LA VENUE DU GRAND SAKYAPA,
MAITRE DE LA DOCTRINE ET ISSU DE LA LIGNEE AUX 3 EXCELLENTS NOMS
Faire l'éloge de la
lignée royale des rois "élus de tous" ainsi que de la divine famille des Khon Sakyapa apporte un mérite illimité, comme l'ont dit les sages.
Un jour, dans la région de
Ngarité, terre élevée et pure, ou bien près du roi de
Shétsha du Nord, trois frères dieux lumineux descendirent pour attirer du
mérite aux êtres. Les cinq descendants de la lignée de Yuring le deuxième
frère, jusqu'à Yapongtchié sont appelés "la lignée divine de claire
lumière". Yapongtchié ayant vaincu le démon
Tchiareng sans verser son sang, épousa la femme de ce démon nommée Yandrou
Silima, et un fils leur naquit, nommé Khonbartchié (celui qui
est né au milieu de la bataille entre dieux et démons). Le fils
de ce dernier, Khon Palpotché, devint le ministre
du roi Thrisong.
C'est à cette époque que les sept
premiers moines tibétains furent ordonnés. L'un d'eux était
le disciple
de Pémakara (Guru Rinpoché), c'était
le fils de Khon Palpotché, appelé Khon Luong Soung. A partir du frère de ce
dernier jusqu'à Shérap Tsulthrim
et Khon Kentcho djialpo (frères), il y eut une lignée
de dix membres de cette famille.
Tous les prédécesseurs de
Khon Ro
Shérap Tsulthrim étaient adeptes des anciens
Tantras et obtinrent la réalisation par la pratique du Yidam
Yang Phur. Khon Kentcho Djialpo étudia la nouvelle diffusion des Tantras et
fonda le monastère de Sakya. Selon une
prophétie
du Bouddha, dans le Tantra de Djampéyang, il était dit qu'un monastère
''Sakya" dont les deux premières lettres
étaient citées, embellirait la doctrine au Tibet. Une autre prophétie de Guru
Rinpoché concernait l'endroit où serait
construit ce monastère et les disciples qui y viendraient. Aux quatre
directions, avant de construire le monastère, on bâtit quatre Stoupas
en vue de purifier l'endroit et de le rendre propice. On dit aussi que, lorsque
le maître Atisha se rendant de l'Inde au Tibet passa par ce lieu (encore
désert), il se prosterna de nombreuses fois et fit des offrandes. C'est alors
qu'il vit, sur le flanc de la montagne, un HRI, sept DHI
et un HUNG. Il déclara que cet endroit verrait venir une incarnation de Tchenrézi, sept
de Djampéyang et une de Tchanadorjé. Atisha,
poursuivant
ses prosternations et offrandes, prédit que le lieu serait source de bonheur
pour tous.
C'est donc là que Kentcho
Djialpo, en 1073, à l'âge de 40 ans, l'année du Boeuf d'Eau du premier cycle, fonda le monastère de Sakya. C'est à partir de ce
moment que l'on parle des Sakyapas.
C'est ainsi que la pure
renommée de cette lignée aux trois excellents noms (lignée divine, famille des
Khon et Sakyapa) se répandit partout.
Son fils, Satchen Kunga
Nyingpo se révéla être une incarnation de Tchenrézi, comme l'avait vu Nam
Khaoupa et d'autres. Il naquit de cette lignée excellente,
l'année du Singe d'Eau mâle du deuxième
cycle.
Dès sa naissance, il montra
un grand amour pour tous les êtres. Encore jeune, il apparut à un disciple
Khampa sous sa forme à mille bras et mille yeux, avec toutes les marques de
Tchenrézi, et sa réputation d'être aussi l'incarnation de Birwapa se répandit
partout.1
Il possédait les dix forces
et pouvait porter la responsabilité de la doctrine, il était le
Bodhisattva suprême, maître des trois sphères, le guide de ceux qui
aspirent à la libération, le maître de ceux qui sont entrés sur la voie,
possédant la résolution ferme de la libération des êtres,
capable de trancher tous les doutes, possédant la
connaissance de tous les objets de savoir sans exception.
Il reçut l'immense océan de
tous les enseignements de sa propre école et des autres. Grâce
à sa pratique et à ses réponses, il
éclaircissait toutes les incertitudes; habile à différencier le Dharma de ce
qui ne l'était pas, il devint excellent à conduire les disciples sur la voie
pure.
REVELATION DES INNOMBRABLES ENSEIGNEMENTS DES SUTRAS ET TANTRAS À SATCHEN KUNGA
NYINGPO
ET SA DESCENDANCE
La clé du bonheur et du
malheur, dans cette vie et toutes les vies dans les différents
mondes dépend de la présence
ou non du noble Dharma. Le Dharma pur est celui qui est en
accord avec les enseignements du Bouddha.
Sakyapandita a dit :
"Dans les trois univers, nul n'est plus savant que le Bouddha Parfaitement
Accompli. C'est ainsi qu'il faut s'en tenir fidèlement aux Sutras et Tantras, qui sont les paroles du
Bouddha. Si l'on
ajoute faussement quelque
chose aux Sutras et Tantras, on devient l'objet de la critique des êtres
suprêmes.
Le maître Bouddha Parfaitement
Accompli, a enseigné à Varanasi, au Pic des Vautours, à Nyenyé et en d'autres
endroits 84000 enseignements, remèdes à 84000 sortes de mauvaises
dispositions en accord avec les tempéraments et inclinations particulières des
disciples ordinaires. Du mdzod : "En antidote
aux mauvaises dispositions, le Bouddha a énoncé les divers enseignements."
- 21 000 enseignements de la
Corbeille de la Discipline énonçant principalement l'entraînement dans la discipline
éthique en remède aux dispositions d'avidité chez les êtres.
- 21 000 enseignements de la
Corbeille des Sutras énonçant principalement
l'entraînement dans le Samadhi en remède aux dispositions de haine-agressivité
chez les êtres.
- 21 000 enseignements de la
Corbeille de l'Abidharma énonçant principalement l'entraînement dans la sagesse
en remède aux dispositions d'ignorance chez les êtres.
Tous ces enseignements
peuvent se résumer dans le Petit Véhicule pour ceux qui aspirent à une voie
étroite, et dans le Grand Véhicule pour ceux qui aspirent à une
voie large. Quelles sont les caractéristiques respectives de
ces deux Véhicules ?
‑ Dans le Petit Véhicule,
l'esprit aspire à la paix et au bonheur personnel, et, s'appuyant
sur la voie des trois entraînements réalise l'éveil.
‑ Dans le Grand Véhicule,
l'esprit aspire à l'état de Bouddha pour le bien de tous les êtres et, s'appuyant
sur la voie des six Paramitas, réalise l'éveil
parfait.
Le Grand Véhicule est
éminemment supérieur au Petit Véhicule pour cinq raisons qui sont :
la pratique, l'action en accord avec l'intention, la sagesse transcendantale,
l'effort, l'habileté dans la méthode et
par les deux fruits qui sont ceux de la réalisation parfaite
et de la grande action divine. Dans le Grand Véhicule lui‑même, il y a pour
ceux qui aspirent à la cause le Véhicule des Paramitas qui prend la cause pour
voie, et pour les disciples supérieurs qui
aspirent à la fois à la cause et au fruit, le Véhicule des Mantras qui prend le
fruit pour voie.
Ce profond et secret Véhicule
du Dorjé, comme il est dit dans le 'Jam dpal sGyu 'phru1
dra
ba est énoncé par la pensée commune de tous
les Bouddhas des trois temps en vue des disciples non ordinaires. C'est ainsi
que les grands Tantras enseignés avec les cinq certitudes, dans cette époque de
querelles, le furent par notre maître à tous, dans l'apparence Hérouka du Corps
de Félicité en harmonie avec la forme des disciples, bien qu'il demeurât
cependant immuablement dans le Corps du Dharma. Il enseigna ces
Tantras à Oudjien dharma Kendza, Shri dhanakata, au sommet du Mont Mérou et
dans bien d'autres lieux, au milieu d'une assemblée de praticiens tantriques
supérieurs qui répétaient après le Bouddha.
C'est ainsi que la différence
entre les Sutras et les Tantras tient à l'absence ou à la présence de la
visualisation de divinités pour notre propre bien et à l'accomplissement des
rituels d'initiation et
de consécration et autres pour le bien
d'autrui. De façon générale,
bien que dans les Sutras et Tantras, la vision à réaliser,
le fruit à obtenir et l'intention qui est l'esprit d'éveil soient semblables, le véhicule
des Tantras se distingue par :
son habileté à réaliser la vision profonde,
l'abondance des moyens pour la réaliser, la facilité de la
réalisation de l'éveil
et sa destination qui est les disciples à l'intelligence
aiguisée.
Il y a de nombreuses
diffusions différentes des Tantras en fonction des
différents Panditas et sages; quant à la lignée des Sakyapas, elle suit
la tradition du Tantra Explication de Kyé Dorjé ''rDo
rJe Gur" qui divise les Tantras en quatre
groupes : Les Tcha djiu (bya rGyud),
tché djiu (spyod rgyud)
nal djor djiu (rNal 'byor rGyud)
et nal djor lanamépé
djiu
(rNal'byor
bla
na med
pa'i rGyud)
En résumé, tous les
enseignements des petit et grand véhicules des Arahats, de Tchampa,
Djampéyang, Tchanadorjé et des autres furent consignés par les écrivains, enseignés par les Panditas, pratiqués et réalisés par
les grands sages. Le grand Sakyapa (Satchen Kunga Nyingpo) devint le maître de toutes les
doctrines des Sutras et Tantras, répandues au Tibet, et précédemment diffusées par de nombreux Panditas et sages authentiques de l'Inde.
Il eut particulièrement la révélation de tous les
enseignements du Suprême Nagarjuna et du Puissant Birwapa. A l'âge de 12 ans, il suivait
l'enseignement de Bari Lotsawa, son Lama, et, au bout de six mois de
pratique assidue et concentrée, le jeune élève rencontra
Djampéyang et obtint ses prophéties. En vision, il
obtint l'enseignement de la libération des quatre désirs, concentré dans un Shloka transmis par Djampéyang :
"Si vous aspirez à cette vie ardemment, vous
n'êtes pas une personne religieuse ; si vous aspirez ardemment à la roue
de l'existence, vous
n'avez pas le dégoût
qui mène à sa sortie, si vous aspirez ardemment à votre seul
intérêt, vous n'avez pas l'esprit d'éveil. Si l'attachement à l'égo
s'ensuit, vous n'avez pas la vision profonde."
