IV- LES BIENFAITS DE LA PRISE DE REFUGE
On décrit ces bienfaits comme étant illimités.
Entre autres avantages, le refuge est la source assurant la naissance des
voeux reliés aux étapes suivantes de la voie.
"Si le mérite tiré de la pratique du refuge avait une
forme visible, les espaces célestes seraient un récipient
trop petit pour la contenir." (Sutra)
On se réjouira donc de la manière suivante: "En bref,
dans tous les mondes des dieux, impossible de rien trouver qui soit de
plus puissants et éminents protecteurs que le sont ces trois joyaux.
A partir d'aujourd'hui, j'ai trouvé là les plus excellents
des protecteurs."
V- LES REGLES DU REFUGE
"Dans le seul but de favoriser la réalisation de leurs objectifs
terrestres, les êtres mondains doivent s'abstenir d'aller contre
les désirs ou les lois des puissants. De plus, il leur faut, bien
souvent, s'attirer leurs bonnes grâces. Moi qui aspire à la
réalisation de l'éveil ultime, il est essentiel que je m'abstienne
donc d'enfreindre les commandements des trois joyaux qui en sont les maîtres."
Les règles communes à l'ensemble des trois joyaux sont
la nécessité de fréquenter de saintes personnes, et
autres actions bénéfiques... S'agissant des règles
particulières qui concernent le Bouddha, prendre refuge dans les
Bouddhas implique de ne plus se prosterner devant des déités
profanes mondaines. Prendre refuge dans le Dharma implique de renoncer
à nuire aux êtres vivants. Prendre refuge dans la Communauté
demande de renoncer à fréquenter des amis adeptes de mauvaises
doctrines. En outre, il convient de ne jamais abandonner le Dharma, même
pour sauver sa propre vie, et moins encore contre la promesse d'une récompense.
Que maladies ou peines surviennent, il convient de ne jamais tourner le
dos aux refuges.
Au lever comme au coucher, on se prosternera devant les supports des
trois joyaux. Lors des repas, on se conformera aux paroles du maître
Atisha:
"Divisez la nourriture en quatre parts; la première part -la
plus pure- sera offerte aux déités, puis on offrira des gâteaux
rituels en abondance aux Protecteurs du Dharma. On prendra ensuite soi-même
sa part de nourriture et de boisson. Ce qui restera sera enfin offert à
tous les esprits élémentaux."
En procédant de la sorte, on offrira donc une part de nourriture
aux Lamas, Yidams, trois joyaux, Protecteurs du Dharma et divinités
de richesse. Afin de respecter les paroles du Bouddha, on présentera
également une part à la démonesse Throma ('Phrogma
appartient à la catégorie des Yakshas) et à ses enfants,
ainsi qu'aux esprits ayant droit aux offrandes.
"Ce corps humain doit être utilisé au mieux". (sPyod 'Jug)
Se nourrissant de façon modérée et en accord avec
le Dharma, prendra la résolution de consacrer en toutes circonstances
son corps à la vertu. Le restant de nourriture sera offert aux esprits
y ayant droit.
Le texte du sPyod 'Jug conseille:
"La nourriture sera offerte aux affamés, à ceux qui sont
privés de protection ainsi qu'à ceux qui pratiquent les austérités."
Ayant ainsi agi, il y aura lieu de dédier la vertu recueillie
en formulant le voeu qu'elle soit la fontaine de bienfaits immédiats
et de bonheur ultime pour tous. Tout en s'entraînant de cette façon,
même dans les plus petits détails, on s'efforcera de toujours
placer sa confiance dans les trois joyaux sans jamais douter un seul instant
de la réussite. En effet, de par sa connaissance transcendante,
le Bouddha connaît toutes les voies s'accordant aux différents
tempéraments des êtres. Il possède la compassion qui
permet de les éloigner du mal et de les établir au contraire
dans la bonne voie. Il possède également le pouvoir suprême
dû à son accumulation du mérite et de la sagesse transcendante
ainsi que la force de son voeu pour le bonheur des êtres. Il est
donc à même de protéger ceux qui obéissent à
ses commandements.
"Si par le passé, je ne suis pas parvenu à me libérer
du Samsara, c'est parce que j'ai manqué de foi envers les trois
joyaux et que je n'ai pas suivi leurs commandements. Ceci n'est pas imputable
à un manque de compassion de leur part."
