quarta-feira, 30 de setembro de 2009
A VIDA DE G. KUNGA LEPA
La guirlande de joyaux du récit merveilleux de la vie du noble
Lama Vajradhara Ngaong Kunga Lépai Djoungné Yeshé Djialtsen
Sa forme humaine concentre la connaissance, l'amour et la puissance du maître Djampayang, le puissant du Verbe; prosternation devant le Lama racine à la grande bienveillance qui est le trésor de l'océan des Sutras et Tantras des nobles Paroles.
Les vertus infinies de ses trois secrets le rendent égal aux grands saints des temps passés. Bien que la ferveur de mon esprit ignorant comme celui d'un enfant, ait pu me fourvoyer, comme je suis resté longtemps auprès du lotus de ses pieds (à le servir), je m'en vais entreprendre d'écrire un résumé des paroles que le Saint a prononcées et raconter ce que j'ai moi même vu et entendu. Je le fais dans un désir de louange dépourvu de tout esprit de feinte et en rejetant tout dénigrement.
Assemblées des disciples à la bonne fortune, écoutez donc en profitant de la fraîcheur de l'ombre fournie par le blanc parasol de sa compassion. Il met un terme à la brûlure et à la souffrance des mauvais actes; écoutez et goûtez le nectar de ses Paroles qui fait prospérer les facultés d'intelligence.
Lui qui est l'essence de tous les Bouddhas des trois temps, le maître de l'océan des familles et mandalas (des Bouddhas), dont la bienveillance ne peut être égalée et dont on ose à peine prononcer le nom, si ce nom pourtant, afin d'en comprendre le sens, on l'énonce, c'est celui de Ngaong Kunga Lépai Djoungné Yéshé Djialtsen Pal Zangpo qui sera invoqué.
Il s'agit d'un grand être saint qui après avoir obtenu dans le passé un haut rang de réalisation, est revenu selon son désir pour le bien des disciples à cette époque de dégénérescence sous la forme d'un moine "Détenteur du Dorjé" aux trois voeux.
Et qui serait donc capable de parfaire le récit de la vie d'un tel être? On écoutera maintenant ce que ce Seigneur lui même a raconté de sa propre vie. Prosternation aux pieds du Lama et des trois Joyaux .
Moi, Ngaong Lépa, moine de Shatchiamuni, suis né à Dzinda dans la région de Ga du Khams, de mon père Kunga Trapa et de ma mère Lhamo Drène, fils aîné des sept garçons et filles de mes parents
Je me souviens encore très clairement d'un événement qui se produisit alors que je n'avais que quelques mois d'âge: la cérémonie de mariage de la jeune fiancée de la famille de Pal Tchoung Paldjié. L'on dit en général de quelqu'un qui se souvient des événements de son très jeune âge, qu'il s'agit d'un signe de purification des voiles obscurcissants .
A l'âge de sept ans, j'obtins du grand abbé Dorje Tchang Kunga Lodreu, les voeux de disciple laic (Guényène) ainsi que les initiations de la cause et de la voie de Pal Tchié Dorjé et l'ordinaire complet de la Yangtchènma blanche.
Je m'efforçai ensuite à l'accomplissement des retraites de Dolma Blanche, Djoungdul et autres mais n'étant encore qu'un enfant insouciant, l'esprit correct n'était pas présent.
A dix ans je reçus du grand sage Ngaong Shédroup la totalité des enseignements, bénédictions et explications de Katchiéma .
Puis à quinze ans, je participai aux assemblées de règle au monastère de Thaloung Namdjial Ling.
Au printemps de ma seizième année, du puissant Sage Djampal Tendzin, je reçus l'initiation des cinq mandalas du grand Mahakala, l'initiation ordinaire des douze déités, celle des huit déités, des trois déités de Tchamdral, puis l'initiation ordinaire des dix Terribles en préliminaire à l'explication extérieure développée de Tradzongma .
Finalement je reçus aussi l'explication secrète profonde et développée après l'initiation ordinaire des neuf déités. Rentré chez moi, j'entrepris la retraite de Nguènepo et au bout d'un certain temps, je m'aperçus qu'un grand nombre de poils noirs comme ceux de la queue d'un yak, avaient poussé sur les gâteaux rituels (Tormas). Quand au gâteau rituel de Shal (nom d'un protecteur) il y avait poussé des poils blancs comme ceux d'une queue de yak blanc .
A cette époque, je ne savais rien de la signification de ces signes, ce n'est que plus tard lorsque je lus le récit de la vie du grand Abbé Palden Tcheu Tchiong que je pris connaissance qu'alors qu'il demeurait à pratiquer lors de son séjour dans le palais directeur de Ngor, il avait vu aussi des poils en abondance naître sur ses gâteaux rituels
Dans les livres de Shal, s'agissant de la naissance de ces poils sur les gâteaux rituels, il était expliqué qu'il s'agissait là de signes présageant la réalisation grâce à cette pratique, de l'ensemble des quatre activités divines. Dans les biographies d'autres Lamas aussi, la naissance de ces poils sur les gâteaux rituels ainsi que la présence en eux d'un arc en ciel aux cinq couleurs brillantes, étaient évoquées .
Plus tard, en changeant les gâteaux rituels, je vis dans ces poils en les portant au soleil les cinq couleurs brillantes de l'arc en ciel, ce qui signifiait la présence d'un lien karmique avec cette déité .
L'automne de la même année, j'obtins du même sage dernièrement cité, les bénédictions et explications très développées concernant Khatchièma, les récitations rituelles des livres des Protecteurs, tels qu'ils sont dans la table des matières de Mortchen, de nombreuses récitations rituelles (Lung) concernant des enseignements de Katchiéma, ainsi que les initiations ordinaires et autres enseignements concernant le protecteur Tuthré Dapo ("maître des cimetières") .
Durant les deux ou trois années suivantes, j'étudiai les livres et accomplissai quelques retraites .
Dès mon jeune âge, j'ai toujours eu ferveur et aspiration envers la triple activité de l'étude, la réflexion et la méditation ainsi que respect et dévotion particulière envers le Lama .
Lorsque Ngaong Shédroup Djiamtso me réprimandait ou me frappait, je n'ai jamais ressenti envers lui de colère ou de déplaisir mais ai toujours conservé du respect.
A un moment, alors que j'avais consommé un plat de bouillie de blé froide, je tombai gravement malade d'une maladie dûe au froid.
Le Lama me conseilla alors de méditer Dorjé Sempa au sommet de ma tête, en imaginant que de la lettre Houng au centre de son coeur coulait un nectar à la chaleur de la fonte en fusion, capable de dissiper tous les maux dûs au froid.
Ce nectar emplissant le corps tout entier, chasserait par les deux orifices inférieurs du corps, toutes les maladies dues au froid. Selon ses conseils, je méditai ainsi sans distraction et fus capable à chaque fois dès la première tentative de sentir mon corps tout entier s'échauffer tellement que cette maladie causée par le froid, disparut entièrement.
Atteignant l'âge de dix huit ans, je me mis en route vers les régions de Ü et du Tsang et parvins à Pal Ewam Tcheuden. J'y reçus du 58 ème abbé et tenant du trône de Ngor, Tchétsune Ngaong Lodreu Nyingpo les initiations ordinaires de Djoungdul, Namdjialma et Rithréma, en préliminaire à l'enseignement complet du Lamdré Tsoshé ("La voie avec son fruit").
J'en reçus aussi les initiations des trois dernières traditions de Tchié Dorjé, la récitation rituelle des volumes "jaune" et "rouge" celle du volume "de l'action religieuse" (Tcheutchié) arrangée par le Thartsé Pantchen, ainsi que les initiations ordinaires "du moment de l'approche" du maître Shal (Protecteur du Dharma) et enfin obtins selon les trois étapes, l'ordination complète de moine (Guélong). Je me rendis alors au monastère de Sakya où je reçus du Rabdjompa (titre d'érudition très élevé) Shérap Tcheupel, l'enseignement du Ndotsa du Vinaya .
De l'Abbé du "grand Temple" Tchampa Tcheu Tashi, je recus l'explication des trois voeux, pensée du Lama Djampaiyang (sDom gsum Jam dbyang blama'i dgongs rGyan). Revenant l'été à Ngor, de l'abbé enseignant sur le trône je reçus les 45 grandes initiations du cycle de Dorjé Threngwa avec le Triyasamoutsa, ainsi que la récitation rituelle de "l'ornement du Dorjé Threngwa" composé par le Thartsé Pantchen .
A cette époque demeurait au monastère de Ngor, le Lama réincarné Shérap Djiamtso, dont la réputation de parfaite connaissance et d'érudition, était connue .
C'est de lui que j'obtins l'ornement des visions et lignes de la Voie avec son Fruit, les explications des enseignements essentiels du Dasser ("les rayons de lune") ainsi que ceux du Nyisser ("les rayons du soleil") au sujet duquel je pus éclaircir tous mes doutes et fautes de compréhension auprès de ce sage maître .
Il me donna également l'initiation de la voie de Tchié Dorjé, l'explication de l'union du processus de développement et de résorption de la tradition de Troupdjial, les récitations rituelles d'un grand nombre de textes, l'initiation ordinaire du maître aux huit déités de la tradition de Ngor, ainsi que la récitation rituelle du Tchiéndjou (Spyod 'jug) .
L'hiver de la même année, alors que je m'apprêtai à repartir pour mon pays, un de mes talons ayant un jour violemment percuté une pierre, j'eus très mal à la jambe et ne pus plus dès lors marcher qu'en boitant. Si au bout de quelques jours, ma jambe parut aller mieux, peu de temps après cependant, mon talon enfla très fort et le pus l'infecta. Je restai ainsi malade les quatre ou cinq mois suivants et je l'attribuai au désir des Protecteurs du Dharma de Ngor de ne pas me voir repartir si tôt pour ma province du Khams .
Quand enfin je pus reprendre la route du retour, je m'en allai rendre hommage au Tchowo de Lhassa. Je visitai avec dévotion les sanctuaires des trois seigneurs de Lhassa tout en formant de bons souhaits pour le bien de tous .
Quelques temps plus tard parvenant aux alentours de la grande plaine de Ndamjoung, épuisé par le trop grand poids de l'accomplissement quotidien des quatres périodes de récitation du Lamdus (saddhana de Tchiédorjé) cumulé avec les fatigues du froid et de la route, j'avais dû interrompre depuis plusieurs jours déjà la récitation de Tradzongma. En proie au remords, un soir j'accomplis donc la pratique complète de ce Protecteur et après avoir récité 10.000 de son mantra "Mahakala", il me vint un rêve dans la nuit.
J'étais dans le temple aux statues d'or de Ngor, un couperet et un crâne étaient posés là. Je me saisissais de la main droite du couperet et en brandissant de la gauche la calotte crânienne, je me mettais à danser. Ce rêve était un signe merveilleux .
Sur la route lors de mon départ pour le Tibet central, j'avais déjà été dégoûté et réellement affligé devant le carnage d'animaux tués pour leur viande par le parti des voyageurs qui m'accompagnaient ; et au retour encore, devant le spectacle de ces moutons qu'on égorgeait, mon coeur fut pris d'une grande compassion .
Je me mis à souhaiter de ne plus jamais avoir à contempler de tels mauvais actes et à aspirer à la venue de temps plus vertueux . Voyant la chair et le sang de ces pauvres bêtes, mon gosier se rétrécissait pendant des jours durant et je perdais tout appétit .
Depuis d'ailleurs le jour où j'avais reçu les voeux complets de moine déjà évoqués plus haut, j'avais renoncé à toute nourriture carnée, à toute boisson alcoolisée et à tout repas pris après le milieu du jour. Je ne me séparai jamais plus des trois vêtements monastiques, ni de la couverture de siège spéciale, ni du bol a aumônes que je m'étais procuré et que j'avais fait bénir .