- Ouma ou philosophie
profonde (Madhyamika)
- Les 5 enseignements de
Maitreya
- les 3 enseignements de
Sèmdrel (la nature de l'esprit)
- la médecine
- le Kandjiur
- le Tendjiur
- les initiations des 4
groupes de Tantras
- les enseignements sur leurs
commentaires
- les enseignements profonds
concernant la réalisation des pouvoirs
inférieurs (liés au Samsara) et supérieurs
(Bouddhéité).
Il étudia aussi ce
qui concernait les Protecteurs du Dharma Ngenpo Kur et Ngenpo
Tramzé, à la façon d'un "vase qui n'est pas
percé" (caractéristique imagée du bon disciple qui retient
l'enseignement). Grâce au pouvoir de
Djampéyang en lui, il lui suffisait d'entendre une ou deux fois un enseignement pour en réaliser le sens
profond sans erreur. Il reçut également Sangwa ndupa et Khorlo
Dentcho dont la lignée initiatique remontait à Nagarjuna.
Ce grand Lama, de même que
l'immense océan n'a jamais
trop d'eau, sans se contenter des seuls enseignements essentiels du sens des
Sutras et des Tantras, reçut de son père et de Khon Djitchowa les
enseignements profonds de Ndromi Lotsawa Shakya Yéché, enseignements
essentiels. Avec confiance et beaucoup de foi, il reçut aussi les enseignements
qui suffisent à mener les êtres à l'état
de Bouddha, le Lamdré ou "voie incluant son fruit''.
Notre maître à tous avait de
nouveau enseigné le sens résumé du Tantra fondamental de Kyé Dorjé 'Bumpa dans
le brtag
pa gnyis pa,
''les deux examens'' où il est dit qu'il
faut :
- puis, la philosophie du
milieu (Ouma)
C'est ainsi que celui, qui,
de sa propre force a diffusé la tradition de ces Tantras racines et explicatifs
qui sont les sommets de tous les Tantras et Sutras, est le
puissant yogui Birwapa, Siddha demeurant dans la sixième
terre et protégé par Dorjé Daméma.
Il est dit dans la louange
aux quatre-vingt quatre Siddhas : ''Prosternation devant le Lama Birwapa
qui a divisé les eaux du grand fleuve et qui, pour prix de la bière, a arrêté
la course du soleil".
Birwapa naquit 1020 ans après
le Nirvana du Bouddha, dans une caste royale. Il rejeta avec mépris comme on
rejette des ordures, la perspective de gouverner le royaume. Il obtint les
vœux de novice de l'abbé Teulwé
Lha et du maître Djialwa Trapa dans le temple de Somapuri à l'est de l'Inde. Il
fit ériger de nombreux supports de foi dans les monastères
et obtint les vœux de moine de l'abbé du monastère de Nalanda, Dharmamitra.
Sous sa direction, il
paracheva les activités de
l'étude et de la réflexion; instruit dans l'immense océan de
toutes les doctrines, il devint vite l'ornement de Nalanda et grand abbé de ce
monastère. Le jour, il accomplissait la triple
activité monastique de l'argumentation, l'enseignement, et la composition;
la nuit il pratiquait la méditation des Yidams
(Khorlo Dentcho par exemple).
Mais, au bout de soixante-dix
ans de pratique assidue, comme
il ne voyait aucun résultat mais, qu'au contraire, des événements
désagréables s'étaient produits, il se dit qu'il n'avait aucune relation karmique
avec le bouddhisme tantrique et ses Yidams. Dans cet état d'esprit, le vingt-deuxième jour du dernier
mois Saga du printemps, il jeta son chapelet dans une fosse d'aisance et
demeura l'esprit en paix. Le soir de ce même jour, il eut
l'apparition de Dorjé Daméma en rêve. Elle lui parla ainsi :
"Noble fils, n'agis pas
ainsi, reprends ton chapelet, nettoie‑le, remets toi à la
pratique; je suis la divinité avec laquelle tu as
une relation karmique, je t'accorderai mes vagues de dons."
Le soir suivant, Dorjé Daméma
lui apparut encore, dans son propre mandala, avec
quatorze déesses autour d'elle et il obtint alors réellement les consécrations
et aussitôt la première terre avec la
naissance de la connaissance transcendante.
Comme, lors de la
consécration, il avait obtenu la connaissance transcendante,
la lignée des vagues dons ne s'interrompit pas.
Grâce à l'enseignement de
Dorjé Daméma, Birwapa comprit que ce qu'il avait pris pour de
mauvais présages auparavant (vision de montagnes s'effondrant, etc.), ne se souvenant pas des enseignements de son Lama, étaient en
réalité des signes de sa prochaine réalisation. Tous les obstacles disparurent
d'eux‑mêmes et en son esprit, naquit la compréhension juste des trois,
canaux, souffles et esprit d'éveil.
Comme une foi inébranlable
envers Dorjé Daméma, aspect du corps de Dharma de connaissance transcendante
des Bouddhas Parfaitement Accomplis, naquit en son esprit, il fut comblé de
ferveur et respect et ainsi, il devint en possession des
quatre lignées orales.
Dans cet état de vision
intérieure, il progressa chaque jour d'une terre.
Le soir du vingt-neuf, il atteignit ainsi le
degré d'un Bodhisattva de la sixième
terre. Les moines qui l'observèrent eurent alors l'impression que des choses
étranges se passaient. On le critiqua. Birwapa déclara lui‑même :
"je suis mauvais" et, s'engageant dans l'action libérée des règles de
conduite ordinaire, il quitta le monastère de Nalanda en chantant: "Hélas, noble Sangha!"
Arrivé près du Gange, sur la
route de Bénarès, il s'adressa au fleuve en lui commandant de se séparer en
deux, puisqu'étant mauvais, il ne convenait pas qu'il le
touchât; le fleuve obéit. Les moines qui le suivaient, ayant compris qu'il
avait obtenu la réalisation, lui demandèrent son pardon. Il resta assez
longtemps dans une forêt près de Bénarès, très détaché de tous soucis matériels
(nourriture, vêtements, etc.) dans le Samadhi.
Alors, le roi de Bénarès,
Govinda Tsendra, demanda à ses sujets de prendre des renseignements sur ce yogui.
Il ne put s'en faire une opinion, et, par prudence, ordonna de le jeter à
l'eau, puis de le donner au bourreau et enfin de l'enterrer sous un monceau de
ferrailles. Mais, avant même le retour des messagers auprès du roi, Birwapa
était là, bien vivant.
Alors, le roi et sa suite se rendirent à 'évidence et pleins de foi, lui
demandèrent son pardon. Le roi avec ses sujets prit la
voie du bouddhisme tantrique.
Birwapa, poursuivant sa route vers
Bhimisara arriva
au bord du Gange. Il y rencontra un passeur qui refusa de
le faire traverser s'il n'était pas payé; Birwapa lui dit :
''je te donne ce fleuve en paiement", et, avec le signe de
conjuration, il sépara pour la deuxième fois l'eau en deux parties; puis claquant des
doigts, il lui fit reprendre son cours. Le passeur
voulut devenir son disciple. On le connaîtra plus tard sous le nom de
Drombi Héruka.
Birwapa et son disciple se
rendirent à Dakinipata où il but beaucoup de bière dans une taverne dont la tenancière était Kamarupa Saddhida;
Lorsqu'elle demanda :
''Quand la lumière aura dépassé ce
trait, je paierai".
On attendit; Birwapa avait bu toute la bière de la taverne, mais la lumière ne
bougeait pas. Le soleil avait arrêté sa course. Les gens du pays s'affolèrent,
titubant
de sommeil. Tous comprirent que c'était une manifestation du
pouvoir du puissant yogui, et le roi, payant
le prix de la bière, pria Birwapa de bien vouloir relâcher la course du soleil. aussitôt, celui-ci
se coucha.
C'est ainsi que sa réputation
d'avoir par deux fois divisé le Gange en deux et arrêté
la course du soleil se répandit dans toutes les
directions.
Birwapa fendit un lingam
de Shiva à Bhéméhasar au sud. Il accomplit de nombreuses actions merveilleuses
grâce auxquelles il établit bien des êtres dans la voie.
Parmi ses disciples, il y avait Napopa de l'est à la longue chevelure.
Birwapa, Drombi Héruka et Napopa, par
leurs pouvoirs, accomplirent le bien des êtres. Birwapa donna à
Drombi Héruka des vagues de dons qui l'établirent
dans le même degré de compréhension que lui. Birwapa l'envoya à
l'est, au pays de Rada auprès du roi Déha pour le convertir, et, avec Napopa,
il se rendit à Diwikoti, près de la statue de Tchenrézi Khasapani qui lui parla
ainsi :
"Noble
être, tu as accompli largement le bien d'autrui par tes pouvoirs; tu
dois aussi l'accomplir grâce à la compassion, car les êtres sont tous
différents."
Aussi Birwapa fonda-t-il à
Sowanathar au sud, temple et communauté de moines . Il protégea la
vie de millions d'animaux en empêchant
les sacrifices sanglants. Il transmit à Napopa l'essence du Lamdré (Dorjé Tshigkong)
et celui‑ci obtint le même degré de compréhension que lui. Puis, des messagers
vinrent l'inviter au pays d'Oudjien; là, il composa le grand traité de base "Treumé" sur la
vision profonde. Ensuite, suivant les paroles de Tchenrézi, il s'absorba dans
une statue de pierre à son image à Sowanathar, après avoir annoncé cet acte. La
main droite de la statue faisait le Moudra de conjuration
et cette main transformait le fer en or.
En résumé, personne comme lui
n'a accompli le bien de la doctrine par ses pouvoirs miraculeux indestructibles.
Personne autant que le victorieux Tcheu Tra (Chos Grags) ne l'a tenu par son
habileté dans l'argumentation. Personne autant que le roi du Dharma Nya ngen
mé ne l'a tenu par sa puissance et sa réussite. Du 'Jam dpal rtsa rgyud
:
Bien que beaucoup comprennent
cette prophétie comme l'annonce de la venue du glorieux Tcheu Tra,
ceux qui suivent Ndromi Lotsawa disent qu'il s'agit du
puissant yogui
Birwapa.
Le disciple de Birwapa,
Napopa de l'est, qui possédait l'enseignement du pouvoir d'émanation en des
milliers de formes, a transmis ce pouvoir au yogui Damarupa du centre de
l'Inde. Ce dernier eut le pouvoir d'apparaître
dans tous les vingt-quatre pays et les trente-deux lieux au même moment en
faisant résonner le Damaru.
