage, aucune richesse, ni la plus droite des conduites, ni
l'habileté dans les discours, ni l'intelligence. La plus grande
vitesse ne permet pas de s'enfuir et la ruse ne peut non plus tromper la
mort. Il est dit dans le sKyes Rabs:
"Une personne habile est capable de tromper des êtres dans une
grande assemblée. Mais aucune ruse quelle qu'elle soit, ne peut
tromper gShin rJe."
C'est ainsi qu'à l'heure de la mort, rien d'autre que le Dharma
ne sert. Il est dit dans le Sutra de l'Enseignement au Roi (rGyal po gSal
rGyal la gDams pa):
"Grand Roi, lorsqu'arrive réellement l'heure de la mort, et que
l'on est transpercé de la lance du maître de la mort, tout
orgueil vous abandonne, on perd tout protecteur, tout refuge, tout proche.
La maladie vous accable, la bouche se dessèche, le teint se défait,
les jambes et les bras tremblent, les lèvres noircissent, les dents
se serrent. On ne peut plus se lever et le souffle devient rauque; on souille
son corps d'urine, d'excréments et de vomissures. Tout docteur,
remède ou nourriture deviennent inutiles. C'est la dernière
fois qu'on est couché dans son lit. Sombrant dans le fleuve de la
roue, les aides de gShin rJe vous terrifient. Le souffle s'interrompt,
la bouche et les narines restent grandes ouvertes. On abandonne ce monde
pour un autre monde, on s'embarque pour un grand changement, on pénètre
dans de grandes ténèbres. On tombe dans un grand précipice,
le grand océan vous secoue, le fleuve du karma vous emporte. Vous
vous dirigez vers une direction où l'on ne peut faire halte, vous
ne pouvez décider du partage de vos richesses. On se lamente: "ô,
mon père, ma mère, mes enfants". Grand Roi, à ce moment
là, rien d'autre que le Dharma ne peut être un protecteur,
un refuge et lui-seul peut vous servir de proche. A ce moment là,
le Dharma devient le protecteur, le refuge, le support, le pays et la seule
famille."
C'est donc dès maintenant qu'il faut s'efforcer à la pratique
du saint Dharma vous permettant de ne pas abandonner le sentiment de l'inéluctabilité
de la mort. Si maintenant, alors que mes sens sont clairs et mon corps
comme mon esprit capables d'action, je ne pratique pas le saint Dharma,
ce n'est pas une fois le corps vieilli, l'esprit obscurci, devenu un cadavre
où seul demeure le souffle, ce n'est pas à l'heure de la
mort que je le pourrai. Comme Khro Phu Lotsawa le dit:
"Ne pas pratiquer le Dharma maintenant mais attendre la vieillesse et
la mort pour le faire, est comme revêtir une armure après
avoir été blessé dans la bataille et se frapper la
poitrine de désespoir."
Si l'on pense que la pratique du Dharma n'empêche pas la mort,
il faut comprendre que la manière de mourir n'est pas la même:
le pratiquant supérieur meurt dans le contentement, le pratiquant
moyen meurt sans crainte et le pratiquant inférieur meurt sans regret.
Il est dit dans le mDo sDe rGyan:
"Comprenant que tous les phénomènes sensibles sont comme
l'illusion et comme la promenade des êtres dans divers jardins, même
dans les temps d'affluence ou de pauvreté, on demeure hors d'atteinte
de la souffrance due aux mauvaises pulsions."
"Mieux vaut donc enfourcher la monture de l'esprit d'éveil qui
dissipe toute tristesse et fatigue et vous conduit de bonheur en bonheur.
Sachant cela, qui se laisserait aller à la paresse?" (sPyod 'Jug)
Lorsque meurt une personne qui n'a pas pratiqué le Dharma, elle
commence par regretter les fautes commises et de ne pas avoir pratiqué
le Dharma, ensuite elle souffre de la destruction de ses fonctions vitales
et finalement, elle meurt terrifiée par le maître de la mort.