Dès mon retour au pays, j'accomplissai la pratique de la prise des huit voeux avec Tchenrezi aux onze visages de la tradition de Palmo. Plus tard il m'est arrivé de poursuivre la pratique ne quittant pas mon siège durant cent jours, en y ajoutant un jour sur deux les voeux du jeûne et du silence. M'appliquant alors à la retraite de Tchiédorjé, je parvins à la récitation du nombre de mantras prescrits au bout de huit mois .
C'est au printemps de ma vingt et unième année que je me rendis à Dégué où j'eus l'extrême bonne fortune de rencontrer le deuxième Bouddha, Djamyang Tchientsé Ongpo. Ainsi se réalisait le sens de ma vie humaine .
J'obtins de ce Seigneur à deux reprises le développement de l'Esprit d'Eveil de la tradition du Madhyamika (dBuma), par deux fois également la récitation rituelle et l'explication des bons voeux de Maitreya (Byams pa), les bénédictions de Khatchiéma avec les explications et récitations rituelles par trois fois, trois fois aussi l'initiation ordinaire avec l'explication concernant la pratique de Tchenrezi dans l'union avec le Mahamudra .
Je reçus aussi l'explication résumée dite "dMar Khrid" du Grand Compatissant, l'expli-cation de la louange "Gang blo ma" de Djampaiyang, l'initiation ordinaire d'Arapatsa (Djampaiyang), ainsi que les bénédictions du Sakya Pandit uni avec Djampaiyang.
J'obtins de la bienveillance du seigneur religieux de Ngari, Kunga Djamyang, les initiations et récitations rituelles d'une dizaine de volumes de la "collection des Saddhana".
Revenu au pays, je partageai mon temps entre la pratique des retraites, l'étude des livres religieux et toutes sortes d'actions vertueuses.
A l'âge de vingt cinq ans, je retournai à Dégué où je rencontrai encore l'omniscient Dorjé Chang Tchientsé Ongpo dont j'obtins nombre d'enseignements .
J'écoutai auprès d'autres érudits les commentaires du Tchièndjou (sPyod 'jug), des trois voeux (sDom gSum), du Oumandjoupa (dBuma 'jugpa) et du Oumadjiène (dBuma rGyam) textes sur le Madhyamika, tout en m'efforçant à réfléchir sur leur sens .
Auprès du Djamguène Lama Lodreu Thayé, j'obtins l'initiation de Dorjé Chang précédent les 84 mahasiddhas, puis les bénédictions de chacun d'entre les 84, les initiations ordinaires du Yidam Miyowa et du Protecteur aux quatre bras, les explications des six Dharmas des Grands Siddhas avec les récitations rituelles des textes s'y rapportant. Je reçus aussi le Guru Yoga des Maîtres Marpa, Mila et Tapo, ainsi que le Phowa (transfert du Principe de conscience), les six dharmas, et les explications sur le Mahamudra, l'initiation ordinaire de Djampaiyang blanc puis encore les bénédictions de la pratique du Sakya Pandit uni avec Djampaiyang .
De retour chez moi, c'est du maître Lozang Djinpa que j'appris le traité sur la science des sons dit "sGra Kalapa" avec ces 25 chapitres dont ceux de Minglé, Kun Shé et Tritra. J'appris aussi la manière de noter les sons. Il m'enseigna le sens des trois chapitres de l'art des métaphores et je passai un examen prouvant que j'étais capable d'utiliser cet art aux fins d'enseignement et de composition littéraire. Je reçus aussi les explications du "Rintchen Djoungné" de l'art de la rhétorique .
Atteignant l'âge de 27 ans, je reçus au monastère de Ténedroupling (Tchiekundo) du maître Dorjé Chang Thartsé Djamyang Rintchen Dorjé, l'initiation ordinaire de Rithréma en préliminaire à l'enseignement complet et détaillé avec les récitations rituelles du Lamdré ("la Voie avec son Fruit") dit "Loshé" ("enseigné aux disciples"). Je m'appliquai après à la pratique. Pendant un certain temps, j'échangeai des enseignements avec ce Lama, lui en transmettant certains et en recevant d'autres .
Alors que j'atteignais l'âge de 36 ans, mon père mourut. L'automne suivant, je me rendis au monastère de Kalzang Guène où je reçus du Lama Tcheulha durant cette rencontre et d'autres, les initiations des sept mandalas de la tradition de Ngor, les bénédictions de Katchiéma avec l'explication résumée, et les initiations ordinaires du Maître Shal du moment de la réalisation. Je voyageai aux alentours de ce monastère, donnant moi même de nombreux enseignements.
De retour au pays pour l'hiver, trois évènements concoururent à ma décision: il y avait cette idée que je chérissais depuis longtemps de méditer durant quinze années le sens et les pratiques de la Voie avec son Fruit.
Puis la mort de mon père et celle du Lama incarné de Déjoung à la grande réputation Loungrig Nyima avant que je puisse réaliser mon intention de le rencontrer, provoquèrent en moi un grand dégoût du monde .
Et c'est ainsi qu'à l'âge de 37 ans et afin d'écarter tout obstacle à ma pratique, le premier jour du premier mois de l'année, je reçus du Seigneur Lama et grand Sage Kunga Nyima, les initiations ordinaires des dix Maîtres terribles .
Puis le troisième jour du même mois, j'entrepris de murer ma porte d'entrée et commençai ma retraite. Le serment et les prières que je formulai à cette occasion selon les paroles rapportées par son disciple sont les suivantes :
"Jusqu'à l'obtention de la patience envers les dharmas privés de naissance, puissé-je m'appliquant à la pratique dans le dévouement à autrui , rejeter toutes vaines actions et me nourrir de l'essence du nectar des trois solitudes (du corps, de la parole et de l'esprit). Puissé-je me préserver de l'influence de ces temps décadents où l'on voit beaucoup d'érudits se contenter d'une étude ou d'une méditation bornée, ne regardant que l'enchaînement des mots en oubliant leur sens. De telles méditations ne font que développer l'ignorance. Parvenant, grâce à l'étude et à la réflexion à trancher tous mes doutes (quand au sens) puissé-je regarder avec aisance tous les objets de connaissance, brandissant la bannière de victoire de la pratique parfaitement concentrée, puisse la distraction ne jamais surgir même un seul instant . De par la résolution de faire de mon corps et de ma vie, la cible (dût-il m'en coûter et mon corps et ma vie), je revêts désormais l'armure de la réalisation en cette vie, de la grande libération, brisant les liens des huit dharmas mondains, puissé-je devenir "le non agissant" aussi bien dans le nom que dans le sens. Conservant toujours l'amour et l'esprit d'éveil, puissé-je, grâce à cette voie rapide du profond Samadhi des deux processus, réaliser aisément dans cette vie même la 13ème terre de Dorjé aux triples immenses vertus (du Corps, de la Parole et de l'Esprit).
Rejetant toute préoccupation égoïste et parachevant toutes les vertus de compréhension, puissé-je, grâce à la divine pratique des quatre objets d'attraction pour autrui, établir dans le bonheur et le bien, les êtres de tous les univers. Réalisant, en vue du bien de la Doctrine et des êtres vivants le fruit de la pratique de la voie profonde, puissé-je en toutes circonstances, être victorieux de toutes les souffrances causées par l'armée des trois démons, extérieur, intérieur et secret."
Tel fut le serment effectué. Comme il faut toujours d'abord s'imprégner de l'exemple de la vie des Lamas de sa lignée et leur adresser ses prières, je commençai par offrir un million de prosternations, tout en récitant la louange dite "Shé djama" (la stance de louange à Sakya Pandita).
Je le fis en imaginant que toute l'assemblée des Refuges dont les Lamas racine et ceux de la lignée était concentrée dans le Lama de Djampaiyang (Sakya Pandita) tout au long de cette pratique, je me remémorai l'exemple de toutes leurs vies.
Puis progressivement, je m'appliquai à la méditation des voies de la "Triple Vision" tout en m'efforçant, dans les intervalles, aux pratiques d'accumulation comme les prosternations et aux purifications des obscurcissements.
Parmi toutes ces méditations, comme il est dit que c'est celle de l'impermanence qui est l'essentielle pour les débutants, je m'appliquai à cette méditation treize mois durant.
Je méditai aussi les autres thèmes et tout ceci me demanda trois années entières. Tout en méditant "la Triple Vision," je récitai deux millions trois cent mille refuges.
Alors que je méditais l'esprit d'éveil, on me rapporta que mon jeune frère Lédzin avait été blessé d'un coup de couteau par le jeune Ongtop de la famille de Trongouo. Mon esprit en fut tout d'abord profondément affligé .
M'efforçant à méditer l'échange (de bonheur et de malheur) entre moi et autrui, je ne pus d'abord y parvenir de la bonne manière.
Mais en poursuivant longuement mon effort de méditation envers Ongtop en particulier, je fus capable, au bout de quelque temps, sans aucun espoir de récompense fût ce même de la bouddhéité, de compassion pure envers cet être hostile. Et grâce à cette méditation, l'on dit que je parvins à prendre sur moi toutes ses souffrances, péchés et mauvais penchants .
Ensuite, en préliminaire à l'engagement dans la triple ligne, je commençai entre ceux de l'accumulation, la purification et la pratique, par le préliminaire de l'accumulation avec le yoga de l'offrande du mandala de l'univers.
Le seigneur du Dharma Sakya Pandita ayant enjoint pour le mandala extérieur, intérieur et secret, de ne pas utiliser un récipient d'un diamètre inférieur à une coudée, je ne cédai pas à la facilité et me servis donc d'un récipient d'une coudée.
Selon sa prescription de se servir de pierres précieuses pour en garnir le récipient de l'univers, je réunis différentes pierres d'or, d'argent, de cuivre naturel, corail, turquoise et autres onyx et les mélangeai aux petits coquillages qui formaient l'essentiel de mon offrande. Je pus aussi y mélanger les nombreuses particules de joyaux que je tenais du trésor du Précieux Djamguène Kongtrul .
Suivant toujours ces mêmes conseils prescrivant l'emploi du safran du cachemire dans l'eau de l'offrande, je parvins au prix de grandes difficultés à en réunir suffisamment et sans laisser un instant mon esprit vagabonder en de vaines pensées et distractions, je récitai un million de cette offrande du mandala.
Tout en frottant le plat servant à l'offrande, je développais le sentiment qu'ainsi je contribuais à effacer les péchés et obscurcissements de tous les êtres. M'y appliquant avec intensité, il advint que toute la peau de mon avant bras fut écorchée.
Autrement, lors des prosternations, je me servai de tout le beurre que m'apportait à manger ma famille, pour mes lampes a beurre. C'est ainsi que la peau de tous mes membres était toute crevassée. Lorsque ceci me causait d'insupportables souffrances, je m'entrainais à la pensée de prendre ainsi sur moi, les souffrances des trois mauvais états d'existence.
Lorsque la souffrance devenait trop difficile à supporter, je concentrai mon esprit sur la vision de l'indifférenciation du Samsara-Nirvana débutant avec l'étape de la vision de toutes les perceptions extérieures comme n'étant autres que l'esprit même (du percepteur).
Je réussis ainsi à faire s'évanouir toutes ces sensations de souffrance. A partir du moment où j'eus commencé ma pratique, un grand nombre d'obstacles divers se dressèrent sur mon chemin.
Par exemple, je fus la proie des poux et des puces qui me dévorèrent en produisant de gros boutons dont les démangeaisons étaient difficilement supportables.
La nuit, afin d'éviter de tomber dans le sommeil, je méditai parfois assis dans le vestibule sur une petite table carrée placée au milieu de la pièce (sans aucun mur pour s'adosser).