Damarupa transmit son
enseignement au roi de l'Inde centrale, Sengué Nampar Tsenpa qui obtint un rang
élevé de compréhension. Comme on le voyait souvent entouré d'enfants et que son comportement était
souvent incompréhensible comme celui d'un enfant, on l'appelait Awadhuti.
Awadhuti a transmis son
enseignement à Gayadhara d'une caste de scribes. Ce dernier obtint la liberté
parfaite sur la phase de création mentale. Il eut de nombreuses visions de
corps d'émanation des divinités et obtint le pouvoir de ''placer le Dorjé et la cloche dans le ciel'', ainsi. que celui de transférer
le principe de conscience d'un corps à un autre.
Gayadhara vint au Tibet à
Mongkhar mugu chez Ndromi Shakya Yéshé. Depuis Birwapa
jusqu'à Ndromi Shakya Yéshé,
l'enseignement fut transmis avec les quatre lignées orales et avec le Lama prophétisant
à quels disciples il faudrait le transmettre.
A Trompadjiong, le roi
tibétain Lhatsé Lhatsun envoya en Inde trois traducteurs jeunes, pleins de
sagesse et de courage : Ndromi Lotsawa, Ling Lotsawa et Ta
Lotsawa. Il leur fallait étudier la racine de la doctrine constituée par l'enseignement de la libération personnelle (Hinayana) ainsi que
l'essence de la doctrine (les Paramitas) et le cœur de cette essence (le Véhicule tantrique).
Parmi ces traducteurs, Ndromi
Lotsawa reçut les enseignements du Népalais Chiwazanpo ainsi que du
grand Pandita Shintapa, gardien de la porte de l'est du collège de Nalanda
(haut grade). Il étudia aussi auprès des autres Panditas de Nalanda, gardiens
des cinq autres portes et il acquit la maîtrise sur tous les objets de savoir.
A Diwikoti au sud, il obtint réellement l'enseignement de Tchenrézi Khasapani.
Puis le grand sage Pawo Dorjé (lui‑même disciple du disciple de Drombi Héruka)
lui donna les enseignements du Lamdré et
l'explication de deux cent quarante Tantras ainsi que les initiations, et explications
libératrices. Il étudia ainsi pendant douze ans en tout en Inde et devint riche
de tous les enseignements profonds et vastes.
Gayadhara, enseigner le
Lamdré complet pendant trois ans, au disciple choisi qui n'eut plus à se
préoccuper de trouver ailleurs d'autres enseignements. Il fut un grand Pandita savant dans tous les objets de science.
Il eut aussi comme disciples Ngeu Lotsawa et Marpa.
Grâce à ses vertus de possession. des enseignements et de réelle
compréhension intérieure, il obtint la maîtrise et la liberté sur le
processus de visualisation, le pouvoir d'émanation, le pouvoir de s'asseoir dans le ciel dans la
posture des jambes croisées et le pouvoir de transfert du corps à un autre. Par
ces pouvoirs, bien qu'il pût obtenir le Mahamudra dans une
seule vie, par la faute de certains de ses disciples,
il n'obtint la réalisation du corps de connaissance transcendante
que dans le Bardo.
Bien qu'il tienne
l'enseignement essentiel en grande vénération (et donc hésitât à le donner),
comme cependant son activité divine était très vaste, il eut d'innombrables
disciples et ainsi, bien que dix‑huit
traditions concernant le Lamdré aient surgi, son disciple principal est
Sékhartchoungwa, qui le servit pendant dix-sept
ans, lui faisant entièrement don de ses corps, parole, esprit, et qui reçut les
enseignements à la manière d'un vase ''non percé''.
Comme les vagues de dons de
Sékhartchoungwa étaient grandes ainsi que son enseignement profond, il eut deux cent disciples capables de "saisir le bout de la
voie'', qui obtinrent la compréhension intérieure. Dix‑sept disciples purent
obtenir entièrement tous les commentaires des Tantras; parmi les huit qui reçurent
les différentes versions plus ou moins résumées du Lamdré, Changten Tcheunbar,
qui resta dix-huit ans à servir son Lama, paracheva les qualités de méditation, et de compréhension
intérieure, bien qu'il ne le montrât jamais.
Après la disparition du Lama
Sékhar, le grand Satchen Kunga
Nyingpo, ayant entendu dire que Changten Tcheunbar en
possédait tous les enseignements essentiels, pria ce dernier avec persévérance de les lui donner. Il
reçut alors de lui, pendant quatre étés et quatre hivers, le Lamdré complet,
puis, l'année du Lièvre d'eau femelle, alors que Satchen
avait trente deux ans, Changten Tcheunbar lui fit la recommandation.
suivante :
''Dans le véhicule tantrique,
le plus important est la méditation. Je n'ai cependant pas médité aussi
longtemps que cela, mais ce que je vais accomplir maintenant est pour te donner
confiance."
Et il montra de nombreux
miracles. Il lui dit ensuite:
''Si principalement tu
pratiques, tu obtiendras la
réalisation du Mahamudra dans ce corps. Si principalement
tu enseignes, tu auras tel et tel disciple.
Mais
pendant dix‑huit ans, ne divulgue pas même le nom de cet
enseignement. Ensuite, quoique tu fasses, tu en seras le maître."
Plus tard, Satchen Kunga Nyingpo
étudia chaque jour en entier le Dorjé Tshig Kong et le Lamdré complet à nouveau
chaque mois. Pendant cette étude une
maladie due à une mauvaise nourriture le
reprit. Il en vint à oublier l'enseignement et comme ce précieux enseignement
était transmis oralement seulement, il ne pouvait poser de questions à
quiconque; pensant que même en Inde cet enseignement serait difficile
à trouver, il pria son Lama de façon concentrée. Ce dernier lui apparut. Il
continua sa prière avec vigueur, et cette fois ce fut le puissant yogui Birwapa,
au corps marron foncé, resplendissant comme cent mille soleils, entouré de quatre disciples, qui lui apparut de façon
réelle et non comme en rêve ou présage, alors que Satchen avait
quarante-sept ans, l'année du Tigre de terre mâle.
Et pendant un mois, Birwapa
lui transmit les enseignements du Lamdré avec
explications et les enseignements de
soixante-douze Tantras accompagnés des commentaires et initiations, ceci au moyen
de six méthodes d'enseignements,, Il
reçut ainsi les quatre enseignements profonds.
Après que les dix-huit ans
ordonnés par son Lama furent écoulés, Satchen Kunga Nyingpo
transmit cet enseignement aux disciples
pourvus des qualités nécessaires et pour onze
disciples détenteurs des explications des traités, il composa onze
commentaires différents de Dorjé Tshig Kong.
Ses trois meilleurs disciples
prophétisés se rendirent dans le paradis de Dorjé Naldjorma
sans rejeter leur corps. Il eut aussi sept disciples parmi lesquels le principal est le vénéré Trapa Djialtsen, qui
obtinrent
"la patience" sans devoir renaître.
Sept autres
disciples obtinrent un
degré de compréhension intérieure très développé et d'innombrables
autres disciples dont quatre connus pour leur érudition et leur sagesse, qui sont :
- Balten de Nétsé
Satchen Kunga Nyingpo, être
de vertu incomparable, était libre de la moindre souillure de rupture
des trois vœux qu'il possédait. Son esprit d'éveil
était
très épanoui; demeurant constamment dans le Samadhi des deux
phases, il était au‑delà de la dualité, comblant ses
Lamas par sa foi et sa pratique.
Comme il avait réalisé en lui tous les bons présages
intérieurs, il rencontrait les Yidams et avait les dons
de clairvoyance et
beaucoup de pouvoirs. Par exemple, il pouvait paraître en plusieurs endroits à
la fois sous six formes différentes
pour y enseigner le Dharma ou donner des consécrations,
etc..
Il était sans
différence
avec les grands sages bouddhistes de l'Inde. Finalement, à 67 ans, l'année du Tigre
de terre mâle, quatre corps de lui‑même
partirent pour quatre paradis pour y accomplir le bien
des êtres. Il est dit y demeurer encore.
Son fils (à
la fois de chair et de religion) le grand Pandita savant dans
les cinq domaines, Sonam Tsémo naquit l'année du Chien d'eau du deuxième cycle.
"Ko-uo Shambhi, Pandita Déwamati", comme celle d'un grand
Pandita. En Inde,
on le tint pour l'incarnation de Mithoupdawa.
Il obtint de Satchen
Kunga Nyingpo, toutes
les initiations, explications et enseignements essentiels.
Pendant onze
ans, il étudia à Songpunéoutho, auprès du
Lama Tchapatcheuseng, l'enseignement des Paramitas, du Madhyamika),
de la logique, de la discipline et l'enseignement
de l'Abhidharma.
A l'âge de
18 ans, sa réputation de savant s'étendait au‑delà du
Gange. Il accomplissait la triple activité
de l'enseignement, de l'argumentation
et de la composition pour le bien de la doctrine.
S'il avait un doute, il
recevait directement une réponse
de Tchenrézi et des autres divinités qu'il questionnait et il pouvait en un éclair se rendre dans les paradis
de Oudiyana, Potala, etc..
Finalement, à 41 ans, l'année
du Tigre d'eau mâle alors qu'il donnait un enseignement à
quatre-vingt de ses disciples avancés, une odeur agréable
et des sons de cymbale emplirent
l'air et son corps se transforma
en arc‑en‑ciel
et disparut dans une grande lumière.
Il eut un grand nombre de
maîtres parmi lesquels principalement : Satchen Kunga
Nyingpo et Sonam Tsémo.
Constamment accompagné des
vagues de dons de Djampéyang, il se révéla plein de
science et possédant une vue profonde et étendue dans les
enseignements des trois Corbeilles et de tous les Tantras. Son rang fut élevé comme
érudit, saint et sage accompli.
Capable d'éclaircir aussitôt tout doute quant au sens profond, il était
établi en méditation jour et nuit. Il avait tous les signes de réalisation extérieurs,
intérieurs et secrets.
Alors qu'un savant
astrologue, Khatché Pentchen, annonçait une éclipse
du soleil, Trapa Djialtsen fit savoir qu'il allait empêcher cette éclipse.
Pour ce faire, il arrêta le
passage de l'énergie dans les deux canaux Roma et Tchiongma et fit passer les deux circuits rouge et blanc dans le
canal médian. Par cette pratique yoguique, il empêcha l'éclipse.
L'astrologue s'écria que
c'était une bien grande fatigue simplement pour le faire passer pour un menteur.