"De même qu'une semence gâtée ne produira rien même
si le roi des dieux faisait tomber la pluie en abondance, de même
les infortunés n'ayant pas amassé le mérite nécessaire
ne ressentiront rien de bon à la venue du Bouddha". (mNgon rTogs
rGyan)
"Si, dès aujourd'hui, on ne s'applique pas avec la plus grande
persévérance (à la vertu), on tombera de plus en plus
bas. Bien que d'innombrables Bouddhas se soient manifestés pour
accomplir le bien des êtres, je n'ai pas su profiter de leur oeuvre
de salut à cause de mes fautes". (sPyod 'Jug)
En bref, il est fort incertain que je puisse parvenir à la réalisation
de mes espoirs de par mes seuls efforts ou ma seule astuce qui ne s'appuieraient
pas sur la confiance dans les trois joyaux. Quand bien même y parviendrais-je
pour un temps, la réussite ne peut en être assurée
définitivement. Il est donc essentiel de s'en remettre aux trois
joyaux avec la plus grande confiance.
L'ENSEIGNEMENT PRINCIPAL
Afin de mettre l'enseignement principal en pratique, trois points seront
évoqués: les instructions concernant la vision impure en
vue de produire le renoncement au monde, les instructions concernant la
vision de l'expérience en vue de produire de nobles aspirations
et enfin les instructions sur la vision pure permettant le développement
d'une grande joie.
CHAPITRE I
LES INSTRUCTIONS CONCERNANT LA VISION IMPURE AFIN DE PRODUIRE LE RENONCEMENT
AU MONDE
Ces instructions se divisent en trois parties: la première instruit
des maux liés au Samsara afin de produire le renoncement, la seconde,
en vue de produire l'effort nécessaire, insiste sur la difficulté
d'obtenir un corps muni de toutes les conditions favorables à la
pratique, et la troisième partie traite de la loi de rétribution
des actes mauvais ou vertueux, afin d'éclairer la conduite à
suivre.
I- LES INSTRUCTIONS CONCERNANT LES MAUX LIÉS AU SAMSARA, AFIN
DE PRODUIRE LE RENONCEMENT
Le Traité (Traité Racine de Birwapa) fait référence
"aux êtres vivants" dans la souffrance.
En effet, si on examine la nature des êtres vivants, on comprend
que nul n'échappe à la souffrance. Ceux qui désirent
cependant échapper définitivement à la souffrance
et parvenir à l'Au-delà de la Souffrance, (traduction littérale
du terme Nirvana) doivent d'abord rejeter tout désir du Samsara.
Afin d'y réussir, ils doivent être convaincus des maux liés
au Samsara. Ils doivent comprendre, grâce à l'enseignement
de leur saint Lama, que tout ce qui est du domaine du Samsara est de la
nature de la souffrance.
Djetsune Rinpoché (Trapa Djialtsène, rJe bTsun Rin po
che Grags pa rGyal mTshan) enseigne cette vérité dans ses
chants:
"Afin de réaliser le Nirvana, il faut s'efforcer de rejeter tout
désir à l'égard des trois sphères. Pour rejeter
tout désir envers les trois sphères, il faut s'efforcer de
réfléchir aux maux liés au Samsara."
"La sphère du désir est imparfaite, la sphère de
la forme aussi est imparfaite et également imparfaite est la sphère
du sans-forme. Seul le Nirvana est dépourvu de défauts."
(Sutra)
"Il n'y a pas de bonheur au royaume des cinq états d'existence,
de même qu'un objet sale ne peut sentir bon. La souffrance y est
partout tout comme elle est présente dans le contact avec le feu,
les armes ou l'ingrédient dit "sel chinois". (le maître mGon
po Byams pa)
Si l'on s'interroge sur la souffrance, les défauts et les maux
que l'on rencontre dans le Samsara, le Sutra Dran pa Nyer gZhag (Smrytupasthana
Sutra) en donne cette description:
"Dans les enfers, les êtres subissent le feu des enfers, les Prétas
subissent les affres de la faim et de la soif, les animaux s'entredévorent,
les humains peinent à assurer leur subsistance et les dieux se perdent
dans l'insouciance. Il n'y a pas même la valeur d'une pointe d'aiguille
de bonheur dans le Samsara."
Dans la réflexion sur toutes ces souffrances, il convient de
produire du chagrin à l'évocation de la souffrance des souffrances,
puis, à l'énoncé de la souffrance du changement, il
faut rejeter l'attachement et enfin il faut produire le désir de
la libération à l'évocation de la souffrance des productions
mentales.
A- LA SOUFFRANCE DES SOUFFRANCES
Djétsune Rinpoché enseigne dans ses Chants:
"La souffrance des souffrances est celle qu'on ressent dans les trois
plus mauvais états d'existence. L'évoquer dans ses détails
donne la chair de poule. Si elle venait à tomber sur moi, il serait
impossible de la soutenir. Quelle misère que ceux qui ne s'appliquent
pas à la vertu et dont les actes, au contraire, ne préparent
qu'aux mauvais états de renaissance."