Une fois que j'étais ainsi assis, je vis au bout du tuyau de gouttière qui descendait du toit terrasse de ma maison de retraite, se poser un oiseau au corps comme celui d'un vautour et au cou long de plus de deux bras. Il se tourna vers le vestibule et émit un grand nombre de cris au son de "hé"
Une autre fois, alors que j'étais dans ma pièce de méditation, je vis par la petite fenêtre du toit, deux hiboux passer leurs cous et hululer en même temps. J'entendis aussi vraiment sur le toit terrasse de ma maison deux personnages, l'un un esprit masculin et l'autre une démone se tenir des propos licencieux et sensuels.
Exerçant alors ma vision, je m'appliquai à la récitation et la méditation du Grand Noir puis au rituel de destruction (des démons). Comme l'obstacle était de taille, je tombai cependant dans le sommeil et j'entendis alors, comme venant de derrière l'armoire où j'avais disposé les gâteaux du rituel, vers la tête de mon lit, la voix de Nyiga Rinpoché (Kunga Nyima) me commandant de ne pas céder au sommeil.
Cette impression me réveilla. Pourtant, je tombai encore dans le sommeil et de nouveau, j'entendis cette voix à maintes reprises. Je compris alors qu'il fallait me tenir sur mes gardes (pour ne pas tomber sous l'emprise des démons) et accomplis encore le rituel de destruction
Dans le rêve qui suivit (me voyant sous la forme du Grand Noir) je me saisissai d'un chat noir que j'écrasais entre mes paumes et que j'avalais ensuite. Mais aussitôt la pensée me vint que j'avais là commis une transgression fatale. La pensée que tuer un animal était une simple faute, mais non une transgression fatale me vint aussi
De nouveau, dans mon rêve, je voyais sous mon lit, un être d'apparence humaine, crachant toutes sortes d'invectives et de mauvaises injures. Je tendais alors la main sous mon lit, pour en retirer des morceaux de tissus déchirés de couleur rouge. Dans l'un d'entre eux était enveloppé, comme un enfant ne sachant pas encore marcher, que je frappai du poing et écrasai ensuite de mes pieds.
Aussitôt je me réveillai pris de peur à l'idée d'avoir commis une transgression fatale lorsque je compris qu'il ne s'agissait pas d'une telle chose (mais seulement d'un rêve) je fus tout joyeux. De nouveau reparti dans mon rêve, je revis les deux personnages, le roi et la démone, sur mon toit terrasse.
Accomplissant le rite de destruction, je vis alors la femme pleurant et se lamentant sur son sort, se jeter dans le vide dans des hurlements terribles. Devant cet obstacle du fait de ces deux personnages, je détruisis le roi, grâce à l'action terrible (des protecteurs) et la démone elle même, mourut probablement.
Durant tous ces jours et en comptant l'ensemble des récitations faites à maintes périodes différentes, j'étais parvenu au nombre total de un million huit cent mille récitations du mantra aux cent syllabes.
Puis, je m'entrainai à la vision de l'indifférenciation du Samsara-Nirvana selon les étapes successives. Entre le début et la fin de ma retraite, seize années s'écoulèrent .
Tout le beurre qui me fut donné comme nourriture et toutes les menues offrandes aux fins de prières pour le bien d'autrui, me servirent à la confection d'un grand nombre de lampes à beurre.
J'offris aussi l'eau à boire 800 000 fois en tout à raison de sept rangées de sept offrandes répétées trois fois par jour. Ces offrandes, je les accomplis tout en générant un esprit d'éveil et une visualisation développées.
Imaginant que le Lama Djampaiyang (Sakya Pandita) réunissait en lui même toute l'assemblée sans exception des Lamas racine et de la lignée du précieux Enseignement (la Voie avec son Fruit) avec les neuf déités de Tchié Dorjé et l'ensemble du Sublime triple Refuge, je récitai les diverses louanges à Sakya Pandita et plus particulièrement celle intitulée "Shédjama", pendant que j'accomplissais les prosternations. En tout, je me prosternai de cette manière, quatre millions trois cent mille fois.
Voici quelle était ma prière à ces moments-ci:
"Lama Djampaiyang, Sakya Pandita, afin de pouvoir réaliser tout ce que votre esprit désire, avec une foi sincère, je me prosterne devant vous qui concentrez tous les refuges. Je me réfugie en vous et je vous adresse ma prière. Que grâce à cette prière, je reçoive la bénédiction de l'obtention immédiate des deux accumulations, qui demandent autrement pour leur réunion, trois longs éons. Puissé-je recevoir la bénédiction de la purification immédiate de tous les péchés, obscurcissements, fautes et souillures avec toutes leurs tendances. Ayant reçu dans mon coeur les bénédictions du Lama Djampaiyang et ayant ainsi pu achever en un instant toutes les vertus de l'étude, la réflexion et la méditation, puissé-je devenir capable d'accomplir immensément le bien de la Doctrine et celui des êtres vivants."
A ce moment, de nombreux signes de réunion des accumulations ainsi que de purification des obscurcissements, se produisirent . C'est ainsi qu'en particulier, j'eus un soir un rêve, dans lequel j'étais engagé comme dans la journée, dans les prosternations et la récitation de la louange "Shedjama". Je vis l'image dessinée du Lama Djampaiyang me suivre du regard souriant de ses yeux.
Comme je songeais alors qu'il s'agissait certainement d'un rêve, son visage s'épanouit d'un sourire et le dessin de sa bouche rouge arrondie comme un lotus, révéla ses dents blanches. Il s'apprêtait à rire quand, plein de ferveur et de dévotion, je me mis à répéter d'une voix claire les paroles de prière précédemment citées. Il inclina alors trois fois la tête.
A cette époque, voici ce que je compris de cette vision: Le regard souriant signifiait que, de ses yeux de sagesse omnisciente, il voyait tout sans obstacle. La bouche souriante indiquait son inlassable compassion et amour. Quand à sa tête qui, par trois fois s'était inclinée, je songeai que cela voulait dire que sa divine activité accordait la réalisation du fruit des objectifs souhaités dans ma prière.
Mais il est dit dans le Sutra gSer 'od Dampa que le visage épanoui et souriant de l'image dessinée de la Déité de pratique présage l'obtention d'une prophétie. C'est ainsi que je vis surgir un rayon de lumière blanche, de la bouche du Lama Djampaiyang.
Plusieurs fois dans des rêves, je vis très clairement le Lama Djampaiyang bouger les doigts de ses mains tenues dans le geste de l'enseignement du Dharma.
A ces moments, je pensai qu'il ne s'agissait pas là d'un rêve et m'émerveillais de la réalité d'un tel signe, me demandant si cela signifiait que viendrait le temps de faire prospérer la Doctrine par l'enseignement, ou bien si de telles choses n'étaient que la conséquence de la lecture du récit de la vie de Mangtheu Loudroup Djiamtso.
Chaque jour j'accomplissais au plus quatre mille prosternations ou au moins trois mille d'entre elles. Je n'oubliais jamais à la fin les prières et les souhaits de dédicace en accord avec les paroles de ma prière précédemment citées, les formulant avec force et dévotion, priant pour qu'elles deviennent vraies.
Un soir où je venais de m'endormir, à plusieurs reprises, j'eus la sensation de ne faire moi même plus qu'un avec le Lama Djampaiyang en face de moi.
Avant ma retraite, lors de l'anniversaire de célébration du Lama Djampaiyang qui se déroulait le 14ème jour du mois du milieu de l'hiver, après avoir fait une toilette matinale, j'avais avalé une pilule de Djampaiyang que m'avait donné le Seigneur Tchientsé, puis j'avais consacré ma journée à la récitation du rituel d'offrandes au Lama Sakya Pandita avec Djampaiyang, tout en priant avec grande ferveur.
Et le même soir en rêve, je vis quelqu'un m'offrir une fleur de Lotus de la couleur de l'or, faite de farine aux multiples pétales extérieurs et intérieurs, dont chacun était marqué du dessin en relief du mantra Arapatsa. L'ayant avalée, je rêvai que mon corps tout entier était alors empli de ce seul mantra.
Ce rêve dura toute la nuit. Il pouvait présager l'obtention d'une mémoire infaillible mais comme ce pouvoir me semble inaccessible, ce rêve ne doit probablement être qu'illusion.
Un autre soir, en rêve, je vis le grand Satchen avec ses deux fils et le seigneur du Dharma (Sakya Pandita) accompagnés d'un disciple dont je me demandai s'il s'agissait de Kar Shatchia Tra.
Du dessus de mon armoire à gâteaux rituels, se tenait aussi Rabjam Tcheu Djé (fondateur du monastère de Tharlam) qui commença par me présager un certain nombre d'obstacles. Finalement, une guirlande d'écritures surgit de son trône de lotus et la déchiffrant, j'y découvris ce nom de Kar Shatchia Tra.
Je pensai qu'il devait s'agir d'une prophétie concernant l'identité d'une de mes existences antérieures.
Plus tard, alors que je séjournais au monastère de Thrindu Kalzang, sous l'effet d'une mauvaise nourriture, je fus pris d'une violente maladie.
A la même période, je vis en songe le corps de Ngortchen Dorjé Chang tomber en poussière. Mon esprit s'en affligea pensant que c'était là le signe de ma mort prochaine.
Mais trois jours plus tard, j'eus la vision du Seigneur Dorje Chang (Kunga Zangpo) dans le ciel devant moi et lui adressant mes prières, je vis qu'il était dans toute la splendeur de sa jeunesse, vêtu d'atours majestueux. Et je compris que, bien que gravement malade, mon heure n'avait pas encore sonné.
A une époque où d'importants obstacles s'accumulaient, je rêvai de l'assemblée de la lignée des Lamas du Lamdré, d'où disparut soudai-nement le vénéré Trapa Djialtsen.
A un autre moment toujours aussi défavorable, je rêvai aussi de la disparition de la statue de l'omniscient Kentcho Lhundroup du temple des statues d'or du monastère de Ngor.
Plus tard encore, un de mes disciples me dit qu'il avait rêvé d'une statue du grand Satchen merveilleuse et rayonnante, dont la tête s'était détachée.
Je m'émerveillai de la protection en toutes circonstances que m'accordait, comme à un fils unique le Protecteur de Gur qui dissipait les obstacles et qui, au vu de son importance, devait sûrement signifier que j'avais dans des existences passées, contribué au développement de la doctrine des Sakyapa et qui voulait dire qu'il me fallait encore continuer dans cette vie à faire rayonner cette même Doctrine.
Mais malheureusement la grossièreté des cinq poisons des mauvais penchants de mon esprit ainsi que mon absence de tout progrès dans l'étude, la réflexion et la méditation, de même que mon manque de toute connaissance théorique et de réalisation, tout cela rendait cette éventualité peu probable et faisait ressembler ces signes à une illusion.
Lors de ma retraite, alors que durant plusieurs jours de suite, j'avais, formulant de nombreuses prières, consommé chaque jour une pilule dite "accordant la réalisation des souhaits" issue d'un trésor découvert par Kong Trul Dorjé Chang, j'eus ensuite un rêve: Alors que je me trouvais en compagnie du Seigneur Lama au nom de Surya, ce seigneur me fit don d'encre, et d'une statue de Djampaiyang à l'éclat majestueux.
Je demandai encore une autre bénédiction et le Seigneur Lama Ngaong Shédroup Djiamtso me fit alors don, d'entre son coeur, sa langue et ses yeux, de ses yeux qu'il déposa dans ma main.
Demandant encore un chapelet du Seigneur Lama, il me donna la boule de tête de son propre chapelet et je ressentis le caractère symbolique de ce don (la boule de tête signifiant l'ensemble du chapelet).
Ayant ainsi tenu mon serment de pratique durant seize années, j'entrepris de combler les désirs et aspirations d'autrui à mon enseignement.