Il vint lui rendre visite. A sa venue, Trapa Djialtsen se leva en un éclair et
plaça son Dorjé et sa cloche dans le ciel. En voyant ces
signes qui dépassaient l'entendement, l'astrologue Khatché Pandita
Shakya Shri nomma Trapa Djialtsen : ''Maha Bedzadhara'' (grand maître
tantrique), demanda son enseignement et acquit la certitude
qu'il était l'ornement unique de tous les ''détenteurs du Dorjé".
A l'âge de 56 ans, alors
qu'il se trouvait dans le monastère de Niémo tsangkha, il eut
la visite réelle de Satchen Kunga Nyingpo qui éclaircit pour lui le sens du
Lamdré. Alors qu'il avait le pouvoir de se rendre dans différents paradis, sans
s'intéresser aux différences de supériorité et d'infériorité
entre les lieux et pays, il refusa plusieurs fois les invitations de nombreuses
Dakkinis (à y rester); pendant longtemps il prodigua les
vagues de dons de sa présence et eut huit disciples dont le nom se terminait
par Trapa, trois disciples grands traducteurs, quatre excellents disciples ayant l'enseignement du Gur ainsi que
d'innombrables autres dont Mon Betza Radja.
Il énonça la prophétie que, lorsqu'il
se serait incarné en tant que souverain Chakravartin dans une
région de l'univers nommée "couleur de l'or" (Serndotchen),il
réaliserait la plupart des terres et
des voies et qu'il lui faudrait encore trois incarnations pour devenir Bouddha
Parfaitement Accompli.
Le neveu de Trapa Djialtsen, fils de Khen
Paltchen Uépo, fut le grand Sakya Pandita, émanation de Djampéyang. Comme le
Bouddha avant de s'incarner, il fit cinq choix et entra dans la matrice sous la
forme d'un roi des Nagas, à la tête ornée de précieux
bijoux et sa mère connut un Samadhi inconnu auparavant.
Lors de sa naissance, une
grande lumière emplit le ciel et il se mit à parler en sanskrit.
En tant que signe visible de sa précédente accumulation incomparable du mérite,
son corps était orné de toutes les marques physiques des Bouddhas, telles que
la proéminence crânienne et le cheveu blanc comme la conque, enroulé au centre
du front, qui rendaient la vue de son corps une vue dont on ne se rassasiait
jamais.
Il naquit l'année du Tigre d'eau mâle, du troisième
cycle. Pendant vingt-cinq naissances humaines successives en tant que Pandita,
il avait
été constamment accompagné par
Djampéyang. En vérité absolue, il avait été prophétisé par Dolma à l'astrologue
Khatché Pentchen qu'il était l'incarnation de Djampéyang. De même, le savant
Tsongnapa et Chadjé bidzi reconnurent par de très nombreux
signes qu'il était réellement cette incarnation.
En vérité relative, pour guider les êtres, il écoutait les enseignements.
Mais, quel qu'il soit, le sens de
tous les objets de savoir était compris de son esprit une ou deux fois après en
avoir pris connaissance, et il en acquit la certitude intérieure. Comme il voyait son Lama, comme étant
réellement Djampéyang, il obtint la réalisation des bons
présages extérieurs et intérieurs. Il reçut les enseignements
d'innombrables maîtres de l'Inde, du Népal, du
Cachemire, et du Tibet, et il devint comme un trésor de sagesse, d'étude, de
réflexion, de Samadhi, et fut le maître de toutes
les différentes doctrines.
jusqu'à la fin de sa vie,
jamais il ne fut en contradiction avec la plus petite des règles, et, comme le
Vénéré Nyéwar Khor, il gardait une discipline éthique éminente, qui comblait
les Bouddhas.
Il était loué par tous les
êtres mondains et hors de ce monde et il devint un saint digne d'offrandes. Il
possédait toutes les bonnes vertus de savant, moine, généreux, ainsi qu'un grand esprit d'éveil
et toutes les qualités de compréhension intérieure. Grâce à cela, il fit le
bien de beaucoup d'êtres. Sa réputation s'étendit partout.
Ayant parachevé l'étude de
tous les objets de science extérieurs et intérieurs, comme il accomplissait
les œuvres du Dharma par l'enseignement, l'argumentation, et la composition,
sa réputation attira le fameux maître de l'Inde, Trodjé Gawo, et cinq autres
maîtres hérétiques qui vinrent le confronter. Mais Sakya Pandita, par sa
pratique de la science des caractéristiques, qui comprenait les trois éléments
nécessaires, réduisit au silence l'un après l'autre, les six maîtres. Trodjé Gawo, vaincu, coupa sa chevelure en signe de
soumission et fit la promesse de suivre la voie bouddhiste.
Sakya Pandita fut le premier
au Tibet à vaincre des savants de l'Inde par l'argumentation et sa réputation se répandit comme
l'air de l'est à l'ouest de l'Inde.
Il eut pour disciple Djialwa
Yong Guenpa et d'autres qui saisirent la lignée de la pratique (réalisation) avec aussi plusieurs milliers de savants qui
furent détenteurs des trois Corbeilles.
Son activité de composition qui ne devait rien à la bienveillance
d'autrui, était grande : de très nombreux traités
enrichissant la connaissance sur les dix objets de savoir, dont les deux
traités du Domsoum Rabyé (distinction entre
les trois vœux) et du Tséma Rigpai Ter (visant à établir la
vérité par la science de la logique), ainsi que de nombreuses explications aux
traités du Tendjiur et traductions du sanskrit. Particulièrement, il fut le
premier à initier la connaissance traditionnelle des trois objets de savoir. Il
a lui‑même dit que ces enseignements
avant lui, n'existaient pas au Pays des Neiges. La
connaissance du nom et du sens des dix sciences ne tient qu'à lui.
Comme le grand maître de
l'Inde Tcheudjé Trapa Sherdjoung Bépa Loten, sa réputation fut immense. Les
qualités de son corps, de sa parole et de son esprit, comme des étendards (visibles par tous) se répandirent partout. Les
puissants de ce monde eurent envie de rencontrer la "lune de son
visage" et envoyèrent des messagers pour l'inviter. Grâce
à ses prières antérieures et en vue du bien des
disciples du Tibet, il put accomplir l'action suivante:
Le roi mongol qu'on nomme
Koden, possédant tout ce qu'il désirait et étant
immensément riche, voulait trouver un Lama
pour le guider vers la libération et l'omniscience; il demanda avec insistance
qu'on invite le maître du Dharma, Sakya Pandita, que nul ne dépassait en sagesse au Tibet. En
accord avec la prophétie de son Lama, Sakya Pandita,
s'étant rendu en Chine, en devint l'ornement suprême.
Par ses actions inégalables
du corps, de la parole, et de l'esprit, il
répandit la doctrine dans de nombreux pays
barbares. Il délivra le roi Koden de sa maladie et ce dernier eut grande foi en
lui.
Mais, un jour qu'il donnait
un enseignement et insistait sur le fait que "la tortue n'a pas de poils'' (comme il est dit dans le
Soutra de Serwé Tampa), le roi et ses ministres décidèrent de le tester. A cet
effet, un illusionniste chinois, sur la demande
du roi, créa auprès d'un lac un temple magique où Sakya Pandita fut invité à se
rendre avec le roi. Sakya Pandita jeta les fleurs de la
consécration, l'esprit en profond Samadhi, et le magicien ne fut plus capable
de détruire le mirage. Ceci emplit de foi le roi et sa suite. Le temple fut
appelé ''temple magiquement émané du nord'' et, de nos jours, il est encore
visible près de la montagne de Djampéyang en Chine.
Alors que ses disciples
tibétains le priaient de revenir, Sakya Pandita composa en réponse le traité
Thoupai Gongsal (''éclairer la pensée du Puissant) et1e leur envoya.
Il fit ainsi prospérer la
doctrine du Bouddha dans toutes les directions et tous les temps et, à l'âge de
70 ans, l'année du Porc de fer femelle, à l'emplacement du temple magiquement émané, il se rendit
sur la terre de Vajrayana (rang de Dorjé Chang) et réalisa toutes les terres et
les voies, et, au paradis de Ngenga, il devint le Bouddha ''Trimamépa'', comme l'avaient prophétisé ses déités et ses Lamas.
Après sa disparition, alors
qu'un savant demandait de ses nouvelles à Tcheudjial Phagpa, celui‑ci répondit
:
''Plusieurs années se sont
écoulées depuis que le maître du Dharma est devenu Bouddha''.
Le maître des êtres, Tcheudjial Phagpa (1235‑1280) n aquit l'année
du Mouton de bois femelle du quatrième cycle comme fils de Sangtsa, frère de
Sakya Pandita.
A l'âge de 8 ans, il donna un
grand enseignement à environ mille grands Lamas qui pouvaient utiliser le parasol (signe de leur haut rang) et à des dizaines de milliers de moines sur le
Tchiérabsoji (vies antérieures du Bouddha) et le Tantra de
Guépadorjé, grâce à sa seule compréhension et de façon à ce
que ceux qui l'écoutaient eussent l'esprit empli de foi. A partir de
là, tous le qualifièrent d'être suprême (phagpa).
Il eut de très nombreux
maîtres, principalement Sakya Pandita et il devint savant
dans tous les enseignements connus au Tibet, des véhicules
extérieur et intérieur, Tudjikhorlo, etc.. Il
était un puits de science précieuse.
Le roi mongol, Setchen (de
Chine) l'invita dans son pays. Il y accomplit
de grandes œuvres en faveur de la doctrine et des êtres.
Chaque année, il ordonna plusieurs dizaines de milliers de moines. En Chine,
alors qu'il donnait un enseignement à soixante-dix
mille moines, il. leur distribua de l'or et d'autres richesses matérielles.
Par sa science de l'argumentation,
il fut victorieux des vues hérétiques des dix-sept maîtres Sinching (doctrines chinoises) qui
critiquaient la doctrine du Bouddha et il les convertit au
bouddhisme.
Pour répondre à la prière
insistante adressée par le roi Kopé, il composa
les lettres de l'alphabet mongol.
En particulier, un jour, il prit une arme coupante, se
coupa la tête et les membres et l'on vit ces cinq morceaux se transformer dans
les cinq familles de Bouddhas émettant des rayons de lumière innombrables.
Devant la perfection de sa
discipline éthique et les œuvres de son corps, de sa parole et de son esprit,
le roi et sa suite eurent une foi immense et on l'établit comme premier
destinataire des offrandes religieuses royales. Il devint
le maître religieux et temporel des trois régions du Tibet ainsi qu'il avait
été prophétisé par le Bouddha dans le Tantra
"Djampal Tsadjiu".
