c) L'entraînement à ce comportement:
Ce point comporte lui-même trois étapes: l'entraînement
à la conduite générale d'un Bodhisattva, l'entraînement
dans les six Vertus Parfaites (Paramitas) afin de mûrir soi-même,
et l'entraînement dans les quatre étapes du rassemblement,
afin de faire mûrir autrui.
- L'entraînement à la conduite générale d'un
Bodhisattva:
"Afin de réaliser le bien de tous les êtres vivants, je
donne sans regret mon corps, mes possessions et toutes mes vertus accumulées
au cours des trois temps (passé, présent et futur). Ce faisant,
je transcende la souffrance et mon esprit atteint le Nirvana (Au-delà
de la Souffrance). Puisqu'il faudra tout abandonner un jour, il est préférable
de le faire (dès maintenant) pour le profit des êtres vivants."
(sPyod 'Jug)
Selon ce conseil, on développe le désir de donner à
tous les êtres vivants qui ont été mes parents, mon
corps, mes richesses et toutes les vertus que j'ai pu accumuler au cours
des trois temps. En même temps je pense: "Grâce à ce
don, puisse chacun de ces êtres obtenir l'inépuisable jouissance
des richesses qu'il désire." Je dois aussi m'efforcer réellement
à faire le bonheur d'autrui et à le soulager de la souffrance,
dans la limite de mes capacités et utiliser ce que je possède
pour le bien d'autrui.
Au début, je m'entraînerai à des dons modestes,
puis peu à peu leur importance grandira. Ce faisant, progressivement
sous la force de l'habitude acquise, je deviendrai capable de renoncer
à mon fils, à ma femme, à mon corps ou à ma
vie, etc...
"Au début, notre guide prescrit le don de légumes ou
autres. En s'accoutumant à cette pratique, plus tard, on devient
peu à peu capable de donner même sa propre chair. En effet,
si l'esprit en vient à considérer le corps à l'instar
d'un légume, quel problème alors que de donner sa propre
chair?" (sPyod 'Jug)
- L'entraînement dans les six Paramitas, afin de développer
sa propre maturité spirituelle:
Ce développement comporte lui-même trois points: les caractéristiques
des six Paramitas, la manière de les accomplir et les bienfaits
de cette pratique.
Les caractéristiques des six Paramitas:
la caractéristique définissant la Perfection du don est
le don à autrui de tous les objets que l'on possède, qui
est un moyen pour parvenir au-delà des rives de l'existence et de
l'extinction (c'est à dire à la libération).
Il convient de décrire de manière analogue, chacune des
cinq Paramitas suivantes.
La discipline éthique est le rejet des fautes qui nuisent à
autrui, et c'est un moyen pour parvenir au-delà des rives de l'existence
et de l'extinction.
La patience est la faculté de garder un esprit non affecté
par le mal que lui fait autrui, et ceci est un moyen pour parvenir au-delà
des rives de l'existence et de l'extinction.
La diligence est un esprit réjoui par la vertu, moyen pour parvenir
au-delà des rives de l'existence et de l'extinction.
La méditation est la ferme concentration sur le seul point de
la visualisation de vertu, moyen pour parvenir au-delà des rives
de l'existence et de l'extinction.
La sagesse est l'analyse des phénomènes, moyen pour parvenir
au-delà des rives de l'existence et de l'extinction.
Il est dit dans le Rin Chen Phreng ba:
"Le don est l'abandon de toutes ses richesses, la discipline éthique
fait le bien d'autrui, la patience est le rejet de la colère, la
diligence réside dans le maintien de la vertu, la méditation
est la ferme concentration libre de toute mauvaise pulsion, et la sagesse
est l'affirmation du sens de la vérité."
La manière de les accomplir:
Afin de les accomplir, il convient de produire les quatre qualités,
conditions nécessaires et favorables à la naissance des six
Paramitas, et de rejeter les sept attachements qui font obstacle à
leur naissance.
Les quatre qualités sont les suivantes:
- être libre des six conditions contraires aux Paramitas, à
savoir, dans l'ordre, l'avarice, une conduite sans morale, la colère,
la paresse, la distraction et une sagesse pervertie.
- la condition que chacune de ces Perfections soit accompagnée
de l'aide que constitue la connaissance transcendante de non-conceptualisation.
- la condition d'un fruit qui comble entièrement les désirs
d'autrui.
- la condition d'une action qui fait complètement mûrir
autrui grâce aux trois véhicules. Il est dit dans le mDo sDe
rGyan:
"La destruction des forces contraires au don, la possession de la connaissance
transcendante de non-conceptualisation, l'accomplissement parfait de tous
les désirs et la triple maturation des êtres vivants."
Les mêmes conditions s'appliquent aussi aux cinq autres Perfections,
telle que la discipline éthique etc...
En ce qui concerne les sept attachements à rejeter:
Ils sont ainsi décrits dans le même Sutra:
"La pratique du don d'un Bodhisattva est le détachement, le non
attachement et l'absence d'attachement, la liberté de l'attachement
lui-même, le détachement, le non attachement et l'absence
d'attachement."