C'est ainsi que je donnai neuf fois l'enseignement de la Voie avec son Fruit dit "Lopshé" (l'enseignement au disciple), par douze fois les bénédictions avec l'explication complète de Khatchiéma, dix fois je transmis l'initiation ordinaire extérieure avec l'explication du Protecteur Tradzongma, trois fois les initiations des cinq mandalas des Protecteurs, huit fois l'initiation de Dorjé Djigdjé aux neuf déités de la tradition de Ra Lotsawa avec l'explication dite "la tenue de l'esprit sur les cornes", trois fois l'initiation avec l'explication de Djigdjé aux treize Déités de la tradition de Tsar, huit fois l'initiation ordinaire avec l'explication de Dolma blanche aux six rayons de lumière, une fois la "collection de toutes les Saddhanas".
Conformément aux désirs des disciples, je donnai aussi un nombre infini de divers enseignements tels qu'initiations, explications et récitations rituelles. Je les transmis dans le seul désir de faire du bien à la Doctrine et aux êtres vivants, transmettant la seule lignée des paroles (la modestie habituelle du Lama nous fait entendre qu'il se contente de cette seule lignée et qu'il ne prétend pas transmettre la lignée du sens).
Je n'aspirai qu'au seul bien des disciples par le don de l'enseignement et autres dons matériels, sans songer à m'attirer les faveurs de quiconque.
Quand à mon action matérielle, je fis ériger dans ce monastère un merveilleux temple aux trente six colonnes. Ce temple contenait à l'intérieur une immense statue de cuivre dorée du Sublime Maître le Bouddha, d'une hauteur de trois étages flanquée à droite par la statue du Seigneur du Dharma Djampaiyang Sakya Pandita et à gauche par le Victorieux Dorjé Chang Kunga Zangpo, chacune d'une hauteur de deux étages et d'une magnifique facture.
Un grand nombre d'autres supports du Corps, de la Parole et de l'Esprit, les complétaient.
Devant cet autel, je fis fabriquer neuf très grandes lampes à beurre tout en argent, ayant nécessité chacune l'emploi de deux "Diltsé" d'argent Chinois (unité de mesure équivalent à 150 pièces de monnaies) ainsi qu'une centaine de plus petite lampes toujours en argent du poids de dix "sang" d'argent chacune (une autre unité monétaire).
Et je fis aussi fabriquer un grand nombre d'objets cultuels. Je fis ériger un Temple aux Protecteurs comprenant deux piliers, un temple aux vingt colonnes destiné à recevoir les écritures saintes du "Kandjiour" ainsi qu'un grand nombre d'autres chapelles aux différents étages. Je pense avoir pu réciter dix millions du Mantra "Mahakala" du Protecteur ainsi que plus de deux millions de fois celui dit "Shassana"
A cette période de ma vie, lorsque ma diligence à la pratique était troublée, j'entendis souvent une voix m'enjoignant la nécessité de la diligence et lorsque mon esprit était distrait, une voix m'interdisant la distraction. Lorsque la clarté de ma récitation du mantra faiblissait, la voix de la (déité) me disait de réciter clairement et me faisait entendre la nécessité d'une pratique et d'une récitation pure du Protecteur, me ramenant sans cesse sur la voie de la vertu.
Une fois que je me rendais à Dégué, je m'arrêtai un jour au carrefour de la route menant vers le col de Marang du pays de Ngouzi, non loin d'une source chaude. Et en rêve, je vis le corps du Protecteur emplissant tout l'espace et dans tout l'éclat de sa majesté, d'une majesté qui m'écrasait de son ombre. Lorsque ce sentiment se dissipait et que j'osais encore contempler une partie du corps du Protecteur, de nouveau ce sentiment d'écra-sement me saisissait. Ceci se produisit plusieurs fois.
En résumé, cette histoire de ma vie jusqu'à maintenant que j'ai brièvement raconté, fut composée à la prière répétée du fils de mon coeur, le Tulkou (Adjam) Djamyang Kunga Tènepai Djialtsène.
Cette conversation entre père et fils (maître et disciple) n'a pas à être rapporté à autrui. Bien que je ne possède aucune caractéristique de connaissance théorique ou de réalisation, le peu que j'ai compris de manière correcte sur le sens de la pratique, en ayant développé un esprit pur, comme le peu de bien que j'ai pu faire à autrui par des dons du Dharma ou matériels, ne proviennent, à mon avis que de la compassion et des bénédictions du Seigneur du Dharma Djampaiyang (Sakya Pandita) et du Grand Mahakala.
Ici se terminent les paroles rapportées par le Seigneur Lama lui même concernant sa vie et que j'ai couchées par écrit.
Voici maintenant d'autres paroles qu'il m'adressa à divers moments et que je rapporterai sans en exagérer ni en minimiser le sens.
Un jour je demandai au précieux Lama: "Puisque Vous aviez fait le serment de ne pas quitter la retraite avant d'obtenir "la première terre" de réalisation avez vous pu l'obtenir réellement?"
Il me dit : "Je n'ai pu obtenir un tel résultat. Jusqu'à maintenant, grâce à ma pratique, j'ai pu parvenir à fouler "la limite de réalisation", mais espèrant que cela profiterait à la Doctrine, je me suis consacré à enseigner le Dharma et cela a été un obstacle à ma pratique. "Bien qu'à ce moment là donc, il n'ait pas avoué sa réalisation (attitude très courante chez les Grands Saints Tibétains), il n'y a pourtant aucun doute quant à sa réalisation de la Suprême Sagesse Transcendantale.
Le Seigneur me déclara: "Bien qu'au début de ma pratique, mon esprit soit encore entaché de mauvais penchants, maintenant je suis complètement libéré de tout cela ainsi que de toute mauvaise tendance induite."
Et il m'expliqua comment ce résultat était dû à sa manière de pratiquer.
Voici ses propres paroles: "Ayant tout d'abord décidé de garder un respect absolu des voeux et engagements de l'entrainement éthique, il m'est arrivé plusieurs jours durant, l'heure de midi ayant été dépassée, de me passer de tout repas du midi et du soir. (l'un des voeux des moines bouddhistes étant de ne prendre aucune nourriture solide après le milieu de la journée).
Bien que je m'efforçai ainsi avec diligence (envers la pure discipline), comme je n'avais pas autour de moi de compagnon partageant les mêmes nobles habitudes que celles des moines de l'Inde ancienne, je ne pus parvenir à égaler la vertu de ces moines des temps anciens. Cependant, je pus garder conformément à la règle et selon la connaissance que j'en avais, tous les engagements plus ou moins importants comme les dix sept pertes, etc...Et je m'habituai à m'en souvenir en toutes circonstances, même dans les rêves.
Reconnaissant le dégoût du monde pour être le point essentiel de tous les voeux, j'entrainai mon esprit au dégoût du Samsara.
Comprenant que la naissance de l'esprit d'éveil était la racine même de la voie du Grand Véhicule, je cessai de me préoccuper de moi même et m'entrainai jusqu'à ce que naisse envers les êtres hostiles eux mêmes, le véritable esprit d'éveil de l'échange de mon propre bonheur pour leurs souffrances.
Réfléchissant, qu'afin de mener à bien la pratique, les facultés d'effort et de courage étaient essentielles, j'accordai de l'importance aux plus petits détails et impératifs de la pratique. J'ai ainsi durant deux cents jours de suite pratiqué le rituel de jeûne associé à la méditation de Tchenrézi (pratique de "Nyoungné")
Il m'est arrivé aussi, lors de longues retraites, de passer plusieurs jours sans défaire ma ceinture (afin de ne pas dormir) et au début, un grand nombre d'obstacles extérieurs et intérieurs se manifestèrent.
Il y eut par exemple, une invasion de poux à un point tel que j'avais le sentiment que je pourrais en saisir une pleine poignée rien qu'en passant la main sur mon corps . Sans parler même de viande ou de bière, j'utilisais tout le beurre que j'avais pour les lampes d'offrande.
L'esprit imprégné de l'exemple des épreuves endurées par les grands Sages du passé, tels que le vénéré Milarépa et les autres, je m'efforçai au courage, sans souci de ma vie ou de mon corps, et lors des prosternations ou de l'offrande du mandala de l'univers, m'entrainai à supporter toutes les souffrances, jusqu'à ce que naisse une grande patience.
La peau de mes membres était écorchée et les forces de mon corps ayant beaucoup diminué, chaque fois que ma mère m'apportait à manger par l'ouverture réservée à cet effet, elle se mettait à pleurer sans pouvoir se contrôler, dès qu'elle m'apercevait.
Moi même, chaque fois que la souffrance devenait difficile à supporter, à l'exemple du sage Tchamétène lors de sa pratique des proster-nations qu'il avait accomplies avec la récitation de cent mille "confessions des manquements", je me disais ceci:
"Alors que tous les êtres qui se trouvent au sein des trois mauvais états d'existence doivent endurer toutes les souffrances et ceci sans aucun profit pour personne, pourquoi quelqu'un comme moi ne pourrait-il endurer cette souffrance-ci, alors qu'elle a en vue le bien de tous les êtres vivants!"
Je m'entrainais de cette manière, songeant: "Ces souffrances ne sont qu'illusion de mon esprit" et comme l'esprit n'a aucune essence qui soit stable ou réelle en quoi que ce soit, je m'efforçais de conserver cet état de vision de l'identité du Samsara-Nirvana dans lequel même le simple nom de souffrance se dissolvait (dans la vacuité).
Afin de réaliser la Bouddhéité en une seule vie, je comprenais qu'il fallait posséder un enseignement efficient aux quatres caractéristiques de la lignée orale, tel celui de la Voie avec son Fruit.
Ne trouvant personne de qui espérer une réponse pour m'en expliquer les points profonds, je préférai adresser mes prières ferventes à celui qui est la forme même de la sagesse de tous les Bouddhas, le grand Djampaiyang Sakya Pandita sans différence avec le Lama racine.
Je parvins ainsi, grâce à lui, à obtenir une confiance et certitude inébranlables envers tous les objets de connaissance en général et en particulier envers les points de la profonde lignée orale des Sakyapas .
Dans cette tradition qui est celle des glorieux Sakyapas, deuxièmes Bouddhas, qui concentre la pratique de toute la Doctrine et qui permet d'enseigner à la fois les disciples inférieurs et supérieurs, il est nécessaire de s'entrainer progressivement à la vision, la méditation et l'action.
En ce qui concerne la vision de l'indifférenciation Samsara-Nirvana, j'en étudiai le sens principalement dans le traité racine et les commentaires du Rintchen Nang Wa ainsi que dans d'autres traités explicatifs.
Quand à la pratique de la méditation, je consultai les Tantras, les écrits des Vénérés Lamas Fondateurs ainsi que tous les écrits du cycle des enseignements de Tchié Dorjé, traduits du Sanskrit en Tibétain et qui se trouvent maintenant au rang du Tène Djiour. J'étudiai aussi longuement les textes des Grands Etres de Sakya, Ngor et Tsar que j'avais pu me procurer.
Sans me satisfaire de la seule connaissance livresque, m'appliquant à toutes les visualisations de la plus importante à la plus minime, comme par exemple, l'application des moyens purificateurs appropriés aux bases à purifier, etc.., Je pus trancher tous mes doutes.
M'appliquant scrupuleusement à la pratique et bien qu'une seule période de méditation du "moment de la voie" (pratique de Tchié Dorjé) me demandât environ une demi journée entière, je ne cédai pas à la facilité et m'efforçai de garder un esprit parfaitement concentré, sur la méditation du sens des paroles récitées.
Tout d'abord, lors de ma tenue de l'esprit sur le processus de développement, je gardai l'esprit longuement fixé sur l'oeil central (de la Déité). A ce moment divers troubles étant apparus, Tchientsé Rinpoché m'expliqua comment les faire dispa-raître, ce qui se produisit.