Le même texte dit:
"Celui qu'on emmène aujourd'hui pour lui couper les membres,
est terrifié, la bouche desséchée et les yeux mornes,
les traits changés. Est-il besoin de dire ce que l'on ressent lorsque,
saisi par les terrifiants messagers de gShin rJe, la terreur vous emporte
et vous affole?"
Comment réfléchir à tout cela? Hélas, la
mort va venir, mais j'en ignore le moment. Seul le Dharma pourra m'être
utile à cette heure. Pourtant, je n'ai fait qu'aspirer à
des fins mondaines et me suis laissé distraire par les actes inutiles
de ce monde. Tenant pour essentielles des choses dépourvues de tout
fondement, je ne me suis jamais soucié du moindre Dharma prenant
la mort pour préoccupation. Hélas, comment ferai-je à
l'heure de la mort?"
Il faut ainsi méditer jusqu'à ce que naisse un violent
renoncement et détachement ne permettant plus de supporter la situation
existante. "Jusqu'à maintenant, je me suis laissé dominé
par les préoccupations de cette vie; si du fond du coeur, je ne
me mets pas de suite à la pratique du saint Dharma, alors, comme
quelqu'un revenant les mains vides d'un endroit empli de pierres précieuses,
ce serait la plus grande erreur que je pourrais jamais commettre. Il me
faut absolument me mettre à la pratique du Dharma qui ne me faillira
pas à l'heure de la mort. Je ne dois pas prendre de retard dans
cette tâche, ni ne me laisser aller à la paresse. C'est dès
maintenant que je dois commencer, et rapidement. Il me faut y mettre la
même hâte que j'emploierais à éteindre un feu
qui aurait pris à mes cheveux ou à mes vêtements. A
l'heure de la mort, aucune nourriture, aucune richesse ni aucune possession
de cette vie, de même qu'aucun ami ni aucun proche, ne pourront m'être
utiles. Je dois donc rejeter, comme on rejette un crachat, tout souci d'accumuler
ou de garder de telles choses. Mettant toute ma confiance dans le Lama
et les trois joyaux, je ne me consacrerai plus qu'à la pratique
du Dharma. Puissent le Lama et les trois joyaux qui savent, faire qu'elle
imprègne mon esprit.
Il faut ainsi poursuivre cette réflexion jusqu'à ce que
sa vérité soit ressentie jusqu'au plus profond de soi, et
prier en aspirant fortement (à la réalisation de ces souhaits).
Dans les intervalles entre sessions, il faut maintenir sans cesse sa
vigilance en pensant que la mort est inéluctable, qu'on en ignore
la date et l'heure et que rien d'autre que le Dharma ne pourra nous servir
à ce moment. Autrement, chaque fois que l'on voit ou entend parler
de la mort d'autrui, et chaque fois que l'on voit le cadavre ou les ossements
d'un animal, il faut penser que le même sort nous attend et que nul
ne peut y échapper. On se détachera ainsi des préoccupations
de cette vie. Chaque fois que naît une pensée mondaine, il
faut l'observer avec vigilance et retrouver une meilleure disposition mentale.
Il faut aussi éviter la compagnie de mauvais amis entièrement
occupés par les désirs de cette vie, et savoir se contenter
des circonstances favorables temporaires qui se présentent sous
forme de nourriture, de vêtements ou autres. Toute pratique sera
précédée de la pensée de l'impermanence qui
nous stimulera. Toute pratique d'étude, de réflexion et de
méditation accomplie sous le crochet de cette pensée de l'impermanence,
permettra d'avancer dans le Dharma et de réussir rapidement. Ceux
qui désirent la libération la garderont sans cesse à
l'esprit.
III- INSTRUCTION SUR LES ACTES VERTUEUX ET NON VERTUEUX AVEC LEURS
FRUITS RESPECTIFS AFIN DE CLARIFIER LA CONDUITE A TENIR OU A REJETER
Le Traité l'évoque par les mots "vision impure". En effet,
on comprend que tout ce qui dans une vision impure, est perçu comme
bonheur ou souffrance, ne provient que des actions vertueuses ou non-vertueuses.