Ces paroles s'appliquent à chacune des six Perfections et leur
sens est qu'il faut rejeter les sept attachements, à savoir l'attachement
à la condition contraire, c'est à dire l'avarice et les autres
cinq (contraires à chacune des Perfections), l'attachement à
toujours retarder (la pratique), l'attachement à se contenter (d'une
petite pratique), l'attachement à une récompense, l'attachement
à un fruit, l'attachement à l'inclination aux forces contraires,
et l'attachement à la distraction.
Le Seigneur Sakya Pandita dit:
"Le sage rejettera les sept attachements au défaut qu'il faut
éviter, au délai, au contentement, à la récompense,
au fruit, à l'inclination et à la distraction."
Quels sont leurs bienfaits?
"Le don procure la richesse, la discipline procure le bonheur, la patience
donne le rayonnement, la diligence produit la majesté, la méditation
donne la paix et la sagesse procure la libération. Un esprit plein
d'amour permet de réaliser tous les objectifs." (Rin Chen Phreng
ba)
- L'entraînement dans les quatre étapes du rassemblement,
dans le but de faire mûrir autrui:
Il est dit dans le sKyes Rabs:
"Appelant les êtres grâce au don, on prononce alors des
discours engageants. Grâce à une conduite intentionnelle,
on établit autrui dans la vigilance et on demeure dans une action
en harmonie avec les discours."
En ce qui concerne le DON, il faut rejeter les trente deux sortes de
dons impurs que décrit le Sutra de Drang Song rGyas pas Zhus pa'i
mDo, tels que les dons faits dans une motivation impure afin d'obtenir
une position importante dans cette vie, ou en vue d'une récompense
ou d'un fruit, etc..., les dons faits envers des destinataires impurs tels
que les riches, les rois, les prostituées, etc... alors qu'on écarte
les êtres humbles dans le besoin, les dons d'objets impurs tels que
de la viande, de la bière ou du bétail pour la boucherie,
etc... Il convient au contraire, grâce à des dons purs, de
rassembler des êtres en vue du Dharma.
Grâce à un DISCOURS ENGAGEANT qui comble les êtres,
on s'emploie à révéler le saint Dharma en vue de faire
mûrir autrui selon les capacités de compréhension de
chacun.
L'ACTION INTENTIONNELLE consiste dans une action qui, grâce à
des moyens habiles, s'emploie à faire mettre le sens du Dharma en
pratique à des gens qui, bien qu'ayant déjà entendu
le Dharma, n'avaient encore manifesté aucun désir de le mettre
en pratique.
Quant à une ACTION HARMONIEUSE, il s'agit de s'engager soi-même
avec application, à l'action vertueuse afin d'inciter autrui à
s'y engager également. Il est dit dans le mDo sDe rGyan:
"Dans le don, l'enseignement approprié, l'effort pour faire mettre
en pratique et l'exemple de la pratique que l'on montre soi-même,
on prononce un discours plaisant, on agit intentionnellement et harmonieusement."
Comment réfléchir à cela? "Hélas, par le
passé, non seulement je n'ai pu répondre aux bontés
des êtres vivants qui ont été ma mère dévouée,
par une réponse en accord avec le Dharma, mais, sous l'emprise du
souci exclusif de moi-même, je me suis plu à toutes sortes
d'actions éhontées dictées par la jalousie envers
les supérieurs, le mépris envers les inférieurs et
le désir de rivaliser avec les autres êtres. Ce faisant, j'ai
dû errer sans fin au sein de la roue de l'existence, affligé
de toutes sortes de souffrances. Désormais, abandonnant la seule
préoccupation égoiste de mes intérêts, je m'en
vais donner sans regret, mon corps, ma parole, mon esprit ainsi que toutes
les vertus que j'ai accumulées au cours des trois temps, pour le
bien et le bonheur de tous les êtres vivants qui ont un jour été
mes parents. Ce faisant, puissent tous les êtres qui désirent
de la nourriture en jouir, ceux qui désirent des vêtements
en avoir, ceux qui désirent un abri ou des serviteurs trouver l'objet
de leur désir. Que les malades trouvent le médecin, les remèdes
et les infirmiers qu'il leur faut; que les miséreux découvrent
un trésor inépuisable, que les êtres sans protection
jouissent de l'aide d'un protecteur , que ceux qui n'ont pas de refuge
en découvrent; que les voyageurs trouvent des guides, que ceux qui
désirent traverser un fleuve obtiennent des bâteaux, des radeaux
ou des ponts. En bref, puisse chacun jouir de la richesse inépuisable
qu'il désire."
Comme j'ai déjà donné aux êtres vivants,
mon corps et toutes mes possessions, je ne conserve plus désormais
aucun droit de propriété sur eux. En conséquence,
mon corps est désormais le bien des êtres vivants, et ce qu'ils
en feront ne dépend que d'eux. Je m'efforcerai de retenir cette
pensée si l'on venait à me tuer, à me critiquer, à
me frapper, à me salir, me gêner ou me ridiculiser, etc...