Il fut le
premier Lama tibétain à devenir roi et gouverna au Tibet avec impartialité
envers les différentes écoles. Il eut trois disciples, Khong, Nieng, Chong, qui
gardèrent la lignée
de son enseignement, deux autres, Gadèn et Kunté, qui saisirent
la lignée de révélation des Tantras. Deux autres, Chang et Kun,
furent les détenteurs de la lignée des instructions essentielles. Quatre disciples réalisèrent parfaitement ses ordres et paroles.
Il eut aussi deux rois
puissants pour disciples, et
six grands disciples dont celui de l'est, Tunkhorwa.
Tous les Lamas, maîtres,
savants et saints du Tibet de cette époque, dont Narthang
Djiépa, le respectaient et le priaient de donner le nectar de
son enseignement. Il gouverna la doctrine du Bouddha par sa triple activité
(enseignement, argumentation et composition.)
qui dépassait l'entendement de la plupart.
En particulier,
dans la région du Tsang à Tchumérémor, alors qu'il donnait un enseignement à
une assemblée de soixante-dix mille religieux et quelques milliers de détenteurs des Corbeilles ainsi que
cent mille autres êtres, il distribua de l'or à chacun
après l'avoir disposé devant lui. comme un tas de céréales,
etc., et il leur donna les vœux de Boddhisattva en faisant en sorte que chacun
en comprenne
le sens.
Il était prédit, dans une prophétie
du Bouddha qu'il viendrait et éclairerait la doctrine comme un soleil.
Le frère de Tcheudjial
Phagpa, Ndroguen tchana, gouverna le Tibet religieusement et
temporellement. Il avait le pouvoir
de résurrection. des morts et le prouva à plusieurs reprises. Il pouvait
placer ses vêtements religieux
sur les rayons du soleil comme sur une table, et,
alors qu'il tirait une flèche dans le roc, elle s'enfonça et en fit sortir de
l'eau. Ses vertus étaient très grandes. il était révéré comme
une incarnation de Tchanadorjé.
Son fils Dharmapala gouverna
le Tibet religieusement et temporellement et mourut jeune. Après sa mort, son
corps brûlé laissa des restes d'os
qui se transformèrent en reliques et furent un support de la foi au Tibet et en
Chine.
Il n'eut pas de descendance,
mais l'un des fils de Sontsa (frère de Sakya Pandita), Yéché djoungné,
eut quinze petits fils (de son fils) comme l'avait prophétisé Dolma alors
qu'il se trouvait en Chine.
L'aîné de ces quinze petits
fils Tichri Kunleu, ainsi que ses frères se
partagèrent en quatre maisons de Lamas "Ladrang" à Sakya
(actuellement, il y en a deux). C'est du Ladrang Rintchen gongpa que naquit
le saint Lama Sonam Djialtsen. Ce maître paracheva
la triple activité de l'étude, la réflexion et la méditation, et au Tibet, il
ne se trouvait pas un seul sage qui ne fut son disciple. Il y eut dans sa descendance de très nombreux savants et sages dont Djagar Shérab
Djialtsen et Datchen Lodreu Djialtsen.
sages et savants, dont le
grand Kunga Rintchen qui restaura les supports extérieurs et intérieurs
de Sakya, établit les règles
du monastère, initia et fit progresser les différentes façons d'enseigner les Tantras et fit évoluer
la pratique
essentielle. Il accomplit des œuvres utiles à la doctrine de Sakya.
Ensuite, depuis le maître Djamguen Améchab
jusqu'à présent, il y eut deux maisons à Sakya, actuellement
Dolma Phodrang et Phuntso Phodrang dont les descendants sont respectivement Dathri Rinpoché, l'actuel Sakya
Tridzin et ses fils ainsi que Datchen Rinpoché avec ses fils et petit-fils.
Ils présentent les qualités d'érudition et les signes de la réalisation et tous ont
les protecteurs du Dharma comme serviteurs ainsi que la possibilité de transformer les phénomènes
sensibles comme ils le désirent.
Il est dit, dans les
prophéties de Guru Rinpoché et de Palden Atisha, qu'ils avaient vu Satchen Kunga Nyingpo entouré dans les quatre
directions des émanations de Djampéyang, ce qui signifiait que tous les descendants authentiques de
cette lignée étaient des êtres saints.
LA SUCCESSION DES GRANDS
ETRES DETENTEURS DE LA DOCTRINE
Leur manière de la faire
progresser
Les cinq vénérés Lamas
Sakyapa, ayant établi cette nouvelle tradition d'enseignement, eurent des disciples innombrables
qui en poursuivirent la lignée avec le Saint Lama
qui possédait la révélation de toutes les explications
et pratiques.
Les membres héritiers de la
lignée divine spécifiquement Sakya, de père en fils,
et leurs disciples possédant la connaissance,
la discipline éthique, et la sagesse, furent
aussi nombreux que les atomes du Gange et répandirent tous la doctrine au Pays
des Neiges jusqu'à nos jours, selon la
prophétie du Bouddha où il était dit que le
Dharma serait fort développé au Pays du Nord (ou Tibet).
D'autre part, les nombreux
yoguis disciples des cinq Lamas Sakyapa ont enseigné
largement dans les régions avoisinantes de l'est et de
l'ouest (du Tibet). Au Tibet même, les descendants des
anciennes lignées Nyingmapa de So,
Seur et Noub, ainsi que de nombreux découvreurs de textes cachés, dont Guru
Tcheuwong, et de nombreux grands Lamas de l'école Kadampa, les
Lamas Tchayulwa, Tokonwa, Tchimnamkhatra, Tchomdèn Ripé
Raldri, etc., ont tous reçu le nectar de l'enseignement des cinq grands Lamas Sakyapa.
Les Lamas Tchapa Tcheudjé
Sengué et Niondrèn Tcheudjé Sengué ont reçu
particulièrement les enseignements
de libération, de sens profond, de la part des Lamas
Satchen Kunga Nyingpo père et fils.
Le maître des êtres à
l'origine de tous les Kadgiu‑pa, Phamo Trupa, est
resté 12 ans à servir Satchen Kunga Nyingpo comme son disciple et a reçu lui
les enseignements
profonds. Il a composé le commentaire ''Dzémar'' au traité du
Lamdré.
Le premier Karmapa,
Tussoum Tchienpa, a reçu l'enseignement du Lamdré des deux
disciples de Satchen Kunga Nyingpo (Palgalo et Asèng).
Les Lamas des Shangpa Kadgiu,
Motchopa et Nyentèn Bépé Naldjor, ont tous deux
servi longtemps Aseng et Trapa Djialtsen de leur corps, de leur parole et de
leur esprit.
Le Lama Poutèn Rinpoché (qui
fonda la branche Poulou) a reçu tous les
enseignements de pratique des mantras et de la
science des caractéristiques (Tsénié) de la part des Lamas Sakyapa, Tichri
Kunleu et Sonam Djialtsen.
Le Lama Tcheukeu Weuser (de
l'école Tchonangpa, une branche Kadampa), était disciple détenteur de
l'enseignement de Sakya Pandita.
Le Lama Shèrab Djialtsèn de
Tolpo a mis toute son ardeur à étudier la science des caractéristiques à Sakya.
De Chongten Dorjé Djialtsen
(disciple de Tcheudjial Phagpa) jusqu'à Ponlo, Chalou
Lotchen et Podong Tcholé Namdjial, tous sont aussi des maîtres
Sakyapa. Au sujet de l'école de Podong Tcholé Namdjial, il faut se reporter à
la biographie où il se présente lui‑même en
tant que Sakyapa.
Les Lamas Nyingmapas,
Djialsé Thomé Zangpo et Kuntchèn Lontchèn Pa
ainsi que le Lama Kadgiupa Phamotroupa, ont reçu les
enseignements du Lamdré et
d'autres, du saint Lama Sonam Djialtsen.
Le sixième Karmapa, Thonwa
Tèndèn, a reçu tous les enseignements sur les grands
traités de base, du Lama Rontèn tchenpo (disciple de
Ngortchen Kunga Zangpo).
Djé Rinpoché (Tsongkapa) et son
disciple Djialtsab étaient disciples du grand Sakyapa Rèndawa. Parmi les
disciples de ce dernier, sept avaient le degré de Ramdjampa (titre Sakyapa d'érudit). Djé Rinpoché et
Djialtsab étaient deux parmi ces sept. Parmi les dix disciples de Rèndawa
possédant le titre de ''Katchu mawa
(autre titre moins élevé d'érudit),
l'un était Khé Droup Djé
(deuxième disciple de Tsongkapa). Djé Rinpoché
avait reçu les enseignements profonds de Niawen Tamtché Tchenpa, du Saint Lama et de Sazon Mati Pentchen (tous Sakyapas).
Il est dit que la tradition
de la science des caractéristiques de Tsongkapa vient
des Sakyapas et que sa science des Mantras provient de la
tradition Poulou. Ceci ressort de sa biographie. La
plupart de tous les savants
et sages du Tibet ont été, de façon directe ou indirecte les disciples de lamas
Sakyapas.
Ces faits sont bien connus de tous les
savants impartiaux.
En ce qui concerne les
explications données aux cinq catégories des grands traités,
les savants Sakyapas et Guélukpas
disent que la catégorie des Paramitas est attribuée à Yatèn (Lama Sakyapa),
la partie concernant la philosophie du Madhyamika est
attribuée à Rèndawa, la science des caractéristiques à Niawen, la discipline à
Tcha, et l'Abhidharma à Tronté et Tchim
Nam Kha Tra.
La plupart de ces grands
maîtres détiennent la lignée du Dharma Sakyapa. C'est grâce à leur bienveillance que la triple activité d'enseignement, d'argumentation, et de composition a pu largement
prospérer jusqu'à nos jours dans les collèges de toutes écoles.
Particulièrement, ceux que
l'on appelle ''les six ornements du Tibet'' (par analogie
avec les six ornements de l'Inde) furent des Lamas
Sakyapas : deux savants dans les Sutras, Yaten et Ronten, deux
savants dans les Mantras, les deux Kunga, deux savants dans les Soutras et
Mantras, Koram Sonam Sengué et Pandita Shakya Tchoden.
Tous ces savants ainsi que
d'autres, innombrables comme les étoiles dans le ciel, avec
leurs disciples en nombre incalculable, étendirent dans toutes directions, le
domaine de la connaissance au Pays des Neiges.
En ce qui concerne l'explication et l'étude des différents
traités des trois Corbeilles, pour les Sakyapas, elle est divisée en six
grandes catégories, qui sont les Paramitas, la logique (science des caractéristiques), la
discipline, l'Abhidharma, le Madhyamika, et les trois vœux.