La vision impure comporte deux aspects: la vision illusoire et la vision
karmique. La vision illusoire est la vision dualiste de la perception d'un
sujet et d'un objet, alors que rien de tel n'existe. La vision karmique
est un aspect de la vision illusoire: elle consiste dans la perception
de divers bonheurs et souffrances tels qu'une vie courte ou longue, la
richesse ou la pauvreté, etc...., parce que ces perceptions sont
le fruit de divers actes vertueux et non-vertueux.
Comment le démontrer? Certains pourraient penser que puisqu'au
moment de mourir, aucun bonheur ou souffrance de ce monde, ni aucun proche,
ami, ou aucun de nos biens, ne nous suivront, les résultats de nos
actes vertueux et non-vertueux ne nous suivront sans doute pas non plus.
Ce raisonnement est erroné. Il est dit dans le Sutra de l'Instruction
au Roi:
"O Roi, lorsque sous la pression du temps qui passe, s'approche la mort,
ni vos richesses, ni vos amis, ni vos proches ne vous suivront. Par contre,
les actes (commis) suivent la personne qui meurt, partout où elle
va, comme son ombre."
"Les actes ne mûrissent pas dans la terre, ils ne mûrissent
pas dans la pierre; ils ne mûrissent que dans les agrégats
dont se saisit (le futur être)." (Sutra de Mdo sDe Las brGya pa ou
Karma Sataka)
Ainsi, les actes que l'on a commis ne restent pas derrière soi,
ils ne suivent pas d'autres êtres, ils ne disparaissent pas. Comme
l'oiseau que son ombre suit même lorsqu'il s'envole dans le ciel,
les actes suivent leur auteur et ils ne se dissolvent pas même durant
un éon ou plus.
"Les actes commis par les êtres en possession d'un corps, ne s'épuisent
pas même au terme de cent éons. Le moment et les conditions
venus, ils produisent un fruit." ('Dul ba Lung ou Vinayagama)
La réflexion à ce sujet sera conduite par l'examen des
trois points suivants: premièrement, produire le désir de
rejeter la non-vertu par l'examen des fruits qu'elle engendre; deuxièmement,
produire le désir de pratiquer la vertu par l'examen des fruits
qu'elle engendre; troisièmement, transformer les actes neutres en
vertus.
A- PRODUIRE LE DESIR DE REJETER LA NON-VERTU PAR L'EXAMEN DES FRUITS
QU'ELLE ENGENDRE
Trois points sont à considérer, les actes de non-vertu
eux-mêmes, leurs fruits et comment les éviter.
1) Les actes non vertueux
"Les actes produits par le désir, la haine-agressivité
et l'ignorance sont des non-vertus." (Rin Chen Phreng ba)
Il s'agit de tous les actes des trois portes (corps, parole et esprit)
commis sous l'emprise de l'attachement à soi-même et à
son propre clan, de l'hostilité envers autrui et enfin, de l'ignorance
envers la loi des actes et de leurs fruits. De même que toutes les
feuilles, les fleurs et les fruits issus d'une racine empoisonnée,
le sont aussi, de même tous les actes commis sous l'emprise de ces
trois pulsions, sont des non-vertus. Si l'on veut en établir la
classification, il y a les actes du corps qui sont l'acte de tuer, celui
de prendre ce qui n'a pas été donné et l'inconduite
sexuelle. Les actes de la parole sont au nombre de quatre: le mensonge,
la calomnie, le langage fait pour blesser et le vain bavardage. Les actes
de l'esprit sont au nombre de trois: l'envie, la méchanceté
et les vues fausses. En tout, il y a dix actes non-vertueux.
L'acte de tuer consiste à soi-même supprimer ou induire
autrui à supprimer la vie d'un autre être vivant, par le poison,
le feu, les armes ou tout autre moyen.
Prendre ce qui n'a pas été donné consiste à
s'approprier par la force ou la ruse, tout objet grand ou petit appartenant
à autrui.