"Comme les Bouddhas et leurs fils, grâce à leur résolution
d'accomplir largement le bien d'autrui et le leur propre, ont mis en oeuvre
l'immensité pareille à l'océan, des actes de la conduite
d'un Bodhisattva, tels que les six Perfections et les quatre étapes
du rassemblement, moi aussi, je vais m'efforcer de la manière correcte
au grand rassemblement des Perfections depuis le don jusqu'à la
sagesse. Je vais m'appliquer à l'accomplissement du don pur d'objets
matériels et rassembler de dignes auditeurs du saint Dharma; le
leur enseignant alors selon leurs capacités, je les inciterai à
le mettre en pratique de manière juste et, et pour les y inviter,
je me réjouis moi-même de montrer l'exemple de la pratique
du saint Dharma vaste et profond." Je me réjouis dans de telles
pensées.
Dans les intervalles entre sessions, on peut si on le désire,
réciter les paroles tirées du sPyod 'Jug:
"Puisse la vertu que j'ai accumulée à travers toutes ces
pratiques, permettre de dissiper les souffrances de tous les êtres
vivants."
3) L'ESPRIT D'EVEIL DU SENS ULTIME, UNION INDISSOCIABLE DE LA STABILITE
SEREINE ET DE LA VUE PENETRANTE
Bien que la plupart des textes utilisés diffèrent dans
la manière de le méditer, on retrouve les mêmes sujets.
Dans quelques textes anciens, on trouve ces paroles: "En ce qui regarde
l'esprit d'éveil du sens ultime, il faut penser qu'il est sans égo,
libre de toute substantialité ainsi que de la dualité sujet-objet."
Afin de méditer sur cela, on va expliquer l'essence véritable
de l'esprit d'éveil du sens ultime, enseigner les vraies méthodes
pour le produire dans le continuum mental, et comment il convient de les
mettre en pratique.
a) Son essence véritable
Elle n'est pas la réalité ultime du soi ou de l'âme
des non-bouddhistes, pas plus que les agrégats ou les sphères
sensorielles en quoi croient les deux groupes d'Auditeurs (Hinayana), ni
non plus l'ultime conscience de l'école Seulement l'Esprit (tib.
Sems Tsam pa, skt. Cittamatra, du Mahayana), elle n'est aucune de ces conceptions
saisissant une limite extrême. Il s'agit en réalité
de la nature propre de l'esprit, racine de tous les phénomènes
à la fois du Samsara et du Nirvana et qui est depuis toujours libre
de manifestation. Le maître kLu sGrubs (Nagarjuna) a dit:
"L'esprit d'éveil des Bouddhas a pour caractéristique
la vacuité qui n'est jamais obscurcie par les concepts d'un soi,
d'agrégats ou d'une conscience."
Comme il est ainsi la racine de tout bonheur et de toute souffrance
du Nirvana et du Samsara, si l'on en vient à la réalisation
intérieure de sa véritable et ultime essence, on parvient
simultanément à la compréhension du sens véritable
et ultime de tous les phénomènes. Le maître Aryadéva
dit:
"Une entité est l'essence de toutes les entités et cette
entité a pour essence toutes les entités; celui qui acquiert
la réalisation intérieure d'une seule entité, obtient
aussi la réalisation simultanée de toutes les entités."
b) Les méthodes pour faire naître l'esprit d'éveil
dans le continuum mental:
Il s'agit des deux pratiques de la stabilité sereine et de la
vue pénétrante.
La stabilité sereine est l'apaisement de toutes les conceptualisations
portant sur des caractéristiques, obtenue par la méthode
de la fixation de l'esprit et ce faisant, le maintien de l'esprit dans
son rayonnement propre.
La vue pénétrante consiste, une fois dissipés les
voiles obscurcisseurs du sujet-objet et, alors qu'on distingue parfaitement
et sans confusion la nature propre de tous les phénomènes,
à pouvoir contempler le visage même de l'esprit primordial.
"Qu'est-ce que la stabilité sereine? C'est la concentration de
l'esprit sur un seul point. Quant à la vue pénétrante,
il s'agit de la parfaite réalisation de chacun (des phénomènes)."
(dKon mChog sPrin ou Ratna megha)
Le Sutra mDo sDe rGyan dit aussi:
"Prenant appui sur la parfaite stabilité, l'esprit se fixe sur
l'esprit et on analyse parfaitement les phénomènes. C'est
pour cela qu'on nomme ces deux mouvements, stabilité sereine et
vue pénétrante."
c) Mise en application de ces méthodes:
Il y a trois étapes: la méditation de la stabilité
sereine, la méditation de la vue pénétrante et la
méditation de leur union.
- LA STABILITE SEREINE
Il est dit dans le sPyod 'Jug:
"Sachant que la vue pénétrante munie de la stabilité
sereine, peut totalement détruire les mauvaises pulsions, il faut
d'abord rechercher la stabilité sereine et on ne peut la trouver
que dans le détachement du monde."