En ce qui concerne la
discipline, on trouve l'explication et l'étude des deux
traités du Soutra de la libération personnelle
(Prati Moksha Soutra) et du Vinaya Soutra.
En ce qui concerne la logique (traités) : Pramana Samuccaya de Dinnaga, Pramana Vartikar de Dharmakirti,
Pramana Viniscaya de Dharmakirti, Pramana Yuktinidhi de Sakya Pandita.
En ce qui concerne l'Abhidharma
: Trésor de l'Abhidharma
(Abhidharma Kosha de Vasubandhu), Complète Compilation
de l'Abhidharma (Abhidharma Samuccaya d'Asanga).
En ce qui concerne les
Paramitas: les cinq enseignements de Maitreya à savoir l'Abhisamaya Lankara
Soutra, le Soutra Lankara, le Madhyanta Vibhanga, le Dharmata Vibhanga et
l'Anouttara Tantra ainsi que le Tchièndjou ou Bodhicaryavatara ("s'engager dans l'action de
Bodhisattva'') de Shantideva.
En ce qui concerne le
Madhyamika : le Mulamadhyamaka
Karika de Nagarjuna
(''traité racine sur la voie du milieu''), l'Oumadjoupa
ou Madhyamaka Vatara ("s'engager dans la voie
du milieu") de Candrakirti, et l'Ouma
Jidjiapa ou Catuhsataka d'Aryadéva (''les 400 de la voie du milieu'').
En ce qui concerne les trois
vœux: le Damssoum Rabyé
(Trisam Vara Prabheda) de Sakya Pandita, traitant des vœux de l'Arahat, du Bodhisattva et de
l'adepte du Vajrayana.
Ces dix-huit traités appelés
''les dix-huit fameux'', sont étudiés dans les collèges d'enseignement. A l'issue de
cette étude, on peut acquérir le grade de Kajipa (4ème parole), de Katchoupa (10ème parole) ou de Ramdjampa
(connaissant tous les traités).
Jusqu'à nos jours, on pouvait
obtenir l'explication et l'étude de ces océans de connaissance
(tous les traités) dans tous les grands collèges du Té, du Tsang et du U
ainsi que de l'est, sans sortir de la branche Sakyapa.
De la même façon, dans les
écoles de Ngor, Dzong et Tsar, on mit tous ses efforts à tenir haute la
bannière de la pratique et plusieurs centaines de rituels et mandalas
différents étaient pratiqués avec leurs enseignements, et initiations des
quatre groupes de Tantras.
Et ainsi, beaucoup obtinrent
les pouvoirs supérieurs (rang de Bouddha) et un corps d'arc en ciel avec
disparition du corps de chair, parmi eux, Sonam Tsémo, le sage Thangtong
Djialpo et d'autres sages innombrables comme des oiseaux migratoires, et qui
manifestèrent tous les signes de la réalisation. Ces grands êtres, gardiens de
la doctrine, plaçant toutes leurs pensées dans le Dharma du Bouddha, fondèrent un nombre incalculable
de monastères semblables à des joyaux ornant 1'océan, où les moines étaient détenteurs des trois Corbeilles.
Parmi les sièges monastiques
principaux détenteurs des Tantras, celui de Ngor Ewam Tcheuden fut fondé par Ngortchen Dorjé
Tchang Kunga Zangpo, l'un des deux Kunga "savants dans les Tantras",
dans l'année de l'Oiseau
de terre du septième cycle (1429). La venue de ce grand Kunga fut
prophétisée par le Bouddha dans les Soutras de Phagpa Guèwe Tsawa Yonsou
Dzopa et Péma Karpo.
Ngortchen Kunga Zangpo naquit l'année du Chien d'eau du
sixième cycle. Par ses qualités incomparables de
discipline éthique, de Samadhi et de sagesse
(écouter, réfléchir et méditer),ainsi que par sa
largeur l'esprit, il a développé comme un deuxième
Bouddha, les trois activités d'enseignement, d'argumentation et de composition.
Il donna l'enseignement du Lamdré quatre-vingt fois, et les initiations du
Dordjé Threngwa soixante fois. On ne peut compter les explications, initiations et
enseignements essentiels qu'il dispensa; comme sa discipline éthique était
parfaite, on lui demanda plus de dix mille fois les vœux de moines. Il est
appelé le Dorjé Tchang de notre époque de querelles.
Il eut, parmi ses disciples,
un nombre incalculable d'êtres réunissant les qualités de savants et de sages
ayant obtenu les pouvoirs. Ses monastères,
plusieurs milliers, essaimaient dans les régions
du Té, du Mè et du U.
La première de ses dépendances (filiales de Ngor) fut Mu Tamoling où résidait le Lama Mutchen Kentcho Djialtsen.
A partir de Mutchen qui fut abbé
de Ngor Ewam 'I'cheuden jusqu'aux abbés des quatre maisons de Lamas de nos
jours, une lignée de soixante-neuf Lamas se sont succédés sur le trône de Ngor Ewam Tcheuden (les quatre maisons se partageaient la tenue du trône tous les trois ans). Tous les ans, le Lamdré était
donné sans interruption par le Lama
détenteur du trône et Ngor comprenait en permanence environ cinq
cents moines, sans compter ceux très nombreux qui venaient au Lamdré, de toutes
les régions (surtout du Kham).
Un deuxième monastère fut
Tsédong, fondé par Djamyang Namkha
Tashi, l'année de l'Oiseau de
terre femelle du huitième cycle (1489).
Ce monastère fut pris en charge par la maison de Tuntché. De
grands êtres, comme Thritchen Sonam Lhundrup y vinrent.
Plus tard, le grand abbé de Ngor,
Dorjé Tchang Ngawang Lodreu Jenphen Nyingpo (Tampa Rinpoché), y vint donner
l'enseignement du Lamdré Loché. Tsédong
devint alors un collège d'étude et de pratique.
Le monastère de Phenyul
Nalenda (Tsarpa) fut fondé l'année du Lièvre de bois du septième cycle (1435) par Kuntchen Ronten, l'un des
"six ornements du Tibet''.
Ce grand Lama naquit l'année
du Mouton de feu femelle du sixième cycle, dans
la lignée royale de Taguisita au pays de Djialmo Rong, à l'est. Il est reconnu
non seulement comme l'incarnation authentique de Maitreya par des prophéties et
des enseignements, mais encore comme la réincarnation de nombreux Panditas de
l'Inde et du Tibet, dont Kamalashila (Indien) dont il disait se souvenir.
Il possédait la connaissance
de un
million huit cent mille volumes et ses principaux maîtres furent Mipham Tcheudjé lama, d'autres savants
tibétains et le Pandita indien Natié Rintchen ainsi que d'autres Panditas de l'Inde. De ces
différents maîtres, il reçut les enseignements des traités des paroles du
Bouddha et de leurs commentaires.
De 22 à 84 ans, il dispensa
son enseignement avec un discernement qui plaisait aux savants et eut parmi ses
disciples :
‑ quatre ''piliers de la
doctrine'', huit disciples dits ''ornements de la doctrine'', trois disciples capables d'égaler leur maître, dix-sept disciples
qui vinrent vers la fin de sa vie, quatre disciples de très grande réputation
et environ six mille disciples gardiens des trois Corbeilles.
Dans la science des débats,
il puisait dans le trésor des enseignements et de la réflexion profonde. Parmi les nombreux savants, il se montra particulièrement
habile dans la science des débats, sans jamais commettre la moindre erreur. Il ne
s'en remettait jamais à d'autres que lui‑même
et était semblable à un trésor de vues larges.
Dans de nombreux collèges
d'enseignement comme celui de Sangpeu Néou Tho, il montra
son habileté dans la triple activité d'enseignement, d'argumentation et de
composition, et toute l'assemblée des savants et des sages
du Pays des Neiges l'honorèrent du nom de Ronten Mawé
Sengué (la Parole du Lion).
Il composa de nombreux
traités de méditation sur la pratique de la plupart des grands
traités et d'extraordinaires commentaires à quarante grands ouvrages ainsi que
différentes louanges, de nombreuses explications d'enseignements
divers, des commentaires aux Tantras
et un résumé de la signification de soixante traités. Il fut l'auteur de plus
de trois cents ouvrages. Par les guirlandes de sa composition, il
embellit la doctrine du Bouddha.
Comme signe visible de la vérité du Dharma, il avait le
pouvoir de ressusciter les morts, le pouvoir d'émanation et celui de voler
comme un oiseau.
. On peut voir, dans sa
biographie, qu'il possédait
tous les signes des réalisés de la sixième terre.
Son disciple, Kuntchen Tashi
Namdjial, donnait chaque jour trente-deux fois des
enseignements à des groupes différents. Il ne lui était pas nécessaire de
préparer les explications la nuit. Il se mesurait dans les débats avec de très
nombreux savants et en ressortait victorieux. Il possédait à la fois les qualités d'un savant et celles d'un
sage.
A partir du grand Rongten
jusqu'au septième abbé de Tsar (pendant 20
années) il y eut environ deux mille à trois mille moines à Nalenda et
quarante-cinq maisons de moines. Après cette première période, de nombreux
obstacles ayant surgi, le nombre des moines était tombé à mille.
Au plus mauvais moment, Lodreu Djialtsen invita Tchienrab Tcheudjé Rinpoché qui
était un sage éminent et qui possédait la lignée proche de l'initiation de Tu Tji Khorlo obtenue de Dorjé Naldjorma. Celui-ci prit la
succession de Tsar comme huitième abbé. A
partir de lui jusqu'à nos jours, le nombre de moines n'a jamais été inférieur à
quatre cents et ce fut un lieu de collège d'enseignement et de pratique des
Soutras et des Tantras.
Depuis lors, jusqu'à Rintchen
Tchientsé Ongpo, il y eut une lignée
de dix-huit détenteurs du trône de Nalenda, tous de la famille
divine de Tché.
La lignée complète d'enseignement
comprend vingt-six Lamas. Le frère de Tchienrab Tchampa, neuvième de la lignée des dix-huit détenteurs
du trône, fut la quatrième incarnation de la lignée des Zim‑Ouo (autre maison
de Lamas de Nalenda) qui se poursuivit jusqu'à Dorjé Chang Tchampa Kunga Tendzin.
A Nalenda, il y
avait à la fois un collège d'argumentation et un collège de Tantras, et
nombreux furent ceux qui montrèrent les signes de la réalisation par leur
connaissance sur les Tantras. Jusqu'à nos jours, ce fut le lieu d'enseignement de la lignées des
Soutras et des Tantras. Il y avait sept cents moines, une grande salle d'assemblée,
deux collèges de moines, cinq maisons et trois maisons de Lamas.