L'inconduite sexuelle consiste à avoir des relations avec une
femme appartenant à autrui. Même s'il s'agit de sa propre
femme, l'inconduite sexuelle consiste dans les relations avec un objet
inapproprié tel qu'une parente proche jusqu'à sept degrés,
les relations à un moment inapproprié tel que lors de la
grossesse ou lors de la prise des voeux d'abstinence, dans un endroit inapproprié
tel qu'un temple ou au vu de ses propres parents, par un orifice inapproprié
tel que la bouche ou l'anus, etc...
Ainsi les textes décrivent-ils l'acte de tuer comme l'acte volontaire
commis par soi-même ou par un autre qu'on a induit à agir
ainsi; prendre ce qui n'a pas été donné est s'approprier
soi-même la richesse d'autrui, par la force ou la ruse; l'inconduite
sexuelle est de prendre la femme d'autrui ou bien d'avoir des relations
avec un objet, à un moment, dans un lieu et par un orifice inappropriés.
Le mensonge est l'énoncé volontaire de paroles fausses
dans le but de tromper autrui.
La calomnie est l'énoncé de diverses paroles mauvaises,
fausses ou vraies, dans le désir de créer des dissensions
entre les gens, qu'ils soient ou non en harmonie les uns avec les autres.
Le langage blessant est l'énoncé de paroles dont le sens
vise à blesser autrui.
Le vain bavardage consiste dans les discours concernant l'écoute
ou la réflexion sur de mauvaises histoires; il s'agit aussi de toutes
les paroles de mauvaise inspiration, telles que les paroles de dénigrement,
les chansons, les ballets, les histoires politiques, militaires ou sexuelles.
Ainsi, les écritures décrivent-elles le mensonge comme
le fait de prononcer volontairement des paroles fausses dans le but de
tromper autrui; la calomnie est l'énoncé de paroles dictées
par les mauvaises pulsions, afin de séparer les gens; le langage
blessant est désagréable, il vise à toucher et blesser
autrui; le vain bavardage consiste à rapporter de mauvaises histoires;
il s'agit aussi de tous les discours inspirés par les mauvaises
pulsions, consistant dans le dénigrement, les commentaires sur les
chansons et ballets, etc...
L'envie est le désir de s'approprier ce qui appartient à
autrui.
La méchanceté est l'esprit dominé par le mal, qui
désire nuire à autrui.
Les vues fausses sont le fait de ne pas croire à la vérité
des trois joyaux et de la loi du karma, etc...
Ainsi les textes décrivent-ils l'envie ou convoitise comme le
désir de s'approprier ce qui appartient à autrui; la méchanceté
est un esprit dominé par le mal et qui cherche à nuire à
autrui; les vues fausses consistent dans le fait de ne pas croire aux trois
joyaux et à la loi de rétribution des actes.
2) Comment réfléchir aux fruits de ces actes?
"Des non-vertus naissent la souffrance et tous les mauvais états
d'existence." (Rin Chen Phreng ba)
Chacun des actes de non-vertu porte un fruit de la maturation, un fruit
en accord avec sa cause, et un fruit de la propriété.
a) Le fruit de la maturation
Ce fruit commun à toutes ces non-vertus est la souffrance des
trois mauvais états d'existence, comme le dit le Rin Chen Phreng
ba. Si on les détaille en fonction de la motivation guidant l'acte,
les actes commis sous l'emprise de la haine-agressivité conduisent
aux enfers; sous l'emprise du désir-attachement, ils conduisent
aux Prétas; sous l'emprise de l'ignorance, ils conduisent aux animaux.
Le même texte dit encore:
"La haine-agressivité conduit aux enfers, l'attachement conduit
chez les Prétas, et l'ignorance conduit habituellement chez les
animaux."
Si on les détaille en fonction de leur essence, si on commet
ces dix non-vertus de façon intensive, les enfers nous attendent;
de manière moyenne, ce sont les Prétas et de manière
limitée, les animaux.
b) Le fruit en accord avec sa cause est double:
Il y a le fruit en accord avec sa cause, en tant qu'expérience
et le fruit en accord avec sa cause en tant que tendance à la reproduire.