Afin d'extirper à sa racine la pulsion de l'attachement à
l'égo, la vue pénétrante est nécessaire, mais
il faut la stabilité sereine pour pouvoir la produire. Comme l'isolement
physique et mental sont nécessaires à la naissance de la
stabilité sereine, il faudra d'abord commencer par rejeter toute
préoccupation d'activité mondaine, telle que le travail de
son champ, son commerce, et tout attachement envers les objets de plaisir
extérieurs et envers des êtres vivants. Si l'on ne se détache
pas de ces préoccupations, l'authentique Samadhi de la concentration
sur un seul point ne pourra pas surgir.
En ce qui concerne les méfaits de l'attachement aux formations
mentales, il est dit dans le Sutra de Lhag pa'i bSam pa bsKul ba'i mDo
(Adhyasaya samcodana sutra):
"Si l'on répugne à obéir au Lama, et si l'on refuse
de suivre son exemple, la discipline éthique sera rapidement brisée.
De telles fautes proviennent de l'attachement aux actes. Si on est un chef
de famille dont l'esprit est sans cesse préoccupé des activités
liées à sa maisonnée , on sera toujours soucieux et
on ne méditera pas ni ne se souciera de rejeter (les fautes..).
De telles fautes proviennent de l'attachement aux actes."
En ce qui concerne les méfaits de l'attachement aux objets de
plaisir, il est dit dans le sPyod 'Jug:
"Dans ce monde et au-delà, les désirs sont la cause de
toute perte. Ils provoquent la mort, entravent et déchirent dans
cette vie; et ils sont cause d'un avenir dans les enfers."
Il convient aussi de se rappeler ici les vers du sPyod 'Jug déjà
cités plus haut, concernant "les tourments subis à accumuler,
garder (des richesses) et lorsqu'on les perd...".
Quant aux méfaits de l'attachement aux êtres, il est dit
dans le même texte:
"Si l'on s'attache aux êtres, la vision de l'ultime pureté
s'obscurcit complètement. Même l'esprit de chagrin du monde
est détruit et finalement il faudra endurer une grande souffrance.
Ne pensant qu'aux êtres chers, cette vie passe dépourvue de
sens. Ces amis et ces proches impermanents parviennent à détruire
même l'immuable Dharma. Si l'on agit à l'instar d'un être
infantile, on peut être certain de tomber dans les mauvais états.
Si cela conduit à une condition d'infortune, quel bien peut donc
naître de l'association avec les êtres infantiles? En un instant
ils deviennent amis et en moins de temps encore, ils se transforment en
ennemis. Comme ils se mettent en colère contre ceux qu'ils aiment,
il est difficile de plaire aux êtres ordinaires. Même si on
prononce des paroles bienfaisantes, ils continuent à s'irriter et
cela tend à m'éloignent de mon désir de bienfait.
De plus, si l'on n'écoute pas leurs conseils, ils se mettent en
colère et tombent alors dans les mauvais états. Ils sont
jaloux des supérieurs, toujours désireux de rivaliser avec
leurs égaux et méprisants des inférieurs, ils s'enorgueillissent
de la louange et sont toujours prêts à la colère dès
qu'ils entendent des paroles déplaisantes. Quand pourrait-on tirer
un bénéfice de (l'association) avec les êtres infantiles?
Si l'on s'associe avec eux, il est certain que toutes sortes de non-vertus
en surgiront, telles que la louange envers soi-même, le dénigrement
d'autrui et toutes sortes de discours sur les délices du Samsara."
Le vénéré Trapa Djialtsen dit aussi:
"Il faut méditer dans la solitude; si l'on s'associe avec des
êtres infantiles, on n'obtiendra pas cette solitude. En conséquence,
il convient de se montrer chagriné et circonspect à l'égard
des êtres vivants. Ainsi obtiendra-t-on la solitude et le rejet des
mauvais moyens d'existence."
De la même façon, il faut aussi rejeter tout esprit d'hostilité
envers ses ennemis car il est dit dans le sPyod 'Jug:
"Si l'on garde au coeur la douloureuse sensation de la haine, l'esprit
ne pourra ressentir la paix. On sera privé de joie et de bonheur,
on ne pourra trouver le sommeil et on ne sera plus digne de confiance.
Même ceux qui s'appuient sur la bienveillance d'un maître qui
leur prodigue richesse et reconnaissance, désirent sa mort s'il
est haineux. La haine provoque le chagrin chez les proches et les amis
et même si la générosité les attire, ils ne
manifesteront aucune confiance. En bref, nul ne peut demeurer heureux dans
la haine."
Il faut aussi se souvenir ici des citations évoquées lors
de l'explication donnée plus haut sur les actes et leur rétribution.
Rejetant ainsi tout attachement envers les objets susceptibles de provoquer
l'attachement ou la haine, on s'établit seul dans un ermitage, dans
la montagne ou au milieu d'une forêt, afin de méditer le Samadhi.