De manière générale lorsque la fierté (d' être la Déité) est fermement établie, la forme devient claire d'elle même. Puis alors que la perception claire du support et de la Déité s'y appuyant, s'était établie, de nouveau quelque temps après, elle s'obscurcissait.
A ce moment, comprenant que ces pensées de clair ou de non clair n'étaient que préjugés et qu'elles n'avaient aucun fondement dans la vision profonde, je m'appliquai à méditer en mêlant méditation et vision et ainsi ma méditation du processus de développement grossier devint elle, fermement établie.
Des deux manières de procéder qui existent dans cette tradition, à savoir la méditation une par une à la suite, des diverses voies des quatre consécrations et la méditation dans la seule voie de la consécration du vase, des sens profonds de toutes les autres consécrations supérieures, je procédai selon la deuxième.
Lors par exemple, de la visualisation des différents points de la méditation, je méditai en y associant l'ensemble des trois groupes des cinq bases à purifier, soit quinze au total.
Pour la pratique du mandala du corps également, comprenant que tous les sens de la totalité des enseignements de la Voie avec son Fruit, y étaient inclus, je pratiquai dans l'union des processus de développement et de résorption.
C'est de cette manière que la méditation du processus de développement subtil (dans tous ses détails) devint fermement établie.
Toutes les Déités étant clairement méditées, lorsque plus particulièrement, je méditai aux deux centres de la gorge et du centre secret, la Déité principale de la taille d'un grain d'orge et les Déités de l'entourage chacune de la grosseur d'une graine de moutarde, je m'y appliquai jusqu'à ce que surgisse la méditation dans tous ses détails, jusqu'à voir très clairement les yeux de ces Déités sans en confondre le blanc avec le noir, jusqu'à distinguer séparément chacun de leurs cheveux, jusqu'à voir chacun de leurs ornements d'os, aussi clairement que des perles enfilées sur un fil rouge.
Tout d'abord, méditant la Déité avec un corps de taille humaine dans un réceptacle de la grosseur d'un chas d'aiguille, lorsque le doute quand à la possibilité d'une telle méditation surgissait, je le purifiais en lui apposant le sceau de la vision connaissant tous les dharmas comme illusion mensongère.
Autrement je m'entraînai parfaitement aux méditations du corps illusoire, de la claire lumière et des rêves. Et je cultivai la vigilance dans la moindre de mes actions.
Pratiquant de cette manière durant longtemps, je pus grâce à la compassion de la Déité et du Lama obtenir une indestructible confiance dans la profonde chaîne de production inter conditionnée intérieure.
C'est ainsi que disparut toute raison de méditer comme distincts, le développement de la déité devant soi et celui en soi. Les objets perçus se confondant avec l'esprit percepteur, tout obscurcissement de la dualité sujet-objet, disparut. Je fus capable de demeurer dans l'état de la Sagesse Transcendantale de l'indifférenciation pensée-vacuité, mais sans cependant pouvoir durablement en conserver le cours.
Pourtant, m'entraînant pendant longtemps à cette voie avec les quatre lignées orales, je reconnus parfaitement la vision de l'indifférenciation du Samsara-nirvana.
Maintenant, alors qu'appliquant les moyens purificateurs aux bases à purifier, je médite en mêlant la base, la voie et le fruit, je parviens, sans qu'il s'agisse d'un effet laborieux de la pensée à établir les couleurs convenables, à la certitude reconnaissant la surgie naturelle du Corps de la Déité pour être aussi la sagesse Transcendante.
Et quelque soit la vitesse à laquelle je récite les paroles "du moment de la voie", lorsque je médite la roue de protection, je suis capable d'anéantir l'ensemble des quatre démons; par le divin palais de la Déité, je puis reconnaître en un éclair de ma pensée la présence des 37 dharmas, de la direction de l'Eveil.
Je n'ai plus besoin des diverses étapes et exemples pour l'indifférenciation du Samsara-Nirvana, mais cette vision s'établit justement d'elle même par la force de la chaîne de production inter conditionnée intérieure.
Lorsque je transmets à autrui l'initiation de la voie, je puis amener devant l'esprit-Dorjé au centre du coeur de mon corps qui est la Déité de la taille d'un homme, l'ensemble des vingt-cinq disciples, chacun aussi de la taille d'une pomme, et me les représenter très clairement, sans être troublé par aucune préoccupation (concernant leur trop grande taille par exemple).
Ainsi furent quelques unes des paroles du Lama.
Le Seigneur Lama s'adressa aussi à son disciple, l'érudit Lama Tcheu Phel:
"Si l'on comprend le sens de cette vision de l'indifférenciation du Samsara-Nirvana, il n'y a plus d'obstacle à la méditation des processus de développement et de résorption. Par exemple, lors de la méditation de la protection, je puis faire tenir très clairement sous le Houng au renflement-nombril du Dorjé du centre du coeur, l'ensemble des quatre régions de la province de Ga, sans que le renflement du Dorje ne paraisse trop petit ni que la province de Ga ne soit trop grande."
A d'autres moments, il dit à quelques uns de ces disciples:
"Maintenant contemplant dans sa nudité la sagesse Transcendente de la Pensée, aucune distraction extérieure ne peut me perturber. Même si je me mettais maintenant à consommer viande, bière et autres, cela ne me nuirait en rien; pourtant craignant que cela puisse nuire à la bonne réputation de la Doctrine, je continue de m'en abstenir."
Quand à ses attitudes selon les circonstances, lorsque des personnes venaient pour le rencontrer, il donnait souvent l'impression de s'endormir par moments, mais en fait, c'était dans cet état de claire lumière qu'il percevait, sans obstacle ni voile, les actions d'autrui et qu'il recevait aussi les enseignements .
Cela put-être constaté par le Grand Maître le Lama Djamyang Djialtsène, qui le rapporta de vive voix, ainsi que vérifié par un grand nombre de ses disciples.
Il se tenait souvent dans son appartement, la tête enveloppée dans son vêtement et un jour qu'il était ainsi, il nous dit (longtemps avant l'événement):
"Pour quelle raison le Lama Tcheu Phel est-il en route pour venir me voir?"
Une autre fois qu'il était dans le monastère, il nous dit entendre très loin (hors de portée d'une oreille humaine) sur la route circulaire autour du monastère, quelques personnes y circulant tout en médisant des actes du Lama, c'est-à-dire de lui-même.
Généralement le Seigneur Lama tenait secrètes ses propres vertus sans jamais en parler, mais quelquefois avec ses disciples de Dorjé le servant depuis longtemps, il laissait échapper des paroles révélatrices.
Si l'on résume grossièrement comment il possédait les bénédictions de la Déité et du Lama et sa connaissance infaillible des trois temps, il dit dans son propre récit autobiographique que les visions et l'attention que lui accorda Djamyang Sakya Pandita ne furent que des rêves, alors qu'en réalité, il rencontra bien réellement ce grand Etre qui, à maintes reprises, lui accorda sa protection.
En effet, quand des personnes lui demandaient: "Vos richesses sont gaspillées (car il ne s'en occupait pas), n'avez vous pas pitié de tous ces généreux donateurs?"
Il répondait: "Rien de fâcheux ne peut leur arriver; au contraire, j'ai la parole du Lama Djampaiyang Sakya Pandita, de protéger et bénir tous ceux qui d'une manière quelconque me sont liés."
A ce moment où j'avais beaucoup de rêves agités, je demandai par écrit au Lama, un moyen pour les faire cesser et le Seigneur Lama me répondit ceci:
"Hier au soir, j'ai vu Djamyang Sakya Pandita avec le protecteur à sa droite et cela signifie que rien de fâcheux ne surgira en réponse à tes rêves; si tu t'efforce assidûment (au Dharma) c'est le signe que tu pourras surmonter tous les obstacles."
Il dit aussi: "Lorsque j'ignorais les sens profonds d'enseignements des Sutras et des Tantras, je priais le grand Seigneur du Dharma et aussitôt je comprenais le sens."
Une autre fois, alors qu'il avait vu sa chambre emplie d'yeux, ce qui était signe d'obstacle, il s'était employé à repousser les dangers, méditant le Seigneur du Dharma au sommet de sa tête et tous les yeux s'étaient fondus en toutes sortes de couleurs, comme s'évanouit un arc en ciel.
Il récita en tout environ huit millions de fois le mantra de Dolma Blanche et il répétait souvent que jamais une de ses retraites, ne fût ce qu'une retraite de sept jours, ne s'était terminée sans qu'un signe de la bénédiction de cette suprême Déité ne se soit manifesté.
Particulièrement lors de sa longue retraite, alors qu'un grand nombre d'obstacles se présentaient, il entreprit et mena à bien une retraite approfondie des trois pratiques extérieure, intérieure et secrète concernant Mahakala.
De sa bouche même, il eut ces paroles:
"Il y a trois sortes de personnes en relation avec la pratique de ce Protecteur: certains sans même le pratiquer, le réalisent, d'autres le pratiquant, parviennent à le réaliser et enfin il en est qui même en le pratiquant, ne parviennent pas à le réaliser. J'appartiens quand à moi, à la deuxième catégorie. En tous temps et circonstances, ce protecteur m'a gardé des dangers, m'a incité à la vertu et m'a comblé de ses conseils prophétiques sur la voie à suivre."
Chaque fois que surgissait soudainement la vision du corps du Protecteur, le Lama répéta à plusieurs reprises que cela signifiait qu'il devait se mettre à le pratiquer.
Une fois qu'il se trouvait au monastère de Dzongsar, il vit sur un des chemins le Précieux Djamguène Kong Trul qui venait de cracher sur une pierre; aussitôt le Lama (Ngaong Lépa) se précipita en proie à une fervente dévotion, songeant qu'il s'agissait d'une vraie incarnation du Lama Djampaiyang Sakya Pandita et après avoir totalement léché ce crachat, il rapporta qu'une grande sensation de bénédiction l'avait envahi.
Alors qu'il se trouvait au monastère de Dzongsar en train de transmettre à l'incarnation de Tchientsé, le jeune Djamyang Tcheu Tchi Lodreu ainsi qu'à d'autres, l'enseignement de la Voie avec son Fruit "enseigné aux disciples", il séjourna en retraite durant sept jours dans l'appartement de Tchientsé; pendant ce séjour, il eut par trois fois la vision de Djamyang Tchientsé Ongpo entouré des huit Protecteurs.
Il pensa que le Lama se réjouissait de ce qu'il donnait ainsi à sa propre incarnation l'ensei-gnement de la Voie avec son Fruit.
Un jour, il raconta, qu'alors qu'il donnait pour la huitième fois au Lama Tcheu Phel et à d'autres le précieux enseignement et que s'achevait l'étape d'explication de la Vision Profonde, tous disciples et Lama se mirent à avoir des rêves agités, ce qui était signe d'obstacle.
Pendant trois jours ensuite, tous s'emplo-yèrent aux méthodes pour détourner les obstacles. Pendant ce temps, alors que le Lama Dorjé Chang s'apprêtait lui même à une retraite sévère, dès le premier jour suivant, il appella le Lama Tcheu Phel, lui disant: "J'ai pu détourné l'obstacle; Mahakala est vraiment pour moi d'une bienveillance inestimable. Depuis que je vous ai rencontré pour la dernière fois à Minyag jusqu'à maintenant, c'est par trente fois environ qu'il m'a montré son visage en rêve ou à l'état de veille et qu'il a détourné les obstacles."
>Au pays de Déjoung, alors qu'il donnait le cycle du Dorjé Trengwa en utilisant les notes du Thartsé Pantchen, il déclara d'abord ne pas savoir lire à partir de ces notes, mais dès le lendemain il dit: "Hier soir, j'ai rencontré Rapjam (le fondateur du monastère de Tharlam) et j'ai parfaitement saisi le sens et les paroles de cet enseignement, je puis maintenant vous le donner."