En ce qui concerne le fruit en accord avec sa cause en tant qu'expérience,
il apparaît à celui qui devra plus tard endurer les souffrances
des trois mauvais états d'existence en tant que fruit de la maturation,
de même qu'à celui qui, les ayant déjà endurées,
renaît maintenant au sein des états supérieurs. Celui
qui a tué aura une vie courte et pleine de maladies, même
s'il a obtenu une renaissance dans un état supérieur. Celui
qui a volé souffrira de la pauvreté et de l'impuissance à
jouir du peu qu'il a. Celui qui a eu une mauvaise conduite sexuelle aura
beaucoup d'ennemis et une épouse infidèle et peu accommodante.
Celui qui a menti aura beaucoup de diffamateurs, on lui parlera durement
et les autres parviendront aisément à le tromper. Celui qui
a calomnié aura peu d'amis et de proches, et le peu qu'il aura se
détachera facilement de lui. Celui qui a usé d'un langage
blessant devra supporter des discours déplaisants et verra toutes
ses paroles devenir cause de querelle. Celui qui a abusé du vain
bavardage ne sera pas cru par autrui, même lorsqu'il parlera la vérité.
Le résultat de l'envie sera que l'esprit ne pourra pas satisfaire
ses désirs et qu'il ne saura s'en contenter au cas où il
les satisferait. Le résultat de la méchanceté sera
un esprit de crainte constante et la peur qu'autrui vous nuise. Des vues
fausses produiront la rencontre avec de mauvaises vues et donneront une
faible capacité de sagesse, ou bien même une sagesse erronée.
Le Rin Chen Phreng ba dit:
"Tuer produit une vie courte, voler produit la pauvreté, l'inconduite
sexuelle amène de nombreux ennemis, le mensonge apporte de nombreux
diffamateurs; la calomnie provoque la séparation d'avec les êtres
aimés; le langage blessant oblige à supporter des discours
déplaisants; parler à tort et à travers donnera une
parole qui ne sera pas respectée; l'envie empêchera la réalisation
des désirs, la méchanceté engendrera la peur et les
vues fausses produiront encore de mauvaises vues."
Le fruit en accord avec sa cause en tant que tendance à la reproduire
se décrit ainsi: après avoir commis des actes non-vertueux,
et sous la force de l'habitude ainsi créée, on prend naturellement
plaisir à renouveler de tels actes dans toutes ses existences ultérieures.
Par exemple, celui qui, maintenant, aime tuer, obtiendra le résultat
en accord avec sa cause d'une tendance à l'habitude de tuer d'autres
êtres dans de nombreuses existences. Et les mêmes résultats
correspondants découleront des autres actes.
c) Quant au fruit de la propriété, il est dit qu'il mûrit
et porte ses fruits dans le monde extérieur où l'on naît
et l'on vit.
Il est dit dans le Rin Chen Phreng ba:
"L'environnement est peu majestueux, avec de fortes tempêtes de
grêle, de poussière, des mauvaises odeurs, de fortes dénivellations
de terrain, une terre salée, une inversion des saisons, des fruits
minuscules, ou amers ou pas de fruits du tout."
Expliquons ces résultats: tuer produit un environnement sans
beauté; prendre ce qui n'a pas été donné produit
un environnement sujet à la grêle et au gel; l'inconduite
sexuelle produit des tempêtes de poussière; le mensonge produit
une terre sale et malodorante; la calomnie produit une terre aux fortes
dénivellations de terrain; le langage blessant produit une terre
salée; le vain bavardage produit un changement et une inversion
des saisons; l'envie produit (une terre ne portant que) des fruits minuscules;
la méchanceté produit des fruits au goût amer, tandis
que les vues fausses produisent (une terre) sans aucun fruit. Ainsi, ceux
qui demeurent dans de tels endroits comprendront qu'il s'agit là
du fruit de la propriété produit par leurs actes non-vertueux.
"Bien que celui qui commette de telles fautes, désire le bonheur,
où qu'il aille, il lui faudra supporter la souffrance de ses fautes
marquant (son environnement)." (sPyod 'Jug)
quinta-feira, 26 de julho de 2012
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