"La souffrance des souffrances est celle que l'on trouve dans les trois
mauvais états; elle ressemble à celle qu'éprouve le
lépreux lorsque sa chair se met à bourgeonner sur une plaie
existante. A y réfléchir, comment la supporter? Pensez-y
et abstenez vous de tout acte contraire à la vertu." (Réponse
à Pra sTon)
Afin d'examiner en détail cette souffrance, nous allons évoquer
celle des enfers, puis celle des Prétas et enfin celle des animaux.
1) LA SOUFFRANCE DES ENFERS
Elle est de trois sortes, celle qui affecte les enfers froids, celle
des enfers chauds et enfin, celle des enfers dits avoisinants et autres.
a) Les Enfers Froids
Ils sont au nombre de huit qui se nomment: Enfer de la Chair Bourgeonnante,
Enfer de la Chair Bourgeonnante qui Crevasse, Enfer Grelottant, Enfer des
Lamentations, Enfer des Claquements de Dents, Enfer de la Fleur Oupala,
Enfer de la Fleur de Lotus et Enfer de la Fleur de Lotus qui se Crevasse
Entièrement.
L'Enfer de la chair bourgeonnante
Cet enfer se trouve être un lieu ceinturé d'une guirlande
de montagnes neigeuses. Le sol est une grande plaine de glace où
tourbillonne une tempête incessante de flocons de neige qui vous
transpercent de froid. L'endroit n'est pas même éclairé
de la lueur des étoiles et on n'y a pas le moindre morceau d'étoffe
permettant de se réchauffer. Le damné que ses actes passés
destinent à ce lieu, y naît tout seul spontanément
d'une naissance miraculeuse, avec un corps de taille pleinement développée.
Sous l'effet de la sensation du froid qu'il y subit, sa chair se met à
bourgeonner d'une infinité de cloques.
L'Enfer de la chair bourgeonnante qui crevasse
Ici, la sensation de froid est vingt fois plus intense que dans l'enfer
précédent. Toutes les cloques crèvent en laissant
s'écouler du sang et de la lymphe qui gèlent instantanément.
L'Enfer grelottant
Cet enfer est si froid qu'on y grelotte et y gémit constamment.
L'Enfer des lamentations
La sensation de froid étant encore plus intense que dans l'enfer
précédent, on s'y lamente sans cesse.
L'Enfer des claquements de dents
Le froid encore plus vif provoque un claquement des dents incessant
et le corps se rigidifie.
L'Enfer où la chair crevasse comme une fleur Oupala
C'est un enfer où le froid encore plus vif fait bleuir la peau
et la fait se crevasser.
L'Enfer où la chair crevasse comme une fleur de lotus
Ici, le froid encore plus vif fait que la peau se trouve emportée
en lambeaux par la tempête de neige et le damné se retrouve
tout rouge, la peau à vif qui continue pourtant à se crevasser.
L'Enfer où la chair crevasse entièrement comme une fleur
de lotus
Dans cet enfer, le corps subit les mêmes épreuves que précédemment
avant de se crevasser en cent et mille morceaux. Les organes internes sont
mis à vif et se crevassent également.
Le maître Tsandra Gomi s'exprime à ce sujet:
"Un vent sans égal vous transperce jusqu'à l'os; tout
le corps tremble et la peau s'en va en lambeaux. Des centaines de cloques
qui crèvent, apparaissent des êtres qui vous transpercent
de leurs armes et font couler votre sang et votre lymphe."
Quelle est la durée de vie dans ces enfers?
"La durée de vie dans l'Enfer de la chair bourgeonnante équivaut
au temps qui serait nécessaire pour vider une barrique pleine de
sésame en en retirant un grain tous les cent ans. Chaque enfer dure
ensuite vingt fois de plus que l'immédiatement précédent."
(mDzod ou Abhidharma Kosha)
Il faut préciser ici que la barrique de sésame en question
est le récipient contenant quatre-vingt mesures (ou Khal) de sésame
de la variété dite Bre bo en usage au pays de Magadha. Le
temps passé à la vider en extrayant un grain de sésame
une fois toutes les cent années humaines, équivaut à
la durée de vie dans l'Enfer de la Chair Bourgeonnante. Chacun des
sept enfers suivants dure vingt fois plus longtemps que le précédent.