Un autre jour, il dit encore au Lama Tcheu Phel alors qu'il donnait le Précieux Enseignement (Lamdré) à plus de cinq cents personnes au monastère de Rikhu au Minyag et que celui ci au bout de douze initiations, l'ayant vu préparer et transmettre jour et nuit sans relâche les initiations, était venu s'enquérir de sa fatigue:
"Je ne suis pas du tout fatigué, mais très heureux au contraire, restez ici. Ce matin alors que j'accomplissais la préparation du Mandala, j'ai eu la vision de la réelle présence de Tchié Dorjé aux neuf Déités dans leur divin Palais. Mon corps et mon esprit s'emplirent d'une joie et d'un bonheur ineffables. Bien que la période à laquelle nous vivons soit mauvaise, la lignée de bénédiction de ce profond enseignement reste pourtant intacte."
Alors que moi même étais frappé d'une longue maladie, incapable de la supporter plus longtemps, j'envoyai le Lama Kunzang requérir sa protection et son aide. Le même soir, je rêvais des huits Protecteurs s'envolant dans le ciel. Contemplant Poutra, sans pouvoir supporter >l'éclat de sa majesté, je fermai les yeux et aussitôt la vision disparut.
Plus tard lorsque je rencontrai le précieux Lama, il dit aussitôt:
"Je t'ai confié avec insistance à la protection et aux bons soins des huits Protecteurs. Poutra a manifesté quelque déplaisir à ton endroit."
Un jour où j'étais en sa présence, il me demanda si je désirais entendre une histoire un peu folle. Je répondis par l'affirmative et il me raconta alors:
"Hier soir, six hommes sont arrivés chez moi et je leur demandai: Comme j'espère que Kunga Djialtsène (Tulkou Adjam) pourra faire progresser la Doctrine, je vous demande de le protéger et de ne pas permettre qu'on attente à sa vie."
Ils acquiescèrent, puis deux nouveaux personnages entrèrent auxquels je demandai cette fois de veiller à ce que la promesse des six premiers soit bien tenue. Ils répondirent aussi favorablement. "Sais tu ce que tout cela veut dire? "J'avouai alors mon ignorance et plus tard, le Lama me révéla le sens de cette vision.
Il était évident sans aucun doute possible que l'océan des Protecteurs l'accompagnait toujours, prêt à répondre à ses moindres désirs.
A une certaine époque de sa vie, quand des signes d'une mort prochaine apparurent, il n'avait pu les renverser, malgré sa pratique de Dolma Blanche. C'est alors qu'il se mit à méditer devant lui la montagne "couleur de cuivre" (nom du Paradis de Guru Rinpoché), contenant et contenu ensemble, en priant du fond de son coeur.
Ayant récité dix mille mantras "Siddhis", Guru Rinpoché dans son paradis et avec son entourage, lui apparut clairement.
Cette vision produisit le renversement des signes intérieurs concernant le souffle et après s'être mis à la pratique pour accroître la vie dite de "Drami Nyène", il obtint le plein succès et déclare avoir mis fin aux obstacles menaçant sa vie.
Il eut une fois ce rêve là:
Alors qu'il arrivait au monastère de Ngor, il vit les bannières de victoire qui, d'habitude ornent les toits des temples, toutes à terre sauf celle du temple dédié au Lamdré, encore en place. S'avançant devant l'image de Birwapa peinte sur le mur il lui offrit une lampe à beurre et le pria afin que cette doctrine du précieux enseignement (le Lamdré) se répandît largement dans toutes les directions.
Une réponse lui parvint:
"Désormais, je ne reviendrai au Tibet que deux fois. Il parait difficile que cet enseignement puisse ainsi se répandre dans toutes les directions."
Se fondant sur ces paroles, il en déduisit que la plupart des enseignements relatifs aux soixante douze Tantras (transmis par Birwapa à Satchen Kunga Nyingpo) disparaîtraient tandis que la Doctrine du Précieux enseignement persisterait durant deux générations.
Je résume ainsi l'essentiel des paroles abondantes qu'il prononça à ce sujet.
Si l'on évoque maintenant sa connaissance sans entraves des trois temps, voici ce qui concerne sa mémoire, quand à ses précédentes incarnations.
Dans sa vision de Rap Djampa (le fondateur de Tharlam), celui-ci lui présentant une écriture lui déclara qu'il était une renaissance de Kar Shatchia Tra qui était un disciple à la fois de Djétsune Trapa et du Seigneur du Dharma Sakya Pandita.
Le Seigneur Lama lui même déclara donner la permission à ceux d'entre ses disciples qui avaient en lui une foi profonde de le prier de cette manière:
"Prions le seigneur du Dharma, le Maître de Ga, qui est l'émanation présente sous la forme d'un Détenteur du Dorjé du maître de Kar Shatchia Tra, le noble fils spirituel des vénérés oncle et neveu de Sakya des temps anciens."
Il déclara aussi à son disciple Détenteur du Dorjé, le Lama Dawé, se souvenir être lui même une renaissance de Trong Tsulthrim Djialtsène, qui était le disciple de Rap Djampa Kunga Yéshé.
A moi aussi, il me rapporta que longtemps auparavant, prenant connaissance au monastère de Tharlam de la biographie de Rap Djampa, sous l'effet d'une intense dévotion, il avait perdu connaissance et s'était alors souvenu être lui même le disciple de Rap Djampa.
Lorsqu'il donnait l'enseignement de la Voie avec son Fruit au monastère de Trama Gang, il me rapporta s'être alors souvenu clairement être aussi la première renaissance du grand Maître Nga Ong Lédroup. Autrement, il dit aussi au très érudit Lama Tsulthrim être une incarnation du sage réalisé de Nyaré.
Un jour que dans la province de Ga, se produisait en transes un diseur de prophéties prétendant concerner le passé et le futur, le maître suggéra avec ironie :
"S'il est si savant que cela, et moi même étant un disciple du grand Satchen qu'il dise donc ce qu'il en sait."
Personne ne saurait prendre la mesure de l'intime connaissance des Trois Temps que possédait ce précieux Seigneur. Je n'ai moi-même rapporté qu'un certain nombre de ses précédentes réincarnations.
Quand à ses connaissances présentes des points profonds des Sutras et des Tantras, bien qu'il n'en fît jamais étalage, aucun érudit pourtant n'aurait su l'égaler. Il fit preuve à maintes reprises de sa connaissance immédiate des mauvaises pensées agitant l'esprit d'autrui, s'empressant souvent à les contrarier.
Voyons maintenant ce que furent ses prophéties concernant l'avenir:
Alors que le Précieux Seigneur demeurait dans une retraite sévère, le Lama Dawé et moi-même avec notre suite, vînmes afin de le rencontrer et lui présentâmes notre requête par écrit (il avait fait voeu de ne pas parler).
Lui demandant de bien vouloir nous accorder, par l'ouverture de sa fenêtre, sa bénédiction et quelque enseignement qui établirait un lien religieux entre nous.
Aucune réponse ne nous parvint et nous nous apprêtions à repartir, quand il me fit appeler pour me dire à moi seul, que viendrait un temps, où j'aurai la bonne fortune de recevoir de lui des enseignements généraux du véhicule de Dorjé ainsi que l'enseignement particulier du précieux Lamdré.
Comme je lui demandais comment ceci pourrait être, puisque le précieux Seigneur n'interrompait pas sa retraite et que moi même n'avais pas l'intention de revenir au pays de Ga, il me répondit:
"Dans le futur, viendra un temps où je me rendrai au pays de Mène Shé et au temple des protecteurs de Nam Djial. A quelle distance de là se trouve votre pays? Ne dites rien de tout cela à personne pour le moment". Ceci se vérifia entiè-rement plus tard.
Lorsque pour la première fois, je lui présentai mon invitation, le précieux Seigneur déclara:
"En même temps que votre venue, un voile m'a obscurci. J'ai eu la vision de la maléfique Dratchène, (la planète Rahula de l'astrologie qui provoque en les avalant, les éclipses de soleil et de lune) s'enroulant autour de mes mains. Une panthère a bondi devant moi, il doit s'agir d'une mauvaise comète rouge. Je me demande si je puis sans danger me rendre dans votre pays?"
"Rinpoché seul peut le savoir. Que puis-je faire pour détourner cet obstacle?" Demandai-je.
Il décida de partir pour le monastère de Thupten où il se rendit auprès d'un masque sacré et fameux pour ses bénédictions du Protecteur Poutra. En ouvrant le coffret qui le refermait, il déclara avoir eu la sensation du souffle de Poutra sur sa main, qui soulagea quelque peu la brûlure qu'il y ressentait (depuis la vision de Dratchène).
Puis annonçant qu'il se rendait au monastère de Lap, il y demeura occupé à ses sessions de pratique journalière jusqu'au jour où il rapporta la vision suivante:
"Aujourd'hui un pigeon s'est envolé de mon coeur et la petite statue de précieuses substances médicinales du Lama Rap Djam s'est aussi élevée dans le ciel venant jusqu'ici. Je lui ai offert une écharpe de bienvenue et plus rien ne s'oppose donc à mon voyage." Il se mit alors en route.
Plus tard, il me dit:
"Vous devriez toujours prier le noble Rap Djampa car vous obtiendriez ses vagues de dons. C'est aussi grâce à la prophétie de Rap Djampa que je suis venu dans votre pays. Tous ceux qui me sont liés, pourront d'ailleurs obtenir ses vagues de dons."
Il décrivit que dans des rêves, il avait plusieurs fois vu la forme de Djampaiyang Sakya Pandita dans le ciel, au dessus du monastère de Thrindu Kalzang.
Demandant qui se trouvait présentement à cet endroit, il entendit qu'y séjournaient les Lamas Jenèga et Djamyang Djialtsène. Il eut alors la pensée que l'un d'entre ces deux était certainement l'incarnation du Seigneur du Dharma (Sakya Pandita).
Or, plus tard, tandis qu'il séjournait à Ndzimda, il rêva un soir de quelqu'un lui déposant dans la main une statue de Djampaiyang Sapène (Sakya Pandita).
Et le lendemain, le lama Jenèga rendait visite au monastère. Il conclua que celui-ci était certainement une réincarnation de Sakya Pandita.
Lorsqu' éclata la querelle entre les pays de Déjoung et de Ling Kashi, il était parti de Minyak et séjournait dans le fort d'Otho, lorsqu'en rêve, il se vit tenant une clé, dans le besoin d'ouvrir la porte d'un temple. Il déclara qu'il serait bénéfique qu'il accomplisse certains rituels du Protecteur Nguènepo.
Parvenu au pays de Yènerou, en lui offrant de la farine et autres objets nécessaires, on l'avait prié d'accomplir ces rituels, mais sous l'empire de circonstances adverses, il ne le put pas.
Alors il s'affligea publiquement:
"Hélas, hier soir, j'ai vu exploser la lune dans le ciel; c'est mauvais signe pour le pays de Déjoung. Pourtant une autre lune s'est levée et Déjoung ne sera donc pas totalement anéanti."
Il parvint à Déjoung, alors qu'un grand nombre de chefs et de serviteurs du pays de Déjoung venaient d'être tués par les gens de Lingkashi.
Il ordonna que pour son retour immédiat vers le pays de Ga, on préparât son escorte. Mais je le suppliai de ne craindre pour lui même et sa suite aucun obstacle et de bien vouloir demeurer tranquillement quelque temps chez nous. Il accepta aussitôt: "Le protecteur Nguènepo ne peut me tromper. Ce ne sera pas trop grave pour Déjoung. Hier soir, en songe, un homme noir portant une grande fleur de lotus m'est apparu et je l'ai questionné au sujet de Déjoung. Répétant que rien de grave ne se produirait, il a incliné trois fois la tête. J'ai compris qu'il s'agissait de Nguènepo lui-même."