"On s'en va habiter seul, l'esprit heureux et débarrassé
de toutes les distractions, au milieu d'une forêt à l'aspect
très plaisant et dépourvue de dangers." (sPyod 'Jug)
Il est dit aussi dans le même texte:
"Ayant réfléchi aux vertus de la solitude sous toutes
sortes d'aspects, il faut apaiser toute conceptualisation et méditer
sur l'esprit d'éveil."
Demeurant dans la solitude, afin de développer la stabilité
sereine, il convient de reconnaître les cinq erreurs à rejeter
et de prendre appui sur les huit dispositions mentales antidotes de ces
erreurs. On recherchera la stabilité sereine au moyen des neuf méthodes
pour fixer l'esprit.
Les cinq erreurs sont:
- la paresse d'un esprit qui ne s'applique pas à la vertu,
- même si l'on s'y applique, l'oubli de l'instruction concernant
la méditation du Samadhi,
- même si on ne l'oublie pas, l'esprit s'obscurcit et devient
peu clair ou bien on ressent torpeur ou indiscipline qui empêchent
l'esprit de se fixer,
- même si l'on reconnaît ces états de torpeur ou
d'indiscipline, on demeure dans la passivité sans rechercher l'antidote
nécessaire à leur destruction,
- à cause d'une recherche trop forcée de l'antidote, l'esprit
en proie à de nombreuses pensées, ne peut se fixer.
"La paresse, l'oubli de l'instruction, la torpeur et l'indiscipline,
la passivité et l'hyperactivité mentale, telles sont les
cinq erreurs." (dBus mTha' ou Madhyanta Vibhanga)
Les huit dispositions mentales antidotes:
- en ce qui concerne les antidotes de la paresse, première des
erreurs à rejeter, elles sont au nombre de quatre, à savoir
l'aspiration, la recherche diligente, la foi et la pureté. L'aspiration
est la demeure du Samadhi, la recherche diligente est son habitant, la
foi est la cause de l'aspiration et la pureté est le fruit de la
recherche diligente. Parmi toutes , la recherche diligente est la plus
importante car son sens étant celui de l'effort, il est évidemment
indispensable pour rejeter la paresse.
"Etant ainsi patient, il faut développer l'effort diligent car
ce n'est qu'en s'y efforçant que l'on peut parvenir à l'éveil.
De même qu'il ne peut y avoir de mouvement sans air, de même
il ne peut y avoir de mérite sans effort. L'effort est la joie à
l'accomplissement de la vertu." (sPyod 'Jug)
Il est dit dans le même texte, en ce qui concerne les forces contraires
à l'effort diligent:
"Quelles en sont les forces contraires? Il s'agit de la paresse, de
l'attachement aux vices, de la nonchalance et du dénigrement de
soi-même. Se complaisant dans l'oisiveté et le sommeil, la
souffrance du Samsara ne sera pas ressentie et la paresse naîtra."
Rejetant ainsi les causes de la paresse, il faudra s'appliquer à
la naissance du Samadhi, grâce à la réflexion sur les
maux du Samsara, sur la difficulté d'obtenir les conditions favorables
à la pratique et sur l'impermanence et la mort.
L'antidote à l'oubli de l'instruction est l'attention et la vigilance.
Se remémorant les étapes de l'instruction essentielle pour
méditer le Samadhi, et se les représentant à l'esprit,
on évitera de les oublier grâce à la vigilance.
"Quelle que soit l'activité d'écoute, de réflexion
et de méditation, si elle est accomplie sans vigilance, elle est
alors comme de l'eau versée dans un vase percé et ne peut
demeurer dans la conscience." (sPyod 'Jug)
En ce qui concerne les méfaits de la faillite à reconnaître
la torpeur et l'indiscipline, comme il s'agit là de la condition
principale empêchant le Samadhi, si on ne reconnaît pas ces
deux états, on n'est pas capable non plus d'appliquer l'antidote
contraire.
Même si on les reconnaît, encore faut-il aspirer à
leur antidote car, même si on reconnaît un défaut et
qu'on n'applique pas son antidote, les vertus ne pourront naître
dans le continuum mental.
Si l'on a trop forcé dans l'exercice de la volonté et
que l'esprit soit devenu trop agité, l'antidote à cette incapacité
de se fixer sera de laisser la volonté dans l'équanimité.
En effet, pareil à l'être avisé qui mesure ses paroles
et à l'or qui est soigneusement pesé, demeurer dans le bon
équilibre impartial permet la réalisation aisée de
tous les objectifs désirés. Il est dit dans le dBus mTha'
(concernant ces huit dispositions mentales antidotes):
"La demeure, ce qui l'habite, la cause, le fruit, le non oubli de l'instruction
de méditation, la reconnaissance de la torpeur et de l'indiscipline,
la volonté de les rejeter et le maintien de l'apaisement."