Ainsi l'Enfer de la Chair Bourgeonnante qui Crevasse équivaut à
la durée de vingt fois l'Enfer de la Chair Bourgeonnante. Par rapport
au premier de ces huit enfers, l'Enfer Grelottant dure quatre cent fois
plus longtemps, l'Enfer des Lamentations dure huit mille fois plus, l'Enfer
des Claquements de Dents dure cent soixante mille fois plus longtemps,
l'Enfer de la Fleur Oupala dure trois million deux cent mille fois plus,
l'Enfer de la Fleur de Lotus dure soixante quatre millions de fois plus
et l'Enfer de la Fleur de Lotus qui Crevasse Entièrement dure un
milliard deux cent quatre-vingt millions de fois plus longtemps. Cette
estimation de la durée de ces enfers n'est qu'approximative. Si
on la calculait avec plus de précision, on obtiendrait des durées
encore bien supérieures, car il est dit dans un Sutra:
"Si par exemple, moines, on emplissait à ras bord une barrique
du Magadha pouvant contenir quatre-vingt mesures de sésame et qu'on
en extrayait ensuite un seul grain tous les cent ans afin de la vider,
le temps total passé à cette tâche est relativement
court. Je ne saurais dire que la durée de vie dans l'Enfer de la
Chair Bourgeonnante est aussi courte. "
Le Sutra poursuit ensuite en annonçant que chacun des enfers
dure vingt fois plus longtemps que le précédent.
Comment mener la réflexion sur ce sujet? Il faut d'abord prier
sincèrement les refuges en préliminaire, puis songer ainsi:
"Hélas, depuis un temps immémorial jusqu'à maintenant,
j'ai erré dans toutes sortes de renaissances au sein de la roue.
J'ai sans cesse dû affronter le cours incessant de la souffrance.
Ce serait supportable si je pouvais me dire que les souffrances subies
appartiennent désormais au passé et qu'à présent,
plus la moindre d'entre elles ne m'affectera. Malheureusement, et ce jusqu'à
ce que l'illusion d'un sujet et d'un objet ne se dissipe, je devrai renaître
contre mon gré, dans les six états d'existence où
je serai de nouveau en proie à toutes sortes de sensations douloureuses.
Que faire alors? Que ferais-je donc si demain matin, je devais renaître
dans ces enfers froids dont on vient tout juste de décrire l'apparence,
les conditions et la durée?"
Se remémorant dans leur détail les conditions de vie dans
ces enfers, il faudra ainsi poursuivre la réflexion:
"Moi qui maintenant sous cette forme humaine, ne puis même pas
un seul jour, supporter la plus petite sensation de froid, comment donc
pourrais-je soutenir la souffrance de ces enfers froids si elle devait
tomber sur moi? Je ne puis aucunement être certain qu'une telle douleur
ne sera pas mon lot. Tous les jours et plusieurs fois par jour, je tombe
sous l'emprise de la colère et de l'agressivité qui sont
les causes d'une telle renaissance. Si une telle souffrance m'échoit
et que je ne puis la supporter, que va-t-il se passer? La seule chose à
faire pour éviter une telle situation est de me mettre dès
maintenant à la pratique d'un saint Dharma authentique, antidote
à la souffrance."
Réfléchissez-donc ainsi dans la profondeur de votre coeur.
Le Dharma qu'il convient de pratiquer n'est pas n'importe quoi de votre
fabrication, il doit être en accord avec la doctrine des Victorieux
et doit provenir d'une lignée de transmission ininterrompue. Vous
penserez:
"J'ai maintenant la chance insigne de pouvoir mettre en pratique ce
précieux enseignement du Lamdré, et il me faut absolument
y parvenir. Puissent l'omniscient Lama et les trois joyaux m'y aider!"
Si on le souhaite, on peut réciter les trois stances de la prière
des refuges (voir plus haut le paragraphe concernant la manière
de prendre refuge) commençant par les mots "bLama mChog Dang...."
En toutes circonstances, il convient d'agir conformément au Dharma,
comme le conseille la Précieuse Guirlande (Rinchen Phreng ba):
"Abstenez-vous d'alcool, adoptez de bons moyens d'existence, ne faites
de mal à personne, offrez des dons avec humilité, ayez du
respect envers les meilleurs (Bouddhas et Bodhisattvas), et ayez toujours
de l'amour envers les inférieurs. Voici en bref ce qu'est le Dharma."
Parce que le bienfait tiré du seul désir de pratiquer
le Dharma dès maintenant, est immense, il est bon de le dédier
pour le bénéfice de tous les êtres vivants. En toute
circonstance et grâce à une vigilance sans faille, il faut
cultiver un fort renoncement à la roue de l'existence et adopter
un comportement conforme au Dharma.
b) Les Enfers Chauds
"Le Retour à la Vie, les Lignes Noires, l'Ecrasement, les Hurlements,
les Grands Hurlements, l'Enfer Brûlant, l'Enfer Extrêmement
Brûlant et l'Infinie Souffrance."
terça-feira, 24 de julho de 2012
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