Les monastères filiales de
Nalenda étaient nombreux du Tsang à Tsawarong, jusque dans
l'Amdo à Djiarong (près de la Chine).
En ce qui concerne le monastère
de Ndréyul Tchiétsal (Tsang), il fut fondé en
1449, l'année du Serpent de terre du huitième cycle, par le disciple du
grand Rongten, Tchamtchen Ramdjampa Sandjié Phel.
Ce monastère devint un grand collège de la science des caractéristiques et de l'enseignement des
trois fondations.
Le disciple de Tchamtchen, Djamyang Kunga Tcheuzong, gouverna ce
monastère. L'assemblée des nombreux disciples de Tchamtchen emplit toutes les
directions.
Parmi eux, se trouvait le très grand savant dans les Sutras
et Tantras, Kuntchen Korampa.
Il restaura et fit prospérer le monastère de Tana
Thoubten Namdjial Ling, ceci en 1478, l'année
de la Souris de terre du huitième cycle.
Ce grand seigneur du Dharma
naquit l'année de l'Oiseau
de terre du septième cycle.
Il eut comme maître le grand Rongten et son disciple ainsi que Ngortchen Kunga
Zangpo. Il atteignit les sommets de la connaissance. Il diffusa les écrits des vénérés
fondateurs Sakyapa
(les cinq Lamas) et fonda le collège d'enseignement du grand temple de Sakya.
Jusqu'au grand abbé ''Bouddha'', un très grand nombre
d'autres collèges d'enseignement furent fondés.
Le disciple de Korampa, Mu Thoudjié
Palzong, fonda le monastère de Djé Thoubten Yontchen, dirigé par les abbés
et Lamas Palzang et Pentchen Ngatcheu.
Le disciple de Tchamtchen
Ramdjampa, Pandita Bomtra Sompa, fonda le monastère de Nyenyé Tchagué Chong.
Le disciple de Djamyang Kunga
Tcheuzong, Jongdjia Ngeudroup Palbar, fonda le monastère de Tcheu Khor Lhunpo.
Pentchen Lhaong Lodreu fonda
le monastère de Jéri Tchietsal Oma. Ce
monastère fut un grand collège de la science des caractéristiques. Il eut tout
d'abord six filiales dont chacune essaima à son tour.
Tenyé Palwé fonda Sélong. Le
disciple de Rongten, Pentchen Shakya Tchoden,
dirigea Sélong qui devint un grand collège de la science des caractéristiques, appelé Thoubten Serndotchen. Dans le
pays de Penyul, il restaura le monastère du maître
Longré Thongpa, grand maître Kadampa.
Le monastère de Zongden
Tcheudé au Tsang, fut fondé par Kunpong Tcheutra et il y eut là une nombreuse
lignée d'abbés ''Gardiens des trois Corbeilles'' et, tous les ans, ce monastère
et les douze filiales qui en dépendaient se réunissaient pour la pratique et
l'enseignement des Sutras et Tantras en conservant les coutumes antérieures.
Quant aux monastères du
Lama Mutchen Khorlo Dampa dans le pays de Mu, ils s'appelaient Samling,
Tamoling, etc..
Le monastère de
Chékardjialtsé Tcheudé du pays de Niongté dans le Tsang fut fondé par
Rabten Kunzang Pha. Il eut seize collèges de moines différents et jusqu'à nos
jours, il connut un grand développement.
Dans la même région, il y eut
les monastères des Lamas Rendawa, de Sazang Mati Pentchen, de Tatsang Lotsawa Mawa
Shérab Rinchen.
Le monastère de Konkar Dorjé
Den, dans la province du U, fut fondé l'année du Singe de bois
du huitième cycle (1464), par le savant en mantras,
Dzonpa Kunga Namdjial. Ce maître naquit l'année du Chien d'eau
du septième cycle. Il possédait de façon inégalable
les vertus de savant et de saint. Il y établit la tradition
de la récitation des différents rituels de mandalas en accord avec les
différents Tantras et la tradition
des danses religieuses.
Il était protégé par les
Protecteurs du Dharma et avait de grands pouvoirs. Jusqu'à nos jours, la
tradition des techniques de libération y fut ininterrompue.
Quant au monastère de Paldjé
Samyé, il fut d'abord fondé par les trois, abbé, maître et roi respectivement
Boddhisatto, Gourou Rinpoché et Thrisong Détsen. Il se développa et, lors de la
deuxième diffusion du Dharma, il fut restauré par les Lamas Sakyapas, Sakya
Pandita, le Saint Lama, et Ngatchang Tchenpo. L'abbé de Samyé était choisi et envoyé
par Sakya.
Le monastère de Tchichon Rawa
Mé fut dirigé par Ta Kunga Paljor. Les deux filiales de ce monastère, Dopu
Tcheukor et Shédrong Guen, furent fondées par le disciple du grand Rongten,
Shédrong Pentchen Lodreu Tcheudjié Djialpo.
Le Lama Kuntchen Tashi
Namdjial fonda Tapo Tradzong, et Nyémo Tchamguen fut fondé par Tchenrab
Tcheudjé.
Namdjial Serkhang fut fondé
par Kazi Katchu Shakya Lodreu.
Dans le monastère de Trathang où
demeurait Trapa Ngenshé, le maître Khéong Tendzin Phuntso développa
le "Fleuve du Dharma" de Sakya, Ngor et Tsar.
Katché Pentchen
fonda le monastère de Tratsé Tsondeu. D'autres monastères
comme Takhoupi, Thrangou Chiwa, Yarndro Ching
Mong Rido, etc., furent fondés dans les provinces du U et du Tsang, plus
nombreux qu'on ne saurait dire, semblables à des guirlandes de soleils, de
lunes et d'étoiles, joyaux de la doctrine du Bouddha.
Le monastère de Ndar Trangmo
Tché, dans le Tsang, fut la résidence du grand Tsartchen. A partir de lui
jusqu'au grand abbé Ngawang Losal Phuntso, ce monastère fut dirigé par de
grands êtres, maîtres de l'océan des Soutras et des Tantras.
Le monastère de Yarlung Tashi
Tcheudé fut fondé par le disciple du grand Tsartchen, Khentchen Yolwa Jennou
Lodreu et fut dirigé par d'inégalables incarnations. Il devint un grand collège
de pratique et d'enseignement.
La tradition de Tsarpa
comprend, entre autres, les treize enseignements d'or, les enseignements
profonds de la lignée orale, et les différents enseignements des divers
Protecteurs du Dharma.
Les enseignements furent
transmis du Saint Lama à Ngortchen et à ses disciples principaux, ainsi qu'à la
lignée divine des Khon (de Sakya) sans interruption jusqu'à Dorjé Tchang Lodreu
Djialtsen qui les donna à Doring Kunpongpa Tchenpo qui les reçut comme un
"vase non percé".
Doring Kunpongpa Tchenpo a
tenu la bannière de victoire de la pratique en une seule réclusion à Khaou
Tradzong et il a obtenu ainsi un rang élevé de compréhension intérieure.
Parmi ses nombreux disciples,
le principal "bâton de vie" à tenir la lignée orale fut le grand
Tsartchen Tcheudjé Djialpo Lossal Djiamtso. Ce dernier est né l'année du Tigre
de bois du huitième cycle et il possédait toutes les vertus d'un savant et d'un
saint. Il reçut les vœux de moine de Guendune Djiamtso.
Ayant étudié la science de la
logique à Tashi Lhunpo, par sa parfaite connaissance semblable à celle de
Shantidéva, il enleva toute force d'esprit aux savants de ce monastère.
Obtenant les fruits de ses prières, il reçut les prophéties de Dorjé Naldjorma,
lui enjoignant de se rendre à Khaou Tradzong y recevoir les enseignements du
Lamdré Loshé du Lama Doring Kunpong Tchenpo. Ces enseignements lui furent
transmis au moyen des quatre caractéristiques essentielles de transmission
authentique. Il reçut aussi d'innombrables enseignements profonds, et par sa
pratique, il obtint les signes de la réalisation.
Plus particulièrement, comme Dorjé Naldjorma le protégeait, à Thropou, Sinpori
et à Nalanda, il obtint un haut rang de réalisation et monta sur le trône de Pouten Rinpoché à Shalou. Il
étudia auprès de soixante-trois Lamas, sans
distinction d'écoles, et reçut tous les enseignements profonds de pratique qui
existaient au Tibet.
Parmi ses innombrables
disciples de toutes écoles, les deux principaux furent Tchientsé Ontchoup et
Kuntchen Ludroup Djiamtso qui détinrent la lignée de Tsarpa.
De nombreux disciples
obtinrent un haut rang de réalisation d'union du vide et de la félicité. Ses
disciples tinrent de manière ininterrompue le cours des enseignements et c'est
ainsi que la tradition de Tsar fut établie.
Le fils spirituel du disciple
Tchabda Ongtchoup Rabten, lui‑même disciple de Tsartchen
et de son disciple, s'appelait Guenpo Sonam Tchoden. Les deux principaux
disciples de ce dernier furent Tchabda
Chalouwa et le grand cinquième
Dalaï Lama.
Ce fut à ce moment que les
événements se dégradèrent au Pays des Neiges (à cause des rivalités). Après
une période de troubles, le grand cinquième Dalaï Lama fut
établi dans ses fonctions et put diriger pendant une époque de paix revenue. Il
reçut alors de Guenpo Sonam Tchoden, les enseignements du Lamdré Loshé très
détaillés ainsi que les enseignements qui y sont rattachés. Ceci devint sa
pratique principale. Il composa lui‑même un commentaire du Lamdré Loshé et
compila les biographies des quatre Lamas Tsarpas et les fit imprimer.
Afin de répandre les
enseignements profonds du Lamdré Loshé, le cinquième Dalaï Lama invita
Shalou Khentchen à venir donner ces enseignements et il fournit à la fois les
vivres et les offrandes pour tous les moines et Lamas. Il fit
diffuser cet enseignement particulièrement dans le sud.
Parmi les principaux
disciples ayant reçu l'enseignement du Lamdré, à cette occasion, se trouvaient
Tchodjié Tchenrab Tchampa (Abbé de Nalanda) et Satchen Kunlo (deux des quatre principaux Lamas), etc..
C'est grâce à l'activité
religieuse de ces quatre Lamas que la lignée orale du Lamdré Loshé demeure
jusqu'à nos jours et c'est grâce au grand cinquième Dalaï Lama que les
enseignements Sakya et Ngorpa sont répandus dans toutes les écoles du Tibet.