Tandis que le précieux Seigneur Lama se trouvait au monastère de Dzongsar, je passai un jour auprès de lui et le vis occupé à consulter les écrits du grand Tsartchen et de ses fils spirituels. Il me manda en sa présence afin de me montrer quelque chose d'intéressant.
Je ne m'y rendis pas le jour même, et le lendemain, constatant qu'il n'avait pas l'air satisfait, m'enquéris de ce qu'il y avait à voir. Me tendant alors trois ou quatre feuillets de livre, il me prescrivit de les regarder. Je les recopiai ensuite et vis qu'il s'agissait d'une histoire relatant un mauvais trouble de la santé ayant affecté et troublé le samadhi de Tchientsé Ong Tchouk (un grand maître de Tsar).
Je n'y prêtai pas plus attention, ne me doutant de rien. Mais lorsque plus tard, au cours d'une retraite de longue durée, un mauvais trouble semblable m'affecta, me faisant presque délirer de folie, le Lama Lodreu me rapporta qu'en rêve, il avait entendu une voix parler de dévotion envers Tchientsé Ong Tchouk. Il se demandait ce que cela pouvait bien signifier.
Je le compris immédiatement, me souvenant alors des paroles du Lama et m'appliquai aux procédés de renversement des obstacles, tels qu'indiqués dans les feuillets visés. Le trouble disparut alors totalement et la compréhension du sens du Précieux Enseignement se mit même à naître.
Lors d'une autre occasion, alors que le précédent Tchientsé (Ongpo) ne lui avait pas permis de recevoir son initiation et l'avait chassé du rang, sa foi ne l'abandonna pourtant point, mais il rapporta plus tard qu'il avait alors songé à ce que cela pouvait bien signifier, puisqu'il savait que c'était lui même qui deviendrait dans l'avenir le Lama qui transmettrait les initiations à sa réincarnation.
Alors qu'il faisait part de ses désirs et projets concernant la construction du temple du monastère (de Tharlam), il déclara vouloir telle et telle disposition intérieure et statue, exactement comme on peut les voir aujourd'hui.
Mais alors les aînés du monastère ne l'écoutèrent pas, s'efforçant de lui démontrer que, puisqu'il n'avait aucune fortune ni aucun autre avantage particulier, ce projet était tout à fait irréalisable.
Moi même lui demandai : "Rinpoché, comment cela sera-t-il possible?"
Il répondit qu'il était dépositaire d'une prophétie de Rapdjampa et qu'il était certain de son accomplissement.
Tout ce qu'il avait annoncé, se vérifia, ainsi qu'un grand nombre de dires me concernant particulièrement et que je n'ai pas cru devoir rapporter ici, n'étant pas de grande importance.
Il est probable que personne ne puisse être capable d'évaluer l'ensemble des vertus innées et acquises de ce Seigneur du Dharma; pourtant, ayant eu le privilège de le servir longuement avec humilité et de lui plaire en obéissant à ses désirs, je puis maintenant par ce récit de ce que mon esprit a retenu de sa vie, contribuer à entretenir la flamme de la foi chez ses disciples fortunés.
Voici maintenant le récit qui concerne l'époque de son décès:
C'est à partir du 4 ème mois de l'année du Dragon qu'il commença d'avertir tous ceux qui le rencontraient, qu'il ne demeurerait plus long-temps ici bas.
Il montrait l'apparence d'une santé affaiblie et se rapprochait de la mort, lorsque avec les autres disciples que j'avais entrepris, nous lui offrîmes nos prières et nos voeux de rétablissement.
Sa santé se raffermit sensiblement et il déclara pouvoir demeurer encore deux ans en vie. Bien que ses paroles se seraient certainement trouvées vérifiées, si les prières pour son rétablissement avaient été offertes en un lieu placé sous de meilleurs auspices, comme sous l'empire des circonstances, elles durent être formulées en ce lieu même, sa réponse n'eut pas un caractère de décision bien assurée.
A partir de maintenant, je n'ai pas une connaissance directe de ce que je vais raconter, mais les faits qui vont suivre ont été rapportés de manière analogue par l'ensemble de ses proches et visiteurs, au monastère de son pays. On peut donc y accorder entière foi.
En voici un bref résumé:
Alors que dans le onzième mois de la même année, il s'apprêtait à quitter le monastère pour son ermitage, il déclara aux personnes qui l'entouraient, alors qu'il était en pleine santé:
"Je désire mourir au monastère. Comme il n'est pas certain qu'à mon retour, je puisse encore monter à cheval, ayez donc l'obligeance de me préparer une chaise à porteurs."
Tout l'hiver, durant son séjour en son ermitage, il n'arrêta pas de répéter à son entourage que sa fin était proche et qu'il allait bientôt partir pour le paradis "de Félicité" (Dewatchène).
Longtemps auparavant, il avait fait part à un certain nombre de ses disciples de ce qu'il lui faudrait se rendre à "Dewatchène", pour y recevoir du Grand Satchen et de ses fils, l'enseignement du Lamdré.
Or, un jour de cette époque, il annonça à ses proches qu'il venait de recevoir de l'ensemble des trois, Satchen, le précieux Maître Sonam Tsémo et le victorieux Dorjé Chang Kunga Zangpo, la merveilleuse transmission directe du Lamdré.
Puis, dans le courant du deuxième mois de l'année du serpent, sa santé parut s'affaiblir quelque peu, et le premier du troisième mois, ainsi qu'il l'avait annoncé, on dut le ramener en palanquin jusqu'au monastère de Tharlam.
Et là, à la foule de tous ceux qui, des Lamas et moines du monastère jusqu'aux disciples et généreux mécènes, le priaient de bien vouloir encore demeurer en ce monde, il répondit:
"Ne tenez donc pas de ces discours ignorants. Toutes les étoiles du ciel de ces grands Maîtres et Sages réalisés, dont les Bouddhas parfaitements accomplis eux mêmes, manifestent l'apparence du passage dans l' "Au delà de la souffrance". En particulier, si l'on pense à ceux de notre propre tradition, le Seigneur du Dharma, le Lama Djampaiyang (Sakya Pandita) ainsi que le victorieux Dorjé Chang, deuxième Bouddha, ont eux mêmes vécu longtemps, et moi qui les dépassent en âge, devrais seul rester dans ce monde ? Cela ne se peut pas."
Quand on lui demanda d'accepter les prières pour son rétablissement, il commença par acquiescer, l'esprit réjoui, déclarant que, pour des disciples, prier pour la santé de leur Lama, était extrêmement bénéfique afin de réaliser largement les accumulations.
Puis, au bout de deux ou trois jours, il enjoignit que toute l'assemblée récitât au bout de la prière d'usage à Rapdjampa, les vers suivants:
"Lorsque pour moi aussi viendra l'heure de la mort, puisse le Lama Djampaiyang Rapjampa, me conduire au paradis de Dewatchène, y rencontrer le noble visage d' Eupamé." Il prescrivit d'accomplir des récitations répétées de ces vers.
Un jour, vint un disciple du monastère de Samdroup au pays de Ga, qui lui offrant une peinture des trois déités de longue vie, l'invita à venir dans son monastère pour le vingt cinquième jour du quatrième mois, à l'occasion de leur célébration annuelle, y consacrer la grande statue de Ngortchen Dorjé Chang, qu'ils venaient nouvellement d'ériger.
Le Lama éclatant de rire, regretta de ne pouvoir s'y rendre car dit-il, à ce moment, il ne serait plus de ce monde. A tous les disciples qui venaient de partout pour le rencontrer, il tenait des discours sur l'impermanence, les exhortant à la vertu.
Il redonnait à chacun l'écharpe de bienvenue qu'on lui offrait et formulait en vers des prières afin que maître et disciples ne soient jamais séparés.
Peu de temps avant sa mort, il ordonna qu'on laissât tous les visiteurs venir en sa présence et adressait à chacun ses prières et bons voeux.
L'un de ses proches Kunga Tcheudar, s'étant, sans compter, employé à le servir de toutes les manières possibles, durant tout le temps de sa maladie, le Seigneur Lama lui déclara:
"Tu peux être sûr que le service que tu accomplis pour m'assister dans la maladie vaudra plus, pour te faire réaliser les accumulations, que l'offrande d'un million de mandala de l'univers. Ne commets pas de grandes fautes et alors tu peux être sûr que je viendrai t'accueillir à ta mort et te conduire au paradis de Déwatchène."
A ce moment, au grand Abbé de Khangsar, comme aux Lamas et chefs de la maison de Traou qui accomplissaient des prières pour son rétablissement , il ne donna aucune assurance, se contentant de paroles de bon augure.
En particulier, il donna ses ordres au Lama de Traou Tènedzin Djialtsène et à ses frères concernant la répartition de ses biens, les offrandes qu'il faudrait faire à sa mort à Sakya et à Ngor, quelles statues ils convenait d'ériger au monastère de Tharlam et ce qu'il voulait donner à son neveu Kunzang Tènedzin. On put ainsi voir qu'il ne prévoyait pas de rester en vie.
Tout le temps que dura son apparence de maladie, on put le voir, avoir l'air malade le jour lorsqu'il lorsqu'il se trouvait en compagnie, tandis que la nuit, il demeurait le corps bien droit, comme d'habitude occupé à ses pratiques quotidiennes.
A quelques uns de ses visiteurs, il appa-raissait l'air très malade tandis qu'à d'autres, il n'en manifestait pas la moindre apparence.
Quant aux docteurs appelés à son chevet et consultant son pouls, tous déclaraient semblablement qu'il n'y avait en lui aucune trace de maladie.
A certains moments, il apparaissait à ses visiteurs n'avoir besoin de l'aide de personne, pour se lever ou se déplacer. En regardant de plus près ces attitudes, tous en vinrent à penser qu'il ne s'agissait que d'une apparence de maladie qu'il montrait là, sans aucun fondement véritable.
A cette époque, à de multiples reprises, la terre se mit à trembler et des arcs en ciel aux couleurs variées apparurent dans le ciel; même les vautours, tournoyaient autour de sa maison, s'y posant parfois.
Ses disciples emplis de foi, comprenant enfin que sa décision de ne pas rester en ce monde, était irrévocable, le prièrent alors, afin qu'eux aussi puissent renaître dans le paradis où il se trouverait. Il leur dit de développer le souhait de renaître au " Déwatchène" car c'était là que serait désormais sa demeure.
Dès le matin du 29 ème jour du troisième mois, il s'installa dans son salon où il prit une légère collation de farine d'orge diluée de jus de raisin; il prit aussi diverses pilules bénies et demeura là à sourire.
Appelant alors à lui son frère Lèdzin, il le sermonna gentiment:
"Cela fait longtemps que tu es ici à attendre et maintenant que voilà l'heure de ma mort, que fais tu à tarder ainsi?"
Lédzin en pleurant, se prosterna alors longuement devant lui, le priant de lui renouveler la grâce de sa bienveillance dans toutes ses existences et le Lama lui dit:
"Tu ne dois pas t'affliger ; les bons religieux vont directement (vers les heureux états) sur un chemin rectiligne comme un tuyau de cuivre, tandis que les grands pêcheurs font de même vers le bas (les mauvaises renaissances) sans passer par l'état intermédiaire du Bardo. Et moi, je m'en vais directement, sans errer dans le Bardo, au paradis de Déwatchène." Chacun de ceux pré-sents entendirent ces paroles.
Tournant alors son visage vers l'ouest, il croisa ses jambes en tailleur dans une position confortable et se tint le corps très droit, les yeux fixés droit devant lui; il éclaircit en soufflant les impuretés de son nez, son souffle parut un peu troublé. Pourtant rien dans son attitude du corps, de la parole et de l'esprit, semblable à son ordinaire, ne laissait penser qu'il allait passer dans l'au delà de la souffrance.