En ce qui concerne maintenant la vraie méthode pour fixer l'esprit,
elle comporte neuf étapes qui sont:
l'établissement, l'établissement dans la durée,
le rétablissement après distraction, l'établissement
parfait, la maîtrise, l'apaisement, l'apaisement parfait, la concentration
sur un seul point, l'établissement dans l'équanimité.
1- L'établissement:
Pour y parvenir, il faut quatre conditions: un support de méditation
immobile, un corps immobile, des yeux qui ne cillent pas et une représentation
claire du support de méditation.
En ce qui concerne la première de ces conditions, à savoir
un support de méditation immobile, il est dit que dans un lieu isolé
et très plaisant, il faut disposer comme support de visualisation,
une belle représentation inspirante telle qu'une image des Bouddhas,
etc... Il est dit dans le Ting Nge 'Dzin rGyal po:
"Demeurer l'esprit fixé sur la représentation d'une belle
image du Seigneur des Mondes (Bouddha) dont le corps est pareil à
l'or pur, s'appelle l'équilibre méditatif du Bodhisattva."
On peut aussi disposer devant soi, ni trop près ni trop loin
et immobile, tout objet convenable tel qu'une fleur bleue ou une pièce
de soie bleue.
En ce qui concerne la condition de l'immobilité du corps, il
est dit dans le manuel de méditation bsGom Rim écrit par
Kamalashila:
"Les yeux ne doivent être ni trop ouverts ni trop fermés,
ils doivent se fixer sur la pointe du nez; il faut garder le corps droit
et la conscience tournée vers l'intérieur; les deux épaules
doivent être au même niveau et la tête ne doit être
ni trop haute ni trop basse et ne pas pencher d'un côté déterminé;
la pointe du nez se trouve ainsi alignée avec le nombril; les dents
et les lèvres doivent se placer naturellement et la langue doit
être gardée près des dents. Quant à la respiration,
elle ne doit être ni bruyante, ni haletante, ni irrégulière.
Il convient d'inspirer et d'expirer lentement, de manière naturelle
et silencieuse."
Il faut donc demeurer sur un coussin de méditation, le corps
droit, immobile et réunissant tous les points de la parfaite posture.
En ce qui concerne le non cillement des yeux, les globes oculaires doivent
être à moitié recouverts par les paupières et
se fixer peu ouverts, sans ciller, sur le support de la visualisation.
Si des larmes ou autres survenaient, il faudrait les laisser couler librement
sans les essuyer de la main. Si la douleur survient, l'esprit ne s'y attardera
pas mais demeurera fermement fixé sur le support de la visualisation.
Quant à la forme claire de la visualisation, il s'agit, en évitant
tout examen concernant ses défauts ou qualités, etc..., de
faire surgir dans la conscience sans examen, la forme telle qu'elle est,
de manière claire.
2- L'établissement dans la durée:
Comme un tel établissement ne dure pas longtemps au début,
il s'agit de procéder à de courtes tentatives répétées
fréquemment.
3- Le rétablissement après distraction:
Si la distraction survient, il faut la reconnaître comme telle
et rétablir l'esprit sur l'objet de la méditation.
4- L'établissement parfait:
Afin de ne pas laisser errer l'esprit, il convient grâce à
la vigilance, de le concentrer sur l'objet de la visualisation.
5- La maîtrise:
Grâce à la joie ressentie à l'égard des vertus
du Samadhi, il s'agit, lorsque survient la torpeur ou l'indiscipline, de
maîtriser l'esprit grâce à leur antidote.
6- L'apaisement:
Lorsque l'esprit ressent du mécontentement sous l'effet de circonstances
telles que la distraction, etc..., il s'agit de l'apaiser en le rétablissant
sur la visualisation.
7- L'apaisement parfait:
Lorsque surgissent des conditions contraires à la méditation,
telles que des pensées d'envie, etc..., il convient à ce
stade d'apaiser l'esprit en le rétablissant sur la visualisation.
8- La concentration sur un seul point:
Comme la méthode pour se débarrasser de la torpeur et
de l'indiscipline est l'application mentale, si l'esprit est libre de distraction,
on le laisse tel quel.
9- L'établissement dans l'équanimité:
Par l'habitude, et sans devoir exercer d'effort particulier, l'esprit
s'établit naturellement en Samadhi. Jusqu'à la naissance
de la félicité de l'accomplissement, on est en présence
de la stabilité sereine de la concentration sur un seul point de
l'esprit (de la sphère) du désir, puis après la naissance
de la félicité, il s'agit de la stabilité sereine
authentique appartenant aux terres de l'absorption méditative (sphère
de la forme). Il est dit dans le mDo sDe rGyan:
"Ayant fixé son esprit sur l'objet de la méditation, l'esprit
ne doit pas se laisser distraire d'y demeurer continuellement. Reconnaissant
aussitôt la distraction, il faut le rétablir. Le sage s'efforcera
toujours plus à concentrer l'esprit à l'intérieur.
Puis, comme il verra ainsi les vertus (de la méditation), l'esprit
se soumettra au Samadhi. Comme il verra les méfaits de la distraction,
il s'en détournera et s'apaisera. Il apaisera de manière
analogue la convoitise, le mécontentement etc..., quand ils surgiront.