Quant au monastère de Dergé,
Lhundroup Teng, dans la région du Ndoté (Kham), ''Demeure de tous les Rois du
Dharma'', il fut fondé par le grand sage Thangtong Djialpo et par le roi
religieux Tashi Tchéyèn. Ce grand monastère comprenait un collège
de pratique et un collège d'enseignement très réputés ainsi qu'une importante
bibliothèque et imprimerie où furent publiés le Kandjour, le Tendjour, les
écrits des Lamas, etc..
A Dergé, vivaient en
permanence une moyenne de mille sept cents moines. Ce monastère fut le berceau
spirituel de nombreux savants dont le grand Pandita Chutchen Tsulthrim
Rintchèn. A Dergé, se faisait aussi la pratique des trois traditions de Sakya,
Ngor, et Tsar en ce qui concerne la façon de réciter les textes (mélodies etc..)
Le "deuxième
Bouddha de notre temps de déclin'', Djamyang Tchientsé Ongpo, réunit les
différentes Saddhanas
en une seule collection et fit progresser les doctrines de toutes les écoles,
mais particulièrement celles de Sakya, Ngor et Tsar.
Le disciple de ce maître,
Sangda Loter Ongpo (un maître de récitation de
Ngor) reçut des deux Lamas, Mipham Sengué Rabdjié de Tana et Ngawang Lédroup
(maître de cérémonie de Ngor Ewam Tcheuden), tous les enseignements de la
logique, du Madhyamika, des Paramitas, de la discipline, de l'Abhidharma et des
trois vœux, ainsi que la tradition des cinq premiers Lamas fondateurs de Sakya.
Sangda Loter Ongpo composa,
compila et réunit des commentaires aux cinq groupes de traités et fit beaucoup
pour les diffuser. Entre autre, il réunit les enseignements secrets, tous les
textes de pratique des grandes initiations, explications, enseignements
essentiels et commentaires des Tantras, tout en maintenant la tradition dans
une collection de trente-deux volumes, intitulée Djiu Dé Kuntou. Ce fut lui aussi qui
réunit le Lamdré Loshé en dix-sept volumes et contribua à leur diffusion dans
le Té et le Mé (ouest et est du Tibet).
Particulièrement, le disciple
de Loter Ongpo (et de son disciple) le grand
Dorjé Tchang Ngawang Lodreu Jenphen Nyingpo, être saint, ''Maître de la Roue du
Dharma'', transmit largement le Lamdré dans le Tsang et eut jusqu'à nos jours
une grande assemblée de disciples.
Dans le monastère de Dzongsar
Tashi Lha Tsèr (région de Dergé), l'incarnation de Tchientsé, Tcheudji Lodreu,
a fondé un collège d'enseignement où l'on
pouvait étudier les enseignements de toutes les écoles et principalement des
dix-huit grands Traités Sakyapas. Il y fonda aussi
un collège de pratique de tradition principalement Tsarpa.
Le monastère de Thromdoguen,
dans la région de Throm (Kham) fut fondé
par Djialwa Tchangtchoup. Il contenait plus de mille moines.
Dans la région de Ga, le
monastère de Tchiégou Tendroup ling
(à Djié Koundo) le "deuxième Ewam'',
fut fondé par Salo Djampal Dorjé. Ses collèges de pratique et d'enseignement
furent réputés pour leurs règles sévères. Il comprenait environ mille cinq
cents moines.
Celui qui fut le disciple de Djamguen Tchientsé, de Kontreul et de Djamyang
Rintchen Dorjé, grand abbé de Thartsé parvint à "l'autre rive de l'océan des
traités" et, dans sa pratique, l'esprit parfaitement concentré, il
rencontra véritablement le seigneur du Dharma, Sakya Pandita, qui le
conseillait chaque fois qu'il avait un doute au sujet du sens d'un
enseignement.
Cet heureux disciple qui
paracheva l'étude et la pratique du Lamdré, fut Djamguen Ngawang Lépa. Il possédait,
dans cette incarnation, le rang de l'union de la vacuité et de la félicité.
Djamguen Ngawang Lépa avec
son propre disciple, Mahapandita Adjam Rinpoché, ainsi que le disciple de ce
dernier, tournèrent la Roue du Dharma dans leur monastère de Gatharlam Guenpa, "deuxième paradis des Bouddhas''.
Dans la région de Gava, il y
avait vingt-et-un monastères Ngorpas dont également Thoupten Guen, et Thrindir
Kalzang Guen.
D'autre part, dans le Kham et
l'Amdo, se trouvaient aussi de nombreux autres
monastères, Dzatchoukha, Tréhor, Nontchèn, Markham, Trayab, Lithang, Tarndo,
Yenrou, Minya, Niarong, Tsarong et Djiarong, etc..
Dans la région de l'Amdo Ngapa, se trouvait le monastère de Dhipheu
Tcheudjé, fondé par Tcheudra Zangpo et où fonctionnait un grand collège de
Sutras et deTantras, comprenant plus de mille moines. Autour de ce centre,
existaient cent huit monastères filiales.
Pour résumer, dans tout
l'ouest du Tibet, du Laddhak à l'Inde et au Népal,
de Ngari jusqu'à l'est et jusqu'à la Chine, fonctionnaient
plusieurs milliers de monastères Sakyapas.
En quoi la tradition Sakyapa
se distingue-t-elle
par ses qualités ?
Le Bouddha a dit :
"Nobles moines et
savants, ce n'est pas par respect pour moi que vous devez pratiquer ma doctrine semblable à l'or pur,
mais parce que vous l'avez parfaitement examinée."
De la même façon, les vénérés
fondateurs n'ont pas traité le Dharma des Sutras et Tantras
en simple marchandise à vendre à la multitude.
Tout d'abord, leur lignée
remonte au Bouddha et à Dorjé Tchang. Cette tradition de tous les
Sutras et Tantras fut diffusée par les grands
Panditas, de leur propre force, et par les grands maîtres de réalisation, et
elle fut méditée et mise en pratique.
Grâce au travail de traduction, d'explication, et d'enseignement, cette
tradition est bien semblable à l'or
purifié. Ses Lamas et Panditas ne se contentèrent pas de connaître un seul groupe de Soutras et
Tantras, mais ils mirent tous leurs efforts à réaliser l'ensemble de toutes les
traditions. Les nombreux disciples et tous ceux qui examinèrent ces
enseignements avec habileté, connurent que l'on ne peut en mesurer les limites.
Cette tradition devint un
grand trésor de Dharma de la doctrine parfaitement accomplie.
Son origine est authentique.
La pratique de la triple activité (vision, méditation, et action) y est
particulièrement éminente.
Les grands êtres et les
innombrables savants et sages, gardiens de cette lignée des précieux
fondateurs, furent comme l'arbre de
vie de la parfaite doctrine du Bouddha, qu'ils
embellirent de leur triple
activité (enseignement, argumentation,
et composition). Leur pratique était intense. Ils respectaient
dans tous les détails, les enseignements des trois Corbeilles
et la pratique dans les trois entraînements. Avec la composition de traités et
leurs compléments comme le Damssoum Rabyé de Sakya Pandita, ils firent la
distinction parfaite entre les trois sortes de vœux, entre les dharmas
justes et les faux dharmas.
Dans le traité Thoupé
Gongsal, (Pensée du Puissant), on explique en détail la pensée de base de tous
les Sutras et Tantras, ainsi que la nécessité des différentes règles. En expliquant d'abord les distinctions entre les
différents groupes d'enseignements, on peut les réunir tous ainsi dans une
seule pratique et saisir qu'aucune des doctrines n'est contradictoire.
Capables de concentrer le
sens de tous les grands traités dans une seule pratique (celle du Lamdré) et détenant les enseignements essentiels des
Sutras et des Tantras de façon authentique par la transmission d'une lignée
ininterrompue, les Sakyapas furent dignes de la foi, et de la confiance des
centaines de milliers de savants impartiaux qui voulurent bien examiner leur
doctrine.
C'est donc ainsi que se
distingue cette tradition.
La précieuse lignée orale du
Lamdré, munie des quatre caractéristiques se distingue particulièrement par le traité du Tantra et de l'enseignement
essentiel, et parce qu'il n'est nul besoin de chercher ailleurs dans d'autres
Tantras, un sens qui n'existerait pas dans le Lamdré.
Si l'on se familiarise avec
l'enseignement du Lamdré, on s'aperçoit de la profondeur du Tantra et de la
lignée. Si on le pratique, on s'aperçoit que, même parmi les autres
enseignements profonds, il est difficile d'en trouver dont la voie vers l'éveil soit aussi complète.
C'est ainsi que, si l'on sait
pratiquer dans l'indifférenciation de la base, de la voie et du fruit, tous les
sens profonds des Sutras et Tantras deviennent en un instant compréhensibles.
On devient capable de transformer les fautes en vertus et les obstacles en
pouvoirs.
Par la vertu de l'obtention
des bons présages intérieurs, on obtient la
certitude d'une connaissance dans tous les enseignements du Lamdré.
L'essentiel semblable à sa
vie même, de la pratique du possesseur des trois
vœux, dépend du respect des vœux essentiels et des engagements pris. En
examinant le fait de prendre les quatre consécrations aux quatre périodes de
méditation de la voie munie des quatre lignées orales dont la continuité du
fleuve de l'initiation, etc., on s'aperçoit de son éminence.
Les savants et les sages de
toutes écoles ont coutume de dire, au sujet de la tradition Sakya, que, grâce à
la récitation journalière et continue de l'abrégé de la voie (Saddhana résumée
de Guépadorjé) les Sakyapas se protègent contre les
quatorze fautes racines et, s'en trouvant libérés, peuvent alors réaliser la
bouddhéité en seize existences au plus.
Donc, cette tradition se
distingue par ses grands bienfaits, et son risque moindre (absence du risque
d'être souillé par les quatorze fautes racines).
C'est ainsi que les grands
sages du passé, quels que soient les signes de réalisation
qui survenaient en eux, les tenaient secrets.
Tout ce qui a été dit ci‑dessus,
peut être tenu pour véridique. Quant au sens du mot Sakya,
le vénéré Trapa Djialtsen a dit :
''Terre Blanche, semblable à
la face d'un lion, vénérée Sakya semblable au
corps d'un lion, là sont réalisés tous les désirs des six sortes d'êtres et là
réside le vénéré seigneur Dorjé Tchang".
C'est ainsi que le nom du
lieu servit aussi à désigner les adeptes.