Se saisissant d'un chapelet, il récita clairement un rosaire entier de Mani puis au bout des trois ou quatre premiers mantras du deuxième tour, son corps libre de toute ride ou caractéristique de vieillesse eut un aspect rayonnant
Se plaçant en posture de méditation, il prononça fortement une fois le son HIK suivi de deux autres prononcés plus doucement et son esprit se fondit alors dans l'Espace du Dharma (quittant ce monde).
Trois jours ayant passé, on ouvrit alors la porte afin de voir sa dépouille et l'on constata que l'esprit d'éveil de couleur rouge comme le vermillon avait coulé sur lui de sa narine droite. On s'employa alors à le laver et l'habiller des ornements d'usage ainsi qu'à accomplir le rite mortuaire en usage pour les êtres Saints.
On le replaça assis sur sa couche et c'est alors que de sa narine gauche se mit à couler un flot d'esprit d'éveil blanc, couleur de perle. Ce flot s'épandit sans interruption durant trois ou quatre jours. Son corps devint encore plus clair et transparent puis la narine gauche elle même se teinta légèrement de rouge.
Le troisième jour du quatrième mois, on invita enfin Sa Précieuse dépouille dans le temple et on lui rendit là abondamment hommage.
Durant tout ce temps, dans le ciel se succédèrent jour et nuit des arcs en ciel aux couleurs variées. Une pluie de fleurs tombait doucement et une tente de lumière d'arc en ciel dessinait comme un parasol au dessus du temple. Un grand nombre de personnes purent contempler ces prodiges.
>Lorsqu'enfin le dixième jour du même mois, on installa son corps dans le petit abri de crémation spécialement érigé sur le toit du temple et alors qu'on s'apprêtait à mettre le feu au bûcher, une flamme éclatante jaillit de son propre coeur et enflamma le bûcher sans qu'on dût y mettre le feu.
Les offrandes destinées d'habitude à raviver le feu (comme le beurre, la farine mêlée de beurre, etc...) qu'on y versait devenaient fumée tandis que le feu brûlait tout seul quand on ne s'en occupait pas.
Un grand nombre de vautours tournoyaient autour du bûcher. Ils s'élevèrent finalement haut dans le ciel et disparurent en direction de l'Ouest .
Puis l'on vit une route de lumière blanche s'étendre droite et régulière comme une pièce d'étoffe laineuse d'Ouest en Est.
Dans le ciel vers le sud-ouest, une masse circulaire d'arc en ciel projetant comme huit bras au dehors, semblable à une grille de bonne fortune dite "Patra" ou encore à une roue, se dessina.
Un certain nombre de disciples fervents trouvèrent de ses ossements sacrés au dehors de l'abri de crémation.
En ouvrant la porte de l'abri, on trouva collé en un seul bloc, sa tête, son cou et son coeur. Sur l'os frontal se trouvaient inscrit comme naturellement gravés les lettres des six syllabes du mantra "Mani".
Le mandala de Kun Rig sur lequel on avait dressé le bûcher, se trouvait intact avec toutes ses poudres de couleur comme incrustées dans la pierre (leur servant de support).
Ainsi, par ces signes miraculeux visibles par tous, contribua-t-il à établir un grand nombre de disciples sur la voie de la foi.
En ce qui concerne la foule de ses disciples héritiers de l'oeuvre divine du Seigneur Lama, on citera le plus élevé d'entre eux, l'abbé d'Ewam Tcheuden Djamyang Kunzang Thupten Tcheu Tchi Djialtsène ainsi que moi même, le plus humble d'entre eux, augmentés de tous ceux qui dans les trois régions de Ü, du Tsang et du Kham, détenaient la lignée du Dharma des glorieux Sakyapas.
Parmi eux un grand nombre concourut au progrès de la doctrine par l'enseignement ou la pratique, mais on ne saurait citer les noms de tous, encore moins raconter leurs vies.
Pourtant le disciple le plus important fut sans conteste le précieux Tulkou Djamyang Tcheu Tchi Lodreu (Tchientsé Rinpoche). Le Seigneur Lama lui même avait dit:
"Ce Tchientsé de Dzongsar est mon Lama; j'ai fait dessiner son image au sein de l'assemblée de la lignée des Lamas; il est aussi le plus important de mes disciples et je prie toujours pour sa bonne santé et sa longévité".
Vous aussi, il vous faudra prier pour lui en assemblée, de cette manière:
"Lui qui est l'héritier des Vainqueurs des trois temps, qui fait prospérer le Dharma des trois véhicules et qui est le guide suprême des trois sphères, prions afin que Djamyang Tcheu Tchi Lodreu vive longtemps."
Le Tulkou aussi montrait envers lui une foi et une dévotion intenses. Lorsqu'il reçut de lui les enseignements du Lamdré, il eut la certitude intérieure que le Lama était la réincarnation du Maître de Goroumpa nommé Kunga Lépai Djoungné.
Le Seigneur Lama lui même, tout en rapportant le récit de la vie de Goroumpa déclara qu'il était impossible pour des êtres ordinaires infantiles, de mesurer toute la vie d'un tel maître. Ce disant, il regardait au devant, de l'air de quelqu'un qui en sait plus qu'il ne veut dire. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'on avait aussi donné au Seigneur Lama le même nom de Nga Ong Kunga Lépai Djoungné Yeshé Djialtsène Pal Zangpo.
Ainsi donc, la foule de ses disciples contribua t'elle, grâce à l'exemple de la vie du Lama et par leur enseignement ou leur pratique, à faire rayonner la précieuse Doctrine des Bouddhas, seule source de tout bonheur et bienfait.
Devant celui qui ne s'attache pas avidement à l'existence mais qui cultive la discipline éthique du renoncement, qui n'aspire pas à la paix de l'extinction mais qui cultive le sublime esprit du bien d'autrui, qui ne s'attache pas à la dualité mais qui réalise l'indifférenciation du Samsara-Nirvana, devant ce détenteur du Dorjé aux trois voeux, je me prosterne.
Ayant beaucoup étudié, il a tranché tous les doutes extérieurs. Réfléchissant au sens, il a fait surgir la compréhension des précieux enseignements essentiels des traités. Méditant sans distraction, il a établi la chaîne de production inter conditionnée intérieure.
Je me prosterne devant cet ornement détenteur de toutes les corbeilles. Brandissant la bannière de victoire d'une pratique sévère, méditant le sens profond, il a obtenu la chaleur de la réalisation, gagnant le fruit de la pratique, il a accompli le bien des êtres et celui de la Doctrine.
Je me prosterne aux pieds de cet incomparable Lama. Lui qui parachève toutes les vertus des voies des trois véhicules, le Seigneur qui a la bienveillance d'accorder les trois voeux, le Lama racine qui réunit les trois précieux Refuges. Devant lui avec respect de mes trois portes, je me prosterne.
Devant l'inégalable Lama et protecteur, avec la force d'une foi profondément sincère, je prie jour et nuit sans relâche, qu'il veuille bien accorder sans cesse la grâce de ses vagues de dons.
Imaginant mon corps, mes richesses et toutes mes vertus des trois temps au sein d'un nuage de précieuses offrandes, afin de gagner rapidement pour moi et autrui les deux accumulations, j'en fais offrande au vénéré Seigneur Lama.
En proie à l'illusion de l'ignorance et des deux pôles de l'avidité et de l'aversion, j'ai commis des pêchés et des fautes de mes trois portes; avec un immense et sincère repentir, je les porte, guide suprême, à ta connaissance et les confesse.
Bien que me voyant plongé dans les ténèbres de mauvais actes, tandis que d'autres ont développé des actes de vertu, avec humilité et sans le moindre sentiment de jalousie, je m'en réjouis pour eux.
Noble protecteur, ayant acquis le corps de sagesse transcendante, tu n'éprouves aucune entrave à te présenter devant les disciples; nous te prions afin de continuer à recevoir dans nos visions et nos rêves, tes précieux enseignements.
Bien que tu aies donné l'impression d'être passé au delà de la souffrance de ce monde, comme tu conserves le pouvoir de ta divine activité d'apparition spontanée, nous te prions de vouloir bien demeurer jour et nuit au sommet de la tête de tes disciples humbles et fervents, tel le sceau de leur foi.
Le Maître vénéré est parti dans les purs paradis, tandis que moi l'infortuné, je reste plongé dans la roue de l'existence; incapable de supporter la souffrance de mes mauvais actes, je pousse vers toi des cris de lamentation; veuilles bien me regarder avec compassion.
Dans toutes mes existences présentes, futures et intermédiaires, me gardant de ta sagesse transcendante sans entraves, Incomparable Maître, puisses tu me protéger de tous obstacles extérieurs, intérieurs et secrets.
Puissè-je dans ce qui me reste de temps à vivre, éviter sans distraction tout acte de péché et passer mes jours et mes nuits occupé par le Saint Dharma, donnant ainsi un sens à mon incarnation humaine.
Lorsque sombreront avec ma mort, les perceptions de cette vie, veuilles tu ô mon guide me montrer ton noble visage; que des nuées de créatures célestes (Pawos et Dakkinis) daignent me montrer le chemin vers toi!
Par la réunion favorable de ton pouvoir de faire se réaliser tes souhaits avec la fervente dévotion des disciples, nous te prions Maître, de nous guider tous vers ta demeure paradisiaque.
Que toutes les vertus que j'ai pu accumuler dans les trois temps, contribuent à permettre la réalisation des souhaits du vénéré Seigneur Lama; que par ces nobles souhaits, mon action devienne parfaite.
Toi le Lama dont le corps fait des vertus de mille joyaux, domine l'univers, au milieu des montagnes d'or des érudits nombreux, quiconque ne sachant égaler tes hauts faits, puissé je conserver toujours fervente dévotion et le pouvoir d'embrasser l'océan de ta divine activité; moi cet ignorant, dont les mauvais actes ont la couleur du fer, c'est en ayant rejeté toute exagération dans un sens ou dans l'autre, que j'ai composé ce court récit.
Que l'ondée bienfaisante de ces blanches vertus obtenues par la grâce de cette composition, humidifiant le champ de la foi des heureux disciples, fasse naître d'abondantes moissons de qualités et que l'ensemble des disciples qui pratiquent la source de tout bonheur et bienfait voient s'évanouir tout déclin dans l'existence et l'apaisement et prospérer toute réussite.
Ce récit, j'avais moi même depuis longtemps projeté de le mener à bien. C'est aussi pour répondre aux sollicitations répétées que m'avait adressé le maître de la Doctrine, le précieux Tulkou de Tchientsé Djamyang Tcheu Tchi Lodreu, en m'offrant écharpe et argent que, me ceignant le front de la couronne d'or de ses recommandations, j'entrepris, moi le moine de Shatchia Thuppa, Djamyang Kunga Ténepai Djialtsène (Tulkou Adjam) qui par mon service auprès du vénéré Seigneur Lama Dorjé Chang, avais acquis en lui une foi inébranlable, de rapporter le récit de sa vie.
Je rapportai en partie principale les paroles mêmes du vénéré Seigneur et j'y ajoutai ce dont je me souvenais moi même, sans aucune exagération dans un sens ou dans l'autre, sans créer aucune division en chapîtres ou autres, sans ajout de formule fleurie et sans faire référence à des citations de textes sacrés.
Je l'ai fait dans le but d'aviver la foi de ses disciples en leur maître et ai achevé cette composition un jour favorable du mois de Throumté de l'année du cheval d'eau au monastère Tashi Lhatsé de Dzongsar.
Qu'ainsi le glorieux et Saint Lama puisse nous garder tous au cours de nos existences!
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