Puis (le méditant) avec les voeux, établira avec application
mentale l'esprit en lui-même. Enfin, sous l'effet de l'habitude,
l'esprit n'aura plus besoin de s'appliquer. Ensuite, lorsque le corps et
l'esprit obtiennent un grand accomplissement, on déclare cette étape
munie "de l'activation de l'esprit".
A chacune de ces neuf étapes, il convient de s'efforcer de rejeter
les erreurs décrites plus haut et de développer les huit
dispositions mentales antidotes. Parmi celles-ci, la plus importante des
erreurs à rejeter est celle de la torpeur et de l'indiscipline qu'il
faut reconnaître. Si on reconnaît de la torpeur, il faudra
réduire la nourriture avant la méditation, s'assoir dans
un endroit élevé, avoir des vêtements et un coussin
de méditation minces et la récitation du refuge et des prières
devra se faire d'une voix claire et forte. Il faut méditer le corps
et l'esprit en éveil. Si on reconnaît de l'indiscipline mentale,
il faut s'appliquer aux moyens contraires (aux précédents).
Lorsque torpeur et indiscipline s'apaisent, il faut méditer en relaxant
l'esprit.
Procédant de cette façon, tout d'abord va surgir un flot
ininterrompu de pensées s'enchaînant les unes aux autres,
que l'intelligence grossière n'est pas capable de mesurer. En fait,
ce cours ininterrompu était déjà là avant,
mais du fait d'un esprit qui ne demeurait pas dans la méditation,
il restait ignoré. Le reconnaissant maintenant, on pourrait croire
que les pensées sont encore plus nombreuses qu'auparavant et douter
de la naissance de la méditation. Il s'agit là de la première
expérience de reconnaissance des pensées discursives, étape
dite semblable à l'eau d'une cascade de montagne abrupte.
Il convient alors de ne pas laisser tomber la méditation mais
de poursuivre en s'efforçant à tout prix de rompre le cours
des pensées discursives. On constatera alors qu'à la suite
de moments d'enchaînement des pensées les unes aux autres,
surgissent des moments où celles-ci s'apaisent. On pensera alors
que le cours des pensées s'est rompu mais aussitôt après
le sentiment contraire surgira avec le retour de celles-ci. Il s'agit là
de la deuxième expérience du repos des pensées qu'on
dit semblable à l'eau d'une gorge encaissée.
Poursuivant assidûment la méditation, au bout d'un moment,
le cours des pensées se trouve renversé comme dans l'arrêt
brutal de la respiration, et on se retrouve vide de toute pensée.
Méditant alors avec une attention encore plus intense, on expérimente
des moments où la conscience est très claire, suivis d'autres
moments où revient le cours des pensées. Il s'agit là
de la troisième expérience de fatigue des pensées
dite semblable à l'eau d'un bassin collectant trois cours d'eau.
Poursuivant encore la méditation de cette façon, la plupart
des pensées s'apaisent et l'esprit demeure comme se reposant dans
la concentration sur un seul point. Dans cet état, dès que
surgissent une ou deux pensées, elles s'apaisent aussitôt.
Il s'agit là de la quatrième expérience où
les pensées viennent par vagues, dite semblable aux vagues d'un
océan.
Poursuivant encore la méditation précédente, le
cours de toutes les pensées s'apaise et la concentration de l'esprit
sur un seul point est produite, associée à la clarté
du mental. Il s'agit de la cinquième expérience qui est celle
de l'apaisement des pensées, dite semblable à l'eau d'un
océan sans vagues. A ce moment le cours des pensées est interrompu
et bien que l'esprit demeure spontanément concentré sur un
seul point, si l'on n'obtient pas une éclatante clarté de
la conscience, il s'agit là de la stabilité sereine ne faisant
qu'étouffer les pensées. Il faut poursuivre la méditation
jusqu'à ce que naisse la concentration de l'esprit sur un seul point
accompagnée de la clarté de la conscience, pareille à
la lueur de la lampe non troublée par le vent. Méditant de
cette manière, lorsqu'apparaît une conscience très
claire de l'objet de méditation, il faut alors cesser de regarder
cet objet et tourner l'esprit vers l'intérieur en le fixant sur
cette clarté de la conscience. Si torpeur ou indiscipline surviennent,
il faut appliquer les méthodes pour leur destruction. On demeure
ainsi relaxé et libre de toute quête dans cette clarté
éclatante de la conscience.
Méditant de cette façon approfondie, si la méditation
n'est pas bonne au début de la session et qu'elle s'améliore
à la fin, c'est le signe qu'il faut resserrer son contrôle
et méditer concentré sur un seul point. Après avoir
ainsi resserré son contrôle, si l'esprit tend à s'échapper
et répugne à demeurer fixé sur un seul point, ou bien
que le corps et l'esprit ressentent de l'inconfort, c'est que la tension
a été trop forte. Il faut alors méditer de manière
plus détendue. On adoptera aussi une alimentation convenant à
ses besoins, en quantité limitée de manière raisonnable.
Il faudra reprendre des forces grâce à un repos convenable
sans inverser le jour et la nuit (c'est à dire qu'il faut dormir
la nuit et non le jour). Lorsqu'on se sent reposé, il faut s'appliquer
à reprendre la méditation.
Comment réfléchir à cela? S'asseyant dans un lieu
isolé sur un coussin de méditation, dans la posture de rNam
Par sNang mDzad (skt. Vairocana), on commencera tout d'abord par prendre
refuge, puis par la prière complémentaire et par le développement
de l'esprit d'éveil. Hélas, depuis des existences immémoriales
jusqu'à ce jour, mon esprit s'est laissé emporter par le
vent de la conceptualisation et n'a suivi que ses impulsions du moment,
sans être capable de demeurer même le temps d'un claquement
de doigts, parfaitement concentré sur un objectif de vertu. C'est
pourquoi je ne suis pas encore libéré de l'océan de
la roue de l'existence et n'ai pas non plus le pouvoir de libérer
autrui. Désormais, m'appuyant sur les instructions d'un maître
de vertu, je m'en vais réaliser le bonheur de l'accomplissement
du corps et de l'esprit. Demeurant dans la méditation du Samadhi
de la parfaite concentration sur un seul point, je dois obtenir le grand
éveil de la parfaite réalisation"
Evitant toute respiration saccadée, brutale ou bruyante, il faut
compter mentalement vingt-et-une inspirations et expirations sans interruption.
Gardant le corps et le souffle en équilibre, il faut pendant tout
ce temps examiner quelles sont les pensées grossières surgissant
à l'esprit. Si les pensées inspirées par le désir
et l'attachement sont prédominantes, il faut les apaiser grâce
à la méditation d'une forme repoussante ou autres moyens
similaires. De manière analogue, la haine est contrée par
l'amour et l'ignorance par la réflexion sur l'enchaînement
des causes et des effets; la jalousie est contrée par la (méditation)
de l'identité entre autrui et soi-même et l'orgueil par l'échange
entre soi et autrui ou par la méditation sur la différence
des tempéraments (des êtres). Ensuite, de nouveau, il convient
d'examiner si le cours des pensées dictées par ces mauvaises
pulsions persiste ou s'il s'est interrompu. Au cas où il persisterait,
il faudrait appliquer la méditation de l'antidote correspondante.
Sans laisser l'esprit tomber sous le pouvoir des mauvaises pulsions ou
des préoccupations mondaines, afin de les détruire toutes,
il faudra d'abord en se remémorant les instructions précédentes,
forcer l'esprit à demeurer sur l'objet de la méditation,
sans qu'il ne se laisse submerger ni par la torpeur ni par l'agitation.
Si la tension est trop forte, l'esprit risque alors d'échapper à
tout contrôle en devenant indiscipliné, et il convient de
relâcher entre temps la tension sans pourtant risquer de perdre la
vigilance et l'attention. Si on est trop relaxé cependant, on risque
de tomber sous l'emprise de la torpeur. Finalement, il faut garder l'esprit
dans son état naturel et l'établir avec clarté et
sans forcer sur l'objet de la méditation. Les deux premières
étapes concernent l'application de l'antidote à la torpeur
et à l'indiscipline, tandis que la dernière décrit
la manière de laisser l'application mentale dans l'équanimité
lorsque torpeur et indiscipline se sont apaisées. Quelque soit le
Samadhi médité, ces trois points sont très importants.
Méditant ainsi, lorsque s'interrompt enfin le cours des pensées
discursives, il faut demeurer longuement concentré dans l'état
de clarté de la conscience. Lorsqu'on peut durablement garder cet
état, on cesse alors de fixer le regard sur l'objet de la visualisation
et on demeure dans la contemplation intense du clair rayonnement propre
de l'esprit. Lorsque l'expérience intérieure de cette clarté
s'établit, on s'y absorbe de manière relaxée. Sans
s'occuper de suivre la trace du passé, ni de faire des plans pour
l'avenir ou de réfléchir au présent, il faut détruire
toute pensée bonne ou mauvaise, au fur et à mesure de son
apparition. Il convient de demeurer détendu à l'intérieur
tout en restant très attentif à l'extérieur.
Lorsqu'on termine la séance, il faut le faire en restant dans
les meilleures dispositions par rapport à la méditation.
Après avoir dédié le mérite (pour le bien des
êtres), on prend du repos. Dans les intervalles entre séances
également, il convient de ne pas rompre son isolement. Evitant toute
cause de distraction, on se hâtera de reprendre la méditation.
Au début, les séances seront courtes et nombreuses. Avec
l'habitude, on augmentera peu à peu la durée des séances
et il faudra continuer ainsi jusqu'à ce que l'on puisse demeurer
jour et nuit dans un même Samadhi
quinta-feira, 6 de setembro de 